Journal C'est à Dire 169 - Septembre 2011

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D O S S I E R

Recrutement Les agences intérim prospectent de plus en plus loin

Le recrutement bat son plein sur le marché fron- talier. Les entreprises et les agences intérimaires se décarcassent pour trouver la main-d’œuvre qualifiée qui fait tant défaut.

resse n’affecte pas seulement les ressources en eau. Les gise- ments de main-d’œuvre quali- fiée en micromécanique, agroa- limentaire et bâtiment sont presque taris dans le Haut- Doubs et en Franche-Comté. “On pourrait aussi ajouter le problème des chômeurs fron- taliers qui prennent du bon temps en touchant de belles indemnités. Quand on les solli- cite, ils ne viennent pas forcé-

ment en courant” , observe Mic- kaël Simon. Le directeur d’e- job.com l’agence de travail tem- poraire et fixe dont le siège est basé au Locle pointe du doigt les failles d’un système d’indemnisation où se com- plaisent quelques tire-au-flanc. Certains débordent d’imagination à l’exemple de cet

mando est très variable. Avec les frais induits en annonces et en personnel mobilisé, diffici- le d’envisager le retour sur inves- tissement. La méthode réserve parfois de belles surprises. À Nevers, l’équipe d’e-job.com avait réussi par exemple à recruter une dizaine de régleurs-méca- niciens. “Là, on a fait un beau

recrutement frontalier. Mickaël Simon estime que “30 % des offres au minimum sont insa- tisfaites.” La part des frontaliers étran- gers à la Franche-Comté avoi- sinerait selon lui 20 %. Si quelques-uns retournent dans leur région, beaucoup s’installent assez durablement. Tout com- me l’outil de formation suisse ne peut pas suivre le mouve- ment, le marché immobilier côté France peine à répondre à cet afflux. Les cours s’envolent. “Cet- te pression immobilière incite aussi les ménages du Haut- Doubs à aller travailler en Suis- se. On voit des fonctionnaires qui n’hésitent pas à démission- ner. C’est parfois la seule alter- native à l’accession à la pro- priété.” Faute de trouver son bonheur dans l’hexagone fran- çais, e-job.com se positionne à l’international. L’agence com- munique en Italie et en Alle- magne. Tous les pays fronta- liers sont invités au festin suis- se.

S igne des temps, les lec- teurs de la Voix du Nord à Lille ont aussi droit à des offres d’emploi en uisse publiées par les entre- prises ou les agences d’intérim.

Les professionnels du recrute- ment utilisent tous les supports de communication : quotidiens, journaux professionnels sans oublier les annonces en lignes et les sites spécialisés. La séche-

ouvrier qualifié en mécanique inscrit au chômage comme dresseur de chevaux de cirque. Pas ques- tion de généraliser ce

mandat. Précisons qu’il s’agissait de chô- meurs. Quand on leur annonce les salaires auxquels ils peuvent prétendre en

30 % des offres au minimum sont insatisfaites.

type de comportement à l’ensemble des frontaliers au chômage. Le rayon d’action de ces agences de placement s’élargit. Les méthodes de recrutement sont aussi plus ciblées. “On organi- se des week-ends recrutement à l’extérieur de la bande fronta- lière sur le pays de Montbéliard, en Haute-Saône dans les Vosges” , poursuit Mickaël Simon. Le directeur reconnaît que l’efficacité de ces opérations com-

Suisse, ça fait tilt dans leur regard.” L’origine des candidats dépend des campagnes de pros- pection. Actuellement beaucoup de candidats frontaliers pro- viendraient du Nord et de la Côte-d’Or. “Auparavant, ils venaient plutôt de Meuse et de Moselle.” Impossible de savoir avec précision l’ampleur de ces vagues qui n’apparaissent dans aucune source statistique. Il res- te encore une belle marge de manœuvre sur le marché du

École d’horlogerie Fougères : le gisement délocalisé de frontaliers L’école d’horlogerie de Fougères en Bretagne forme chaque année une dou- zaine d’horlogers rhabilleurs dont la moitié au moins ira travailler en Suisse.

“Actuellement, la part des frontaliers étrangers à la Franche-Comté avoisinerait 20 %”, estime Mickaël Simon le directeur de l’agence suisse e-job.com.

À ceux qui s’étonnent ou se moquent de l’existence d’une école d’horlogerie au cœur de la Bretagne, Thierry Autret le responsable de cette formation rétorque : “Les Suisses ont bien une mari- ne sans mer et en plus ils ont gagné la Coupe de l’America…” Trève de plaisanterie, cette éco- le d’horlogerie gérée par la C.C.I. de Fougères a été mise en pla- ce en 2002. Elle s’adresse à un public de demandeurs d’emploi et salariés en reconversion pro- fessionnelle. Ingénieurs, universitaires, arti- sans, la diversité est de mise com- me dans les provenances géo- graphiques. Quand on s’engage sur cette voie, c’est d’abord par passion. La moyenne d’âge avoi-

sine la trentaine. L’école de Fou- gères forme en deux ans des hor-

qui suit. La moitié en France dans les S.A.V. de boutiques ou chez des fabricants. L’autre moi- tié, soit 5 à 6 personnes, part en Suisse. Ils exercent surtout dans les manufactures de la vallée de Joux ou à Genève. L’école reçoit d’ailleurs régulièrement des représentants d’entreprises fran- çaises et helvètes qui viennent recruter directement à la sour- ce. Les offres passent rarement au Pôle emploi. En général, la plu- part des expatriés en Suisse sont encore en poste dans ce pays même s’ils changent parfois d’employeur. “On ne tient pas à augmenter les effectifs car on veut préserver un enseignement de qualité, un bon taux de pla- cement. C’est un bon compromis financier et pédagogique” , conclut Thierry Autret.

logers rhabilleurs qui seront appelés à entre- tenir et réparer des montres de haute tech- nicité. Chaque année, deux promotions de 12

Tous les stagiaires trouvent un emploi.

à 13 élèves se côtoient. Au terme de leur cursus, les futurs horlogers passent deux diplômes : le Certificat de Qua- lification Professionnel de niveau III (Bac + 2) et le diplôme suis- se duWostep. Basé à Neuchâtel, le Wostep est un centre de for- mation qui fonctionne en parte- nariat pédagogique avec 16 écoles d’horlogerie dans le monde dont celle de Fougères. Le taux de réussite à l’un ou l’autre examen frôle les 100 %. Tous les stagiaires de Fougères trouvent un emploi dans l’année

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14 au 17 octobre 2011 J’habille ma maison

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Les deux promotions actuellement en formation à Fougère s’étaient réunies lors du passage des représentants de la manufacture Jaeger-LeCoultre au printemps dernier.

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