Journal C'est à Dire 200 - Juin 2014

22

É C O N O M I E

Tourisme “Le massif du Jura talonne les Vosges et le Massif Central” Directeur du comité régional du tourisme depuis un an, Jean-Jacques Micoud a la - lourde - tâche de développer le tourisme franc-comtois qui ne représente qu’1,5 % des voyages des Français. Empilement des structures, campagnes de com- munications peu lisibles, défis à relever, le directeur n’élude aucune question. Il revient sur les retombées du label “Montagnes du Jura”.

C’ est à dire : Le comité régional du Tourisme (C.R.T.) de Franche-Comté dispose d’un budget de 3,5 millions euros financé à 78 %par la Région. Ce budget sert au fonction- nement, à la communication, aux formations. Malgré ces moyens importants, force est de constater qu’il peine à trou- ver sa place. Admettez-vous cette critique ? Jean-Jacques Micoud : C’est votre constat, pas le mien. L’idée, c’est d’être efficace. Il faut (re)formater notre mode de pen- sée dans le tourisme. Aujour- d’hui, il faut revoir par exem- ple les campagnes d’affichage avec du “4 par 3” ou les déplace- Chiffres-clés 3,5 millions de voyages en Franche-Comté, soit 1,5 % des voyages des Français (20 ème région) Jusquʼà 17 300 emplois salariés liés au tourisme (13 700 en moyenne sur lʼannée), soit 5,5 du P.I.B. régional 3,5 % de lʼemploi salarié total en Franche-Comté (15 ème rang) 670 millions dʼeuros dépen- sés par les touristes (en 2009). 36,50 euros de dépense en moyenne. Une durée moyenne de voyages de 4,4 jours. 256 000 lits touristiques. 200 lieux touristiques sont répertoriés. Le plus visité : La Citadelle (244 525 visiteurs en 2012), 151 480 pour le Dino- zoo, 115 269 pour la Saline royale. Plus de 81 000 lits dans les hébergements marchands, dont 43 % dans les campings, 20 % dans les meublés de tou- risme et 18 % en hôtellerie.

ments sur les salons. Ce genre de campagne, c’est terminé, même si dans certains cas, cela reste pertinent. Notre job, c’est le marketing. L’argent est cher et on ne peut plus se permet- tre d’arroser. On peut commu- niquer partout, mais il faut mieux concentrer les moyens et travailler sur des théma- tiques. