Journal C'est à Dire 160 - Novembre 2010

L E P O R T R A I T

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Chasseur de décors cinématographiques Propulsé dans le métier d’assistant-réalisateur depuis le tournage des Granges Brûlées, Pierre Jouille a désormais plus de 87 films à son actif. Dans l’œil du repéreur. Saugeais

intervenait également au service du Conseil régional de Franche-Comté avec lequel il a d’ailleurs conçu un guide des repérages. “Cet outil était mis à dis- position des producteurs et réalisateurs” , explique celui qui ne collabore plus du tout avec la Région. Il opère mainte- nant en direct avec les producteurs. Au rayon des bons moments, Pierre Jouille n’oublie pas Monsieur Batignole. Il s’est lié d’amitié avec Gérard Jugnot et Damien Jouillerot. Comme il s’occupe parfois des castings , beaucoup le sol- licitent pour des petits rôles. Le métier de régisseur d’extérieurs en Franche-Comté est-il aussi lucra- tif que les cachets d’acteurs ? Pierre Jouille qui exerce sous le statut d’intermittent du spectacle a parfois touché jusqu’à 250 euros par jour sur certains projets. Les anecdotes sont nombreuses. “J’étais régisseur sur un film de Lelouch tourné à Baume-les- Messieurs. On se retrouvait tous les midis à la cantine du tournage et un jour Jean Marais me demande poliment s’il peut s’attabler à côté de moi pour discuter de peinture et de sculpture.” Qui mieux que Pierre Jouille pouvait trouver les sites et les énigmes juras- siennes à proposer aux candidats de la Carte au Trésor ? Il a participé à trois des quatre émissions tournées en Franche-Comté. Le Haut-Doubs sait- elle valoriser son image ? Toujours inté- ressant d’avoir l’avis d’un chasseur de décors sur la question. “On sous-esti- me certains atouts du Haut-Doubs avec des sites exceptionnels comme Le Lar- mont, le Mont d’Or, les lacs, la Loue, le Saut du Doubs. On devrait à mon sens davantage mettre l’accent sur cet- te proximité. Les médaillés olympiques sur les affiches, ça commence à dater” pense-t-il… F.C.

A ssistant-réalisateur, repéreur ou régisseur d’extérieurs, ces trois expressions désignent la même fonction.Àsavoirtoutcequi gra- vite autourdesdécorsdefilms:delarecherche des sites adéquats aux demandes d’autorisation de tournage avec ou sans la gestion des castings . Pierre Jouille n’imaginait guère qu’un jour travailler ainsi dans le 7 ème art. Rien n’aurait pu se faire sans Pierre Bichet. “C’était mon maître à penser. Il m’a mis le pied à l’étrier” , n’oublie pas de rappeler Pierre Jouille qui a bien connu le peintre pontissalien. Beaucoup de passions les rapprochaient : cinéma, montagne jurassienne, photo- graphie… Quand Bichet recrute des “sherpas pontissaliens” pour l’accompagner sur les tournages de documentaires avec Haroun Tazieff, Pierre Jouille fait partie du voyage. Commencée en 1968, l’aventure volca- nique se poursuit jusqu’en 1983. Le temps d’assimiler par exemple les bases du cadrage photographique qui lui seront fort utiles par la suite. Pierre Jouille amorce véritablement sa car- rière avec le film Les Granges Brûlées en 1973 pour lequel il a réalisé tous les

repérages. “Le chef opérateur avait du mal à trouver les décors extérieurs, notamment la ferme. Je connaissais bien Xavier Cattet, le voisin de mes parents qui était aussi berger à la ferme des Miroirs. Par son intermédiaire, on a pu entrer en contact avec les propriétaires qui ont donné le feu vert pour le tour- nage.”

Que ce serait-il passé s’il n’avait pas eu la chance de connaître le berger providentiel ? Pierre ne parle pas de chance mais de rendez-vous à ne pas manquer.

Pierre Jouille devant la ferme des Miroirs qu’il avait repérée pour le film des Granges Brûlées

Servir de chauffeur à Jeanne Moreau.

exemple, le régisseur d’extérieurs pon- tissalien garde surtout en mémoire le fait d’avoir côtoyé sur ces repérages le chef décorateur Alexandre Trauner et le directeur de la photographie Hen- ri Alekan. “On ne pouvait guère rêver mieux pour démarrer.” Contrairement aux apparences, le ciné- ma laisse peu de place à l’approximation. “C’est une affaire qui coûte trop cher pour qu’on se trompe. C’est pendant les repérages qu’on effectue les modalités pour obtenir toutes les autorisations auprès des propriétaires, des collectivi- tés…” , poursuit Pierre qui intervient du Ballon d’Alsace au Crêt de Chalam à l’extrême sud de la Franche-Comté. Sa connaissance du massif jurassien, il la cultive depuis sa jeunesse. Long-

temps propriétaire d’un gîte du côté des Gras, il s’est beaucoup investi dans l’accueil des marcheurs sur la Gran- de Traversée du Jura par exemple. Il fut l’un des premiers à s’impliquer dans la création d’un réseau d’hébergeurs axés sur la randonnée itinérante. Le dispositif existe toujours sous la déno- mination Jura Randonnée. Additionnées les unes aux autres, toutes ces expériences lui permettent d’étoffer un précieux réseau d’amis. Pierre comp- te aujourd’hui 87 “repérages” à son actif dont 15 n’ont pas abouti à la réalisa- tion du film escompté. Manque de moyens financiers, transfert du tour- nage dans une autre région, les raisons de ces abandons sont diverses et variées. Pierre a travaillé pour les Suisses. Il

Il ne s’est pas lancé dans ce métier pour l’appât du gain. C’est d’abord un amou- reux du cinéma. Assez logiquement, il a participé aux activités du ciné-club Jacques Becker de Pontarlier. “Les ren- contres cinématographiques m’ont ser- vi de tremplin. Quand Joseph Losey est venu présenter son œuvre à Pontar- lier, on l’a promené dans la région.” Bon- ne pioche, car Pierre sans le savoir venait de décrocher son second grand film à décorer à partir de paysages juras- siens. À savoir la Truite (1982) avec notamment Isabelle Huppert, Jean- Pierre Cassel et Jeanne Moreau. Plus encore que le privilège de servir de chauffeur à Jeanne Moreau par

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