Exemple de flipbook Territoire d'entrepreneurs

« LES PACHO »

Une lignée qui a du nez

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© Eric Soudan

© Eric Soudan

I ci, on surnomme les Borde « les Patcho», en référence au «patche», le « tope dans la main» qui marque la conclusion d’une affaire sur les foires. Après le grand- père et le père, le fils incarne la troisième génération. Entrepreneur dans l’âme, Alain s’invitait déjà dans les coulisses de l’entreprise à quatre ans. Plus grand, il apprend chaque été une nouvelle facette du métier pour financer sa première moto. Les responsabilités viennent après des études de commerce à Bordeaux et une formation aux techniques de conservation à Paris. Tenace, il a reçu en héritage la passion du champignon. « J’aime sentir le produit. Mon nez est mon outil le plus précieux. J’ai reçu ce don de mon père et de mon grand-père. Je peux reconnaître la provenance d’une morille à son parfum. » L’homme sait aussi humer l’air du temps. Le retour en force du «made in France» n’est pas pour déplaire à celui qui rêve d’un retour aux sources : travailler à nouveau des produits locaux.

La Maison Borde prend le virage de la grande distribution. Monoprix compte parmi les pre- miers clients. Et l’est toujours. DES DESTINS LIÉS Borde a toujours été un employeur de poids, le deuxième actuellement à Saugues avec 55 col- laborateurs, 65 en haute saison. Des liens forts se sont tissés au fil du siècle avec de nombreuses familles du village. Certains se souviennent des bonbons qu’Alexandre ne manquait jamais de distribuer lorsqu’il passait dans les ateliers. Au départ, la main-d’œuvre, abondante, était majo- ritairement féminine. Les effectifs se sont mas- culinisés avec l’automatisation des process qui requérait des compétences plus techniques. « Quand je suis entrée comme secrétaire à 19 ans, la polyvalence était de mise, raconte Martine Cubizolles, 36 ans d’ancienneté. Le père d’Alain et son épouse cumulaient toutes les fonctions. Puis ils ont recruté un directeur commercial dont je suis devenue l’assistante. J’ai vu naître l’atelier surgelés, le service qualité, j’ai vécu la révolution informatique, la construction de la nouvelle usine et la mise en place du nouvel ERP  (1) . Cette entreprise est en mouvement permanent. On s’adapte avec elle. Elle grandit en gardant son caractère familial, humain, respectueux des gens. C’est comme une seconde famille. » Les liens sont tout aussi étroits avec la commune. L’en- treprise a par exemple participé au financement de la nouvelle station d’épuration couverte et se mobilise aujourd’hui pour dynamiser le com- merce et soutenir l’emploi local.

les pays de l’Est, puis en Chine, au Chili et jusqu’au Canada. Dans de nombreux pays, il a été le pionnier du ramassage de champignons. Les Espagnols pensaient que les cèpes étaient du poison », se souvient Alain. Dans les années 70, l’Auvergne se dépeuple, le coût du travail aug- mente. Les champignons importés requièrent moins de manipulations. De discontinue, l’ac- tivité devient continue. Parallèlement Gérard crée l’outil industriel ; il automatise progressi- vement le conditionnement et fait appel à une main-d’œuvre moins nombreuse. Le matériel, conçu pour s’adapter à un produit fragile, ne cesse de se perfectionner. Secs, en conserve, les champignons sont aussi proposés en surgelés.

1996 Construction d’une nouvelle usine, toujours à Saugues. 2003 Borde est la première entreprise de son secteur à obtenir les certifications qualité BRC (British Retail Consortium) et IFS (International Food Standard). 2008 Lancement de l’activité surgelés.

TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LOIRE HAUTE-LOIRE - #03 - PREMIER SEMESTRE 2016

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