La Presse Pontissalienne 237 - Juillet 2019

La Presse Pontissalienne n°237 - Juillet 2019 7

l Ornans En cours de restauration L’atelier de Courbet, une future résidence d’artistes Contraint à l’exil après la

Commune, le peintre comtois qui ne se réinstallera jamais dans son dernier atelier, y est aujourd’hui de retour sous la forme d’un portrait signé Yan Pei-Ming.

Yan Pei-Ming a trouvé dans cet atelier un espace propice à la création.

L’ enfant du pays a repris sa place. Un grand portrait (de 120 sur 150 cm), réalisé d’après un cliché pris avant sa mort à 58 ans, trône dans son atelier, marquant symboliquement sa présence. L’artiste Yan Pei-Ming a souhaité lui rendre cet hommage lors de sa rési- dence. Un volet de l’exposition qui le fait dia- loguer avec le peintre comtois (lire par ailleurs) se trouve présenté au sein même de l’atelier. Le portait de Courbet côtoie sur place un autoportrait de l’ar- tiste français d’origine chinoise, lui aussi âgé de 58 ans, ainsi que deux autres œuvres. Pour les découvrir, le visiteur sera donc invité à y pénétrer. Situé non loin du musée, l’atelier est resté fermé durant

plusieurs années. D’extérieur, le bâti- ment se montre plutôt ordinaire. C’est en fait une ancienne fonderie que Cour- bet a achetée en 1860 et qu’il a fait aménager, après avoir nourri un pre- mier projet de construction en entrée de ville. Avant cela, le peintre était contraint de travailler dans le grenier aménagé de lamaison des grands-parents mater- nels, étroit et mal éclairé, si bien qu’il trouvait souvent refuge chez Marcel Ordinaire à Maisières. Ce nouveau lieu lui offrira un cadre adéquat pour sa peinture de 1860 jusqu’à son exil en Suisse. Il sera pillé par l’armée prus- sienne en 1871. Puis, sa sœur, Juliette, y entreprendra la construction d’une extension après son décès pour exposer les œuvres de son frère, et l’édifice sera

Yan Pei-Ming était le tout premier à l’investir. Il y a trouvé un espace propice à la création, quasiment resté en l’état depuis 1873 avec des peintures murales de Courbet comme ces hirondelles et deux paysages. Après une première intervention sur le plancher, il reste encore beaucoup à faire pour restaurer l’ensemble. Pour l’heure et jusqu’à la fin de l’exposition, plusieurs visites y seront organisées chaque jour (sur réservation obligatoire au musée). n S.G.

finalement racheté quelques années plus tard par un négociant en vin, Casi- mir Marguier. Une ancienne activité commerciale dont on retrouve encore aujourd’hui la marque sur la façade. Le Département du Doubs, qui avait racheté l’atelier aux descendants en 2008, vient d’acquérir à son tour la maison attenante. “Une réflexion est en cours pour définir l’usage des lieux” , précise Jean-Pierre Breuillot, architecte départemental. “L’une des orientations est l’aménagement en résidence d’ar- tistes.”

Gustave Courbet vécut et travailla dans cet atelier de 1860 jusqu’à son exil en Suisse en 1873.

l Patrimoine Ornans célèbre son peintre Un chemin pour l’histoire Début juin, la Ville d’Ornans a inauguré un sentier mémoriel, menant du musée Courbet jusqu’à la tombe du peintre. Le président de la République a souhaité lui-même le découvrir lors de sa venue le jour du bicentenaire.

L a visite s’est faite en délé- gation restreinte, ajoutée à la découverte présiden- tielle du musée Courbet et de

nement. “Nous avons conçu ce tracé en reconnaissance à Gus- tave Courbet et à son attache- ment à Ornans” , explique le maire, Sylvain Ducret. “On sou- haitait que ce bicentenaire ne soit pas une fin en soi, mais une continuité dans le rayonnement de Courbet. Ce sentier restera dans le temps.” La Ville n’a pas hésité à investir 190 000 euros dans le projet. Aussi bien adressé aux habi- tants d’Ornans qu’aux touristes, le parcours débute du musée, place Robert-Fernier, et longe une partie de la cour d’école pour rejoindre l’avenue duMaré- chal Juin, non loin du cimetière où le cercueil de Courbet ne sera accueilli que 42 ans après son décès en Suisse en 1877. Cer- tains y trouveront l’occasion rêvée d’un pèlerinage sur sa tombe, reconnaissable grâce à un rocher brut entouré de

son atelier, comme un hommage rendu à la mémoire du peintre. C’est d’ailleurs précisément dans ce but qu’a été créé ce chemi-

Emmanuel Macron qui a parcouru le cheminement Courbet lors de sa visite le 10 juin dernier (photo F. Grosperrin).

chaînes noires. “Les deux sites sont séparés de 300 m à vol d’oiseau mais le par- cours inclut une petite ascension d’escaliers à l’ombre des arbres. Pour en faciliter l’accès, nous avons donc créé un parvis avec un banc à mi-chemin” , précise

le maire. Celui-ci a été dédié à Gaston Delestre, cheville ouvrière de l’institut Courbet. Tandis qu’un peu plus haut a été sculptée une œuvre monu- mentale par un autre artiste ornanais : Gustave Lafond. Les admirateurs de Courbet recon-

naîtront sans difficulté le célèbre tableau de “l’Enterrement à Ornans”, que l’artiste a choisi ici de réinterpréter. Une belle idée, tout comme ce chemine- ment au grand air que Courbet aurait typiquement apprécié. n S.G.

Le président de la République aurait particulièrement apprécié la sculpture de Gustave Lafond.

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