Journal C'est à Dire 169 - Septembre 2011

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F A I T S - D I V E R S

La prise d’otages en maternelle Lundi 13 décembre 2010, 8 h 30… LES GRANDS FAITS-DIVERS : QUE SONT DEVENUES LES VICTIMES ? Témoignages Tout le monde a encore en mémoire la rocambolesque prise d’otages du 13 décembre

Un jeune homme de 17 ans pénètre dans la classe de maternelle de Nathalie Roffet. À l’issue d’une matinée interminable, la prise d’otages prend fin sans victime. L’institutrice a su éviter le pire.

Le rappel des faits I l est 8 h 30 ce lundi matin. Comme toutes les autres maternelles de Besançon, lʼécole Charles-Fourier fait sa rentrée. Pour les 21 élèves de petite section, ce ne sera pas un jour comme les autres. En même temps que les enfants, un jeune homme de 17 ans entre dans la classe, ordonne la fermeture des portes et lʼobturation des fenêtres. Armé de deux sabres, un sac au dos, il séquestre toute la classe. Après plus de quatre heures dʼangoisse, au moment de servir des repas aux bambins, les hommes du G.I.P.N. maîtrisent le forcené. Il nʼy aura ni victime ni blessé, mais ce jour-là restera gra- vé à jamais dans lʼesprit des familles, du per- sonnel enseignant et technique de lʼécole, et en premier lieu de la maîtresse qui par son sang- froid, a certainement contribué à éviter le pire. Nathalie Roffet, toujours discrète, a accepté de répondre aux questions de Cʼest à dire.

dernier dans une école maternelle de Besançon, qui a tenu en haleine une matinée entière la France entière. D’autres faits-divers ont marqué le public, notamment le martyr subi à Saint-Vit par la petite Kelly. Les protagonistes de ces deux affaires ont accepté de témoigner.

image de super-maîtresse, presque d’héroïne, mais je ne me reconnaissais pas du tout dans les super- latifs que les gens employaient à mon sujet. Càd : Quel regard portez-vous sur le jeune auteur de la prise d’otage qui devrait être jugé l’an prochain ? N.R. : Il s’est mis lui-même dans un truc de fou et il a été tout de suite dépassé par les événements. Je le voyais s’enfoncer au fil des minutes. J’ai presque de l’empathie pour ce jeune qui a commis quelque chose de grave. C’était très difficile de gérer ce gamin qui n’allait pas bien du tout. Il por- tait sur lui une telle détresse ! Je pensais aussi beaucoup à sa famille. En même temps, il ne fal- lait pas que j’engage une conversation avec lui. On a très peu parlé, mais il y a eu beaucoup de regards. Apparemment, ça l’a calmé.

C’ est à dire : Comment avez-vous géré cet- te matinée interminable ? On vous avait senti vraiment calme. Nathalie Roffet : Dans l’urgence, il est clair qu’il fallait avoir les épaules solides mais on est dans l’improvisation totale, on ne pense qu’aux gamins de la classe. À tel point qu’à aucun moment de la matinée je n’ai pensé à ma famille et à mes propres enfants. La priorité, c’étaient les gamins de la clas- se. En fin de matinée, quand j’ai vu les hommes du G.I.P.N. sur le toit de l’école, je me suis dit que ça prenait des proportions énormes alors que jus- qu’ici, nous étions complètement coupés de l’extérieur. J’ai alors beaucoup pensé aux familles de ces gamins. Une fois que tout a été fini, paradoxalement, c’est là que ça a été le plus compliqué à gérer. Càd : Pour vous ? N.R. : Oui parce que j’ai eu instantanément une

Càd : Quelle a été votre attitude avec les 21

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