La Presse Pontissalienne 237 - Juillet 2019

HAUT-DOUBS

La Presse Pontissalienne n°237 - Juillet 2019

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ARCHÉOLOGIE Fouilles aux Gravilliers Le village oublié sous Pontarlier Les premiers résultats des fouilles préventives menées par l’I.N.R.A.P. dans la future zone d’activité des Gravilliers révèlent l’existence d’un village mérovingien ainsi qu’une occupation mésolithique qui livre les plus anciens indices d’installation humaine connus à Pontarlier.

Q uand l’économie va, tout va. Le dynamisme actuel de la capitale du Haut-Doubs contribue éga- lement à clarifier certains pans de l’histoire pontissalienne. Sans amé- nagement de zone, pas de fouilles pré- ventives. Le chantier archéologique d’envergure réalisé par l’I.N.R.A.P. (Institut national de recherches archéo- logiques préventives) depuis novembre dernier aux Gravilliers a mis à jour la fondation d’un village au cours de l’époque mérovingienne et une occu- pation qui aurait perduré au-delà.

ou des structures de stockage. “On trouve des tombes associées à certaines maisons, sans que l’on puisse encore expliquer leur présence sachant qu’il y a plus au nord le cimetière du village qui abrite 700 tombes”, poursuit l’ar- chéologue. La nécropole en question s’étend sur 1 hectare et correspond à la zone qui n’est pour l’instant ni fouillée ni aménagée, le Grand Pontarlier refu- sant de prendre à sa charge le coût des fouilles qui s’élèverait à plus de 2 mil- lions d’euros. Tous ces éléments avaient déjà été diagnostiqués en 2011 et 2015 lors des premières fouilles du site. Le chantier en cours a révélé l’existence d’un ossuaire de bœufs qui s’étale sur 500m 2 . “C’était la boucherie de l’époque. On élevait déjà des bovins, ce qui semble assez logique dans cette zone monta- gneuse. C’est pour l’instant le seul indice d’activité économique. On est en train d’effectuer des analyses sur des graines carbonisées pour savoir s’ils cultivaient des céréales.” Étonnant paradoxe de trouver cet ossuaire à quelques hectomètres de l’abattoir du Haut-Doubs. Il faudra donc attendre l’exploration de la totalité du terrain pour comprendre plus fine-

“C’est assez exceptionnel d’avoir un site de cette époque entièrement conservé” , indique l’archéologue Michiel Gazeen-

bek, responsable scien- tifique des fouilles menées aux Gravilliers. Il s’agit avant tout de traces de poteaux, témoins d’anciens édi- fices domestiques et agri- coles mais aussi des fosses et des fonds de cabanes pouvant être des annexes de l’habitat

Ils ont retrouvé un ossuaire de bœufs.

“C’est très rare de retrouver un village mérovingien au complet. On est là sur un site assez exceptionnel, d’intérêt national”, confie l’archéologue Michiel Gazeenbek (en orange), responsable scientifique de la fouille des Gravilliers.

Nos ancêtres chasseurs- cueilleurs mangeaient aussi de la viande bovine comme en

ment le développement et l’organisation de cet habitat, de sa fondation à son abandon. Les habitants de ce village mérovingien allaient s’approvisionner en eau dans une source toujours active aujourd’hui. D’autres archéologues de l’I.N.R.A.P. fouillent le site d’occupation mésoli- thique témoin du passage de popula- tions nomades, derniers représentants des chasseurs-cueilleurs d’Europe de l’ouest. “On a retrouvé des éclats de

silex utilisés pour confectionner des armatures de flèches” , indique Chris- tophe Bontemps. Ces éléments micro- lithiques sont caractéristiques duméso- lithique et datent l’occupation entre 9 600 et 6 000 avant notre ère. Les chasseurs-cueilleurs séjournent temporairement dans le Haut-Doubs pour quelques semaines ou plusieurs mois. Ils vivent sous tente, taillaient des silex, mangeaient de l’aurochs. n F.C.

témoigne cette dent d’aurochs.

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