Journal C'est à Dire 169 - Septembre 2011

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V A L D E M O R T E A U

Les hommes du Néolithique livrent leurs secrets Alors que le musée de Pon- tarlier s’apprête à dévoiler sa nouvelle salle d’archéologie - le 13 octobre, l’archéologue originaire de Morteau Christophe Cupillard en dit plus sur les décou- vertes faites à Villers-le-Lac d’anciens campements pré- historiques. Histoire

C’ est à dire : Le musée de Pontarlier s’apprête à dévoiler au public ses collections d’archéologie. On y verra notamment des outils décou- verts au bord du Doubs à Vil- lers-le-Lac. Quelle est l’histoire de ces découvertes ? Christophe Cupillard : Les premières fouilles effectuées à Villers-le-Lac sont anciennes puisqu’elles ont été effectuées entre 1926 et 1933 par un doua- nier de Morteau féru d’archéologie, Louis Chapuis. Il s’agissait alors des toutes pre- mières fouilles préhistoriques à avoir été menées dans la haute vallée du Doubs. Bien plus tard, j’ai retrouvé ces collections chez les descendants de Louis Cha- puis qui ont accepté d’en léguer une partie. Ce sont ces objets notamment que l’on pourra voir au musée. Plus tard, dans les années quatre-vingt-dix, j’ai pro-

Les outils préhistoriques trouvés à Villers-le-Lac seront exposés dans les salles réaménagées du musée de Pontarlier dès le 13 octobre.

cédé à de nouvelles fouilles qui m’ont permis de trouver encore de nombreux objets, qui seront eux aussi exposés.

y ont été trouvés datent, pour les plus anciens, de 6 000 avant J.-C., et de 1500 à 1600 avant J.-C. pour les plus récents. Pour

lamelles, de pointes de flèches et d’ossements d’animaux chas- sés, surtout du cerf et du san- glier. Concernant le Néolithique, il s’agit de haches polies, d’outils en pierre et de céramiques (frag- ments de récipients). D’autres découvertes avaient été faites un peu plus loin au lieu-dit “l’Abri des Prés Mourey” au moment où la déviation de Vil- lers-le-Lac avait été aménagée. Càd : Quel est l’intérêt scien- tifique de ces fouilles ?

C.P. : Il est indéniable : on a pu grâce à ces fouilles déterminer précisément les dates d’occupation de la haute val- lée du Doubs. Car on a souvent considéré que cette région d’altitude était un désert inha- bité et froid. Or, il n’en était rien. Mieux : on a retrouvé des traces d’occupation humaine remon- tant à 12 000 avant J.-C. dans une grotte proche de La Chaux-

de-Fonds. C’est la raison pour laquelle j’ai intitulé la confé- rence que je donne à Pontarlier le 3 octobre “La haute Vallée du Doubs entre 13 000 et 2 200 av. J.-C. : des derniers chasseurs de rennes aux premiers agricul- teurs.” On sait que le renne était présent dans le Jura et qu’il a disparu en 12 400 avant J.-C.

les plus anciens, on est dans la période des chasseurs-cueilleurs, puis il y a des objets datant du Néolithique, l’époque des premiers agriculteurs (entre 4

Càd : Quelle est la nature de ces trou- vailles ? C.P. : Plusieurs sites préhistoriques ont été découverts, notamment

Au lieu-dit “l’Abri de la Roche aux pêcheurs”.

au bord du lac de Chaillexon au lieu-dit “l’Abri de la Roche aux pêcheurs”, un abri-sous-roche bien orienté Sud. Les objets qui

000 et 2 500 avant J.-C.), jus- qu’à l’âge du bronze. Il s’agissait pour l’essentiel d’outils en pier- re et de lames en silex, de

Propos recueillis par J.-F.H.

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