Journal C'est à dire 243 - Mai 2018

D O S S I E R

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Maisons-du-Bois-Lièvremont Le sanglier qui sort du trail Venu au trail par hasard, Kevin Dornier partage aujourd’hui son existence entre le team espoir Doubs Terre de Trail dont il est le capitaine et le bûcheronnage qu’il pra- tique hors saison en levant des sangles pour alimenter la filière mont d’or.

L’ancien cuisinier a choisi de se reconvertir

dans le levage des sangles à mont d’or, une activité qui lui laisse plus de temps pour s’entraîner et poursuivre une prometteuse carrière dans le trail (photo Y. Jeudy - Sosuitephoto- graphie).

A près la victoire et le record chronométrique établi sur l’épreuve des 30 km du Trail du Roc de la Lune disputé le 29 avril du côté de Montpellier, le trai- leur sauget débute sa saison sur de très bonnes bases. Un mois plus tôt sur le très relevé Trail du Ventoux, il décrochait une très honorable 32 ème place sur 46 km. De quoi mesurer l’écart qui le sépare encore des tout meilleurs. Dernièrement, il a connu un petit coup de mou au Trail des Forts lors d’une édition parti- culièrement froide et humide. Engagé sur l’épreuve reine des 48 km, il a malheureusement été victime d’une hypothermie au 39 ème km. “Le staff a pré- féré m’arrêter. Du coup, je devrai disputer une autre manche qua- lificative pour les championnats de France de trail court. Je serai le 3 juin au départ du 36 km de la Transju trail” , explique celui qui après ce contretemps a rac- “E n quatre ans, on a organisé vingt stages. Le nombre de participants varie entre 18 et 20. Il en vient de toute la France, de Belgique et de Suisse” , explique l’auber- giste bien Patrick Bohard organise dans son auberge qu’il tient en couple des stages inten- sifs à destination des trai- leurs prêts à disputer des ultra-trails. Du travail de pro.

courci ses ambitions nationales en passant du long au court. À 23 ans, le jeune champion sau- get a encore le temps de s’illus- trer. C’est d’ailleurs la philoso- phie même de ce team espoir que de ne pas “griller” les jeunes athlètes bénéficiant aujourd’hui d’un encadrement sur mesu-

niste et d’un staff médical com- plet avec médecin du sport, kiné, podologue et psychologue. Sans oublier le travail de coordina- tion géré par le manager Sébas- tien Jouanneau et son adjoint Jérémie Chapuis. “Tous les 15 jours, on reçoit notre program- me d’entraînement avec un compte rendu du coa- ch sur les séances enre- gistrées précédemment. On se retrouve aussi une fois par semaine à Besançon ou Pontar- lier avec le préparateur phy- sique.” Intégré depuis deux ans et demi dans ce groupe, Kevin Dornier mesure les progrès réalisés. Plus léger, plus musclé, il avale les côtes avec délectation et appré- cie d’évoluer dans un cadre lui permettant d’être en forme au bon moment. Il s’entraîne 4 à 6 fois par semaine avec l’objec- tif de participer à une dizaine de courses sur sa saison. S’il a toujours apprécié courir,

re. Kevin Dornier est l’aîné, le seul pour l’ins- tant à s’aligner au départ de trails longs dont la distance varie entre 30 et 60 km. Les

“Il faut que cela reste du plaisir.”

rien ne le prédestinait à s’orien- ter puis à s’investir dans le trail avec autant d’assiduité. Cuisi- nier de formation, il travaillait à l’hôtel-restaurant du Saugeais à Ville-du-Pont. “Entre deux ser- vices, j’allais courir pour me défouler jusqu’au jour où l’on m’a suggéré de participer au Trail du Saugeais.” Sans repè- re, il s’inscrit sur l’épreuve de 33 km qu’il remporte haut la main. Sa performance ne pas- se pas inaperçue et l’un des orga- nisateurs, Christophe Perrey, lui propose d’intégrer le team Velorun. De trail en trail, il démontre un gros potentiel, lui

ouvrant très vite les portes du team espoir Doubs Terre de Trail. Conséquence, il préfère se retirer des fourneaux pour une reconversion dans le bûche- ronnage. “En restauration, on est souvent pris le week-end et c’est incompatible avec les courses de trail. C’est plus faci- le pour moi d’être bûcheron et surtout sanglier” , indique celui qui a appris le métier auprès de son père installé lui aussi à son compte dans l’exploita- tion forestière. Pourquoi les sangles ? Moins éprouvante phy- siquement que l’abattage, cet- te activité présente un carac-

tère saisonnier qui correspond assez bien au calendrier des trails, en tout cas au sien. “Je m’y consacre à fond à partir du 15 août, soit après mes princi- paux objectifs de course. Nos sangles sont livrées à la fro- magerie des Jarrons.” Sans vouloir tirer des plans sur la comète, Kevin Dornier ne se fixe néanmoins pas de limi- te pour aller le plus haut pos- sible en trail. “Il y a très peu de traileurs qui vivent uniquement de cette passion. Pour moi, il faut avant tout que cela reste du plaisir.” n F.C.

