La Presse Bisontine 137 - Novembre 2012
LE PORTRAIT
La Presse Bisontine n° 137 - Novembre 2012
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BESANÇON
Un artisan d’art Thomas Moulon, l’homme de fer Thomas Moulon s’est installé à Tarragnoz en tant que ferronnier d’art. Ses créations commencent à trouver
un écho très favorable à Besançon. Parcours
atypique pour un garçon attachant.
L e regard clair, la mèche blonde, une carrure de sportif et une taille imposante, Thomas Mou- lon a quelque chose duVicking. Une force à l’état brut qui ne deman- de qu’à s’exprimer. Longtemps, il l’a fait à travers le sport qu’il a pratiqué à outrance, à un certain niveau. Notam- ment la course à pied et le ski de fond. Aujourd’hui, c’est au travail du métal qu’il consacre sa force, et son talent. Il en fait sa profession depuis qu’il s’est installé au début de l’été, dans le sec- teur de Tarragnoz.Thomas Moulon est ferronnier d’art. “La Forge des arts” a ouvert ses portes à l’emplacement d’un ancien garage où naturellement l’odeur dumétal travaillé emplit l’atmosphère. Rien ne prédisposait pourtant ce tren- tenaire, Belfortain d’origine, à deve- nir artisan d’art. Le Bac Pro qu’il a passé en dessin industriel laissait certes supposer quelque appétence pour l’art, mais sans plus. C’est vers la fac de sport que s’est tourné le jeune homme après le lycée. L’enseignement n’étant visiblement pas son objectif premier, Thomas Moulon bifurque vite vers le C.R.E.P.S. de Pontarlier où il peut mieux exprimer ses aptitudes pour le sport, notamment le ski de fond où il s’adonne à la compétition. Le garçon athlétique en profite pour s’épanouir dans d’autres sports comme le kayak, le V.T.T. ou encore le tir à l’arc. Ses bre- vets d’Etat décrochés au C.R.E.P.S. lui permettent ensuite d’enseigner le ski de fond en tant que saisonnier dans le massif du Jura ou les ballons desVosges. L’été, il encadre des groupes dans une
Thomas Moulon a 34 ans. Son métier : ferronnier d’art.
base de loisirs. Le sport, aussi épanouissant que puis- se être cette activité sur le plan men- tal et physique, ne suffit pourtant pas à l’accomplissement de Thomas Mou- lon. Il sait qu’il est fait pour autre cho- se. “J’avais envie de faire autre chose que saisonnier toute ma vie. Je cher- chais un métier qui soit à mi-chemin entre l’art et l’artisanat. J’ai découvert la ferronnerie” indique Thomas. Il n’éhsite pas à traverser la France direc- tion le Sud-Ouest où il trouve deux maîtres d’apprentissage qui lui appren- dront le métier, l’un à Revel, l’autre à Castelnaudary. Huit mois intense au cours desquels il s’initie à cet exigeant métier hors du temps. “Le premier jour, on me confiait déjà le poste à souder. J’ai été directement plongé dans le métier. J’ai trouvé là-bas des gens ouverts qui aveint envie de diffuser leur savoir- faire.” Baptême du feu, donc, pour le futur ferronnier qui validera sa for- mation en huit mois.
Seulement, les emplois dans le mon- de de la ferronnerie, ça ne court plus les rues à notre époque. Sans emploi, Thomas Moulon s’est donc résolu à travailler auprès d’un menuisier de L’Hôpital-du-Grosbois. “Je gardais la main avec un peu d’activité métal com- me des escaliers par exemple.” Mais comme l’indépendance n’a pas de prix,
le faubourg Tarragnoz qu’il aperçoit un petit carton posé près du rideau de fer de cet ancien garage. Il repère ses actuels locaux. C’est là qu’il installe- ra en mai dernier la Forge des arts. Anonyme et encore inconnu dans le métier, Thomas Moulon profite du temps libre que lui laisse le démarra- ge de son activité pour réaliser des meubles en métal dont il fera sa vitri- ne. “J’ai la chance d’être installé en face d’une boulangerie qui tourne bien. Je me suis mis à travailler le rideau levé, c’est comme ça que j’ai commen- cé à me faire connaître.” Petit à petit les premières commandes de particu- liers arrivent et le bouche à oreille se met à fonctionner. Dans ses réalisations, Thomas Mou- lon s’inspire volontiers du style indus- triel, plutôt en vogue actuellement. Toutes ses créations sont des pièces uniques. “Au départ, tous mes clients étaient des particuliers. Je travaille de plus en plus avec les professionnels, les
commerçants” dit-il. Dernier exemple en date : la très belle devanture et les présentoirs en métal qu’il a créés pour un coiffeur situé à l’angle des rues Ber- sot et Proudhon. “Je fais de l’agencement de boutiques et je peux concevoir des aménagements chez les particuliers, à lamanière d’un décorateur” ajouteTho- mas Moulon qui est en passe de tro- quer son statut d’autoentrepreneur pour celui d’artisan à part entière. Sa passion est désormais sonmétier. “Tous les jours je me le dis un peu plus. Et des idées de créations, j’en ai cent à l’heure. Je n’aime pas la routine, je me lance toujours de nouveaux défis. C’est usant, mais c’est ça qui me stimule.” D’une barre de 6 mètres de long et d’une plaque en tôle, il en fait une magnifique étagère. Plan à l’échelle 1, découpe, soudure, il triture, tord et façonne le métal pour le faire vivre. Ici, tout est fait à la main. C’est de l’authentique. Comme ce garçon. J.-F.H.
Thomas Moulon a rapidement voulu voler de ses propres ailes. Deux ans plus tard, il prend le sta- tut d’autoentrepreneur dans une partie des locaux du menuisier, jusqu’à ce que dernier arrête son activité.Au pied du mur, “il a fal- lu que je trouve un local” raconte l’artisan. C’est en passant sur
“Je me lance toujours de nouveaux défis.”
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