PEPS MARS

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UNCADEAUDEMARIAGEIDYLLIQUE Peuavant dedébarquer àPorquerolles, on remarqueà coupsûr unebellemaison ocreaux volets turquoise (5), dont lesmarchesdescendent aubordde l’eau. C’est ici que vivait LéliaFournier-LeBer, lapetite- lledeFrançois-JosephFournier. Cet ingénieur belge eut unparcours rocambolesque : après avoir participéà la constructiondu canal de Panama, il t fortuneauMexiqueenexploitant desminesd’or et d’argent. Richissime, il acheta l’îledePorquerolles en 1912, qu’il o rit à sa jeuneépousée. Enentrepreneur ambitieux, Fournier relança la vigne, plantaà tout-va (agrumes, eucalyptus, pinsparasols…), développa lemaraîchageet l’élevage. Porquerollesdevint ainsi l’unedesplusgrosses propriétés viticolesdudépartement. L’homme traçaencoredes routes, installauneusine électrique et undispensaire, mit enplaceune lignedebateauxpour relier l’îleau continent. Organisée commeunphalanstère familial, Porquerolles était presqueautonome. Le domainedéclinaà lamort deFournier, en 1935. En 1971, l’État acquit les troisquartsdes terrespour ouvrir l’îleaux vacanciers tout en laprotégeant des consortiums touristiques.

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3_ Un rouget pris dans les lets duBoucanier, le bateau de Martine et Jean-Paul Costes. 4 et 5_ Sam le pêcheur est venu aider Martine et Jean- Paul Costes à trier la pêche du matin. Le couple s’est lancé dans la pêche professionnelle depuis bientôt cinq ans.

1_ Pas lamoindre voiture ne vient gêner un repas sur l’une des terrasses de la rue de la Ferme : à Porquerolles, la circulation automobile est interdite. 2_ Construit au début duXVIII e siècle, lemoulin a été restauré en 2007.

Repentance, dans les hauteurs de l’île, évoqueunmonastère du mont Athos – un morceau de Grèce dominant un pay - sage de vignes et de pins parasols. De l’autre côté des ver- gers de la plaine se cache un ermite d’un autre genre. Che- veux poivre et sel ramenés en chignon, boucles d’oreilles de pirate, Emmanuel Rapenne est le gardien de phare de Por- querolles. Plus d’unquart de siècle qu’il astique les cuivres et l’optique du phare du capd’Arme, au sudde l’île. Perché à 84 mètres au-dessusduniveaude lamer, lequinquagénaireas- siste à la fureur des eaux ( « Des creux de 11 mètres ! » ), compte « les coups de canon tirés par lesmilitaires sur l’île du Levant » , observe les dauphins, « une cinquantaine l’autre jour, rien que pour moi » . Ce bouddhiste adepte du yoga et de l’apnée se dit heureux : « L’isolement de Porquerolles me convient. Je n’aime pas la vie d’en face. Ce phare est parfait pourméditer. » Depuis le phare, Porquerollesmontre un pro l quasi breton : une côte rocheuse découpée, un paysage de falaises bat- tues par les vagues. Lamer écume contre le rocher de l’Ilote, s’engou re dans des calanques étroites, comme celle de l’Oustaou de Diou. On rejoint ces criques de poche par des sentiers caillouteux, mangés par la végétation. Les vélos ne passent plus sur ces terrains accidentés. Même sans l’aide du parc national, Porquerolles sait se préserver.

genre râleur. Lapêcheest restéeunplaisir pour cenavigateur qui a goûté à la compétition de haut niveau aux côtés d’Éric Tabarly. Olivier de Kersauzon est un ami, et Pierre English un compagnon d’infortune. « Lors d’une transat en double, nous avons fait naufrage en mer d’Irlande par des creux de 17 mètres. Un cargo nous a récupérés ! C’est la voile qui m’a amené à la pêche. L’horizon et lamer restent lesmêmes, mais dans la pêche, il y a la chasse en plus. » Des falaises battues par les vagues Dans la baie du Langoustier, à l’ouest de l’île, deux forts se toisent dans un décor sauvage de maquis et de pins. « Por- querolles est bardée de forts. L’un d’eux était occupé jusqu’à l’été dernier par un ermite orthodoxe, le père Séraphin. Avec sa barbe, on aurait dit Raspoutine ! » , sourit Sam. Le fort de la

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