quatre autres, à savoir Dylan Ribeiro, Doryan Boillon, Gaël- le Invernizzi et Camille Cuche- rousset, s’alignent sur du trail court, soit entre 15 et 30 km. Outre un gros soutien matériel avec chaussures, tenues et acces- soires, chaque membre a droit à son programme d’entraîne- ment individuel dispensé par Pascal Balducci. La prise en charge inclut aussi l’interven- tion d’un préparateur physique, d’une diététicienne-nutrition-

Villers-le-Lac Des stages de préparation

Commerce Le grand boom du V.T.T.

trail qui font le plein

à assistance électrique

Le domaine de l’ultra- endurance.

connu dans le monde de l’ul- tra-perfor- mance pour

Les participants viennent de toute la France, de Belgique et de Suisse.

ses exploits réalisés en baskets ou à ski. Gage de crédibilité et surtout un réseau de connais- sances qu’il sait mobiliser pour proposer des stages de haute

le Bohard est aussi mise à contribution, Virginie l’épouse assure l’intendance et Manon la fille nutritionniste de métier intervient auprès des stagiaires. “On parle d’entraînement, de préparation physique et men- tale mais aussi et surtout de san- té. L’ultra-trail est un sport très exigeant qui impose une gestion de paramètres en termes de fatigue et nutrition qu’on retrou- ve chez les navigateurs habitués aux longues traversées en soli- taire. On rentre dans le domai- ne de l’ultra-endurance” , explique Pascal Balducci qui en dehors des stages entraîne une base de 25 athlètes dont les cinq espoirs du team Doubs Terre de Trail. Le monde est petit. Sans faire trop de pub, les stages de l’Auberge sur la Roche se remplissent très facilement. Le bouche-à-oreille suffit. “On en fait 6 à 8 chaque année, au prin- temps et à l’automne. Ils durent trois ou quatre jours” , précise Patrick Bohard. n

volée. Exemple avec Pascal Balducci, entraîneur professionnel spé- cialisé dans le trail. La famil-

“La vente de V.T.T. à assistance électrique représente 50 % du chiffre d’affaires”, confie Stéphane Meuterlos, le gérant de Velorun.

Cette technologie révolutionne, on peut le dire, la pratique du V.T.T. désormais beaucoup plus acces- sible. Le point avec le magasin Velorun de Morteau.

compagner son conjoint ou sa conjointe. Le principe des vases communicants finit par l’em- porter et chacun se retrouve à égalité. Si les premiers modèles lais- saient parfois à désirer en termes de poids et d’autonomie, les choses ont bien évolué. “Aujourd’hui, on peut parcourir

C abré en pleine montée sur sa monture tout suspendu, le vététis- te aguerri par des heures d’entraînement à rouler sur les pistes les plus difficiles du massif éprouve un certain choc en se faisant doubler par un senior pas sportif pour un sou mais qui le laisse sur pla- ce sans produire le moindre effort. Eh oui, il faudra s’y habi- tuer, les spots V.T.T. les plus ardus du Haut-Doubs sont maintenant à la portée de tous. Stéphane Meuterlos, le gérant de Velorun confirme. “On peut parler de phénomène de socié- té. On l’observe depuis quatre

ans au magasin. Cette année, les ventes de V.T.T. à assistan- ce électrique représenteront 50 % du chiffre d’affaires. On parle bien d’assistance électrique, ce

qui suppose de faire quand même un effort. L’assistance se coupe au- delà de 25 km/h. Si on veut se mettre dans le rouge, c’est possible.”

jusqu’à 140 km en ter- rain très favorable. Dans une utilisation norma- le, on arrive en moyen- ne à 80 km d’autonomie avec une charge de bat-

“C’est un phénomène de société.”

Ce nouveau produit conquiert un large public, pas seulement des seniors. Les sportifs aussi s’y mettent. Une fois qu’on y a goûté, difficile de se remettre à la version à énergie musculai- re. Cela permet, par exemple, au non sportif du couple d’ac-

terie” , précise le professionnel. Comptez un budget de 3 500 euros pour un V.T.T. tout suspendu à assistance électrique de bonne facture. Il y a moins cher bien sûr, mais la qualité n’est pas forcément au rendez- vous. n

“Le trail est un milieu accidentogène par l’excès de charge de travail, la surconsommation de courses et le manque de pré- paration. Très souvent, les gens ne prennent pas le temps de récupérer. C’est tout l’objectif de ses stages axés sur la prépa- ration, la nutrition. On y apprend à atteindre ses objectifs tout en préservant sa santé. Tout le monde peut faire du trail sous réserve de respecter le principe de la progressivité” , explique Pascal Balducci, entraîneur professionnel. n

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