Journal C'est à Dire 169 - Septembre 2011

D O S S I E R

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L’expansion grâce à la Suisse Charmauvillers, village frontière De Meurthe-et-Moselle, de la Marne ou du Nord-Pas-de-Calais. Rencontre avec ces expatriés qui ont débarqué à Charmauvillers, joli village surplombant le Doubs. Bretons, Normands, Ch’tis, Parisiens, on vient de partout en France tenter sa chan- ce en Suisse. Certains sont là depuis plus de 20 ans, d’autres viennent tout juste d’arriver. En faisant abstraction des “mercenaires” en mission, ils repartent rarement, sauf coup de blues ou crise économique. Quand on a goûté aux salaires fronta- liers, difficile de s’en passer, surtout au moment où le franc suisse atteint des som- mets. L’autre critère de fixation durable réside dans la qualité de vie propre au Haut-Doubs. Verdure, tranquillité, paysages, beaucoup succombent aux charmes de la montagne jurassienne. Ces frontaliers venus d’ailleurs participent aussi au renou- vellement démographique et culturel de toute une région. Le dossier du mois. CES FRONTALIERS VENUS D’AILLEURS

Sa réussite a incité sa sœur et son beau-frère à faire de même. Dernière arrivée en date avec son mari et sa fille Léana (2 ans), Émeline Henriot prend ses marques à Charmauvillers depuis le début de l’été. “On s’y sent bien, les gens sont très ouverts” dit-elle. Venue de Briey en Meurthe-et-Moselle, elle tra- vaille dans une usine helvète à Sonceboz comme la grande majorité des habitants du Pla- teau. Il y a encore trois mois, elle ne connaissait rien de la vie du frontalier. “J’ai appris que des entreprises recherchaient de la main-d’œuvre grâce à une annon- ce dans le journal. J’ai postulé

et j’ai été prise mais je ne croyais pas trop au salaire. Lorsque je suis arrivée, j’ai demandé pour- quoi c’était aussi bien payé (rires). Je ne comprenais pas trop” avoue la jeune femme.Avec sa fille dans les bras, la jeune maman ne regrette donc pas cette nouvel- le vie. Tout juste espère-t-elle ne pas “prendre l’accent franc-com- tois” … Charmauvillers espère ne pas devenir village-dortoir. “Le main- tien de l’école est fondamental” rappelle l’édile, tout heureux de constater que des “expatriés” s’impliquent dans la vie locale. “L’immigration” a du bon. E.Ch.

C harmauvillers. Sa mai- rie au centre du village, sa fruitière, son église, son entreprise d’horlogerie, ses cinq exploitations

agricoles… et ses frontaliers. Ici et bien plus qu’ailleurs, le bourg a explosé (248 habitants) avec l’arrivée des frontaliers venus chercher un meilleur

salaire. Sur quinze maisons récemment construites dans le lotissement situé en haut du village, onze abritent au moins un frontalier. Et tout a l’air de

bien fonctionner : “Surtout, nous avons maintenu notre école (2 classes et 39 élèves)” déclare le maire Jean-Marc Burgat, qui n’est pas frontalier mais tra- ducteur. En majorité, ces expa- triés viennent du Nord-Est de la France, de la Région Cham- pagne-Ardenne (Marne et Hau- te-Marne). C’est le cas de Katia A., qui a tout plaqué avec son mari pour un meilleur salaire.

Émeline, son mari, et sa fille, sont arrivés le 1 er juillet à Charmauvillers en provenance de Lorraine. Elle travaille à Sonceboz.

10 % de frontaliers en plus en un an Les cantons de l’Arc Jurassien (Jura, Vaud et Neuchâtel) enregistrent une nette aug- mentation de la main-d’œuvre frontalière entre 2010 et 2011. La Suisse recrute alors que la situation de sa monnaie devrait défavoriser son économie tournée vers l’export. Statistiques

E ssentiellement tournée vers l’export, l’économie suisse devrait pâtir de l’appréciationde samon- naie par rapport à l’euro.Or, dans le canton de Neuchâtel par exemple, tous les indicateurs sont au vert tant pour l’industrie hor- logère que pour l’industrie bio- médicale. Ce sont deux secteurs qui recrutent. La bonne santé de l’économie helvétique se lit dans l’augmentation du nombre de frontaliers. Selon l’Observatoire

Statistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien (O.S.T.A.J.), il a progressé de 10 % entre juin 2010 et juin 2011 sur les cantons du Jura, de Neuchâ-

tistique précise encore que la hausse du nombre de tra- vailleurs frontaliers est d’au moins 8 % dans chaque can- ton de l’Arc jurassien. “Le

tel et de Vaud. “Au deuxième trimestre 2011, 36 150 fronta- liers occupent un emploi dans les can-

nombre de frontaliers progresse plus forte- ment dans le secteur tertiaire (+11 % par rapport à la même

Principalement le secteur tertiaire.

tons de l’Arc Jurassien suisse. Soit une progression trimestrielle de 3 % : + 1 025 frontaliers entre mars et juin 2011” indique l’O.S.T.A.J. L’Observatoire Sta-

période l’année dernière), par- ticulièrement dans les services économiques (+ 26 %) et dans la santé et les activités sociales (+ 10 %).”

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