Journal C'est à Dire 169 - Septembre 2011

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D O S S I E R

Frontaliers : la filière aux chapeaux ronds Quand Denis Ronsin débarque dans le Haut-Doubs en 1988, c’est prévu pour trois semaines. Le séjour s’est prolongé. Sans regret, même si l’odeur de la galette bretonne lui manque parfois. Mr BALABA VOYANT MÉDIUM COMPÉTENT 28 ANS D'EXPÉRIENCE, DONS SURPRENANTS ET PUISSANTS LA SOLUTION À TOUS VOS PROBLÈMES MÊME LES PLUS DÉSESPÉRÉS Spécialiste du retour immédiat de l’être aimé ou qui vous est cher, Amour perdu, Affection Fidélité, Chance, Travail, Examen, Désenvoûtement, Protection, Mauvais sorts. Résultats garantis sous 3 jours - déplacement possible - Discrétion assurée Paiements selon vos moyens. reçoit 7j/7 de 9h à 20h à BESANÇON Tél. 03 81 65 19 74 / 06 09 40 21 69 Intervient dans Exploitations Agricoles, commerces et entreprises en difficultés ... La double culture

Montlebon Pionnier des frontaliers Lionel Goven a quitté Rennes en 1989 pour l’eldorado suisse. Il a été un des premiers à intégrer le groupe pharmaceutique Johnson et Johnson qui compte aujourd’hui 1 200 salariés.

D ans un coin de son cœur, il a gardé une place à sa Bretagne natale. Normal donc que Lio- nel Goven ait supporté Rennes, son équipe de football préférée,

le Haut-Doubs, il s’est “bien inté- gré” dit-il. La recette pour y par- venir, selon lui, “est de partici- per à la vie associative.” À 49 ans, il réside aujourd’hui à Montlebon avec sa femme et

pas repartir sur leur terre d’origine : “Sans doute passe- rons-nous notre retraite ici. L’éloignement demeure toutefois difficile surtout au moment où j’ai perdu mon papa” concède Lionel. La sociologie des frontaliers, il admet que celle-ci a évolué : “Les jeunes frontaliers ont la belle vie… Nous n’avions pas d’aussi belles voitures à nos débuts (rires) et la première chose que nous sommes achetés avec ma femme, c’était un lave-vaisselle !” Chez les Goven, la galette bretonne se marie donc à merveille à la saucisse de Morteau. E.Ch.

Johnson. Aujourd’hui, nous sommes plus de 1 200…” Avant d’en arriver jusque-là, il ignorait tout de la vie fron- talière et de l’eldorado helvé- tique. Ce sont des amis mor- tuaciens, côtoyés sur les plages de l’Ouest de la France, qui lui ont dit de tenter sa chance ici. “Sans eux, ma femme et moi n’en serions pas là. On leur doit tout car nous étions au S.M.I.C. Et il y avait peu de travail dans notre région, ils nous ont aidés dans nos démarches. Nous sommes restés amis depuis” déclare l’habitant de Montlebon. Leur vie, les Goven l’ont écrite dans le Haut-Doubs. Ils n’imaginent - pour le moment -

plutôt que Sochaux le 21 septembre dernier. Pour l’anecdote, les Ren- nais ont atomisé les Sochaliens (victoire 6-2) au stadeAuguste-Bonal. “C’est le moment où mes

ses deux enfants âgés de 20 et 17 ans. Il a construit sa demeure sur les hau- teurs du Val et travaille toujours en Suisse, pour le groupe pharmaceutique Johnson et Johnson. Lio-

“Première paye : un lave- vaisselle.”

nel fut d’ailleurs un des premiers salariés à intégrer cette société “Je suis arrivé là-bas en 1992 après avoir eu quelques jobs d’abord chez Klaus au Locle puis dans une usine de vêtement. Nous étions une petite dizaine chez

potes du foot de Morteau me chambrent” s’amuse ce fronta- lier arrivé il y a 22 ans dans le Haut-Doubs. Pour le coup, Lio- nel va rendre la pareille à ses amis footeux en les taquinant. Arrivé le 10 novembre 1989 dans

Lionel Goven, originaire de Rennes, fut un des premiers “expatriés” arrivés dans le Haut-Doubs. C’était il y a 22 ans.

L e courant passe toujours bien entre les Bretons, les gens du Nord et les mon- tagnons du Haut-Doubs. Sim- plicité, authenticité, attachement au pays, les valeurs sont simi- laires. Originaire lui aussi de la région de Rennes, Denis Ron- sin n’était pas le premier àmettre le cap sur la Franche-Comté. Un autre gars du pays l’avait pré-

ce en 1989, “descend” dans la plaine lémanique pour entrer dans l’industrie du papier com- me rectifieur. Poste qu’il occu- pe toujours. Une fois stabilisé, Denis Ron- sin “rapatrie” Catherine son épouse qui le rejoint en 1991. Elle aussi débute dans l’hôtellerie d’abord dans le Haut- Doubs puis dans la vallée de

cédé : l’abbé Charles Gri- maud. Ce prêtre officiait sur la paroisse de Chaux- Neuve. L’hiver, il orga- nisait au foyer communal des classes de neige à des-

Joux. Toujours cette his- toire de certificat de rési- dence. Elle est mainte- nant secrétaire dans une entreprise horlogère. “On s’était donné trois ans

Le plus dur, c’est de rester.

tination des petits Montfortais. “Sans l’abbé Grimaud, je ne serais peut-être pas là. Au départ, j’étais venu pour trois semaines, le temps de conduire les cars entre Montfort-sur-Meu et Chaux-Neuve” , indique Denis Ronsin qui avait alors 24 ans. Sans contrainte familiale, il choi- sit finalement de poser son balu- chon et cherche un emploi en Suisse dans la vallée de Joux. “J’ai commencé dans l’hôtellerie. À l’époque, il fallait un certifi- cat de résidence pour pouvoir être frontalier.” Il change de pla-

pour voir si cette nouvelle vie nous convenait. On est toujours là, 20 ans plus tard” , sourit Catherine. “ Quand on annonce à la famil- le ou à nos amis bretons qu’il fait - 30 °C, personne ne nous croit. Ils n’en reviennent tou- jours pas” ajoute-t-elle. Ques- tion climat, tout nous oppose. À les écouter, on sent qu’ils sont restés Bretons de cœur. Ils conti- nuent à cuisiner les spécialités bretonnes. Denis a toujours le drapeau breton, au cas où… F.C.

Denis et Catherine Ronsin, les parents, sont nés en Bretagne, Line et Aloïs, leurs enfants, ont vu le jour dans le Haut-Doubs.

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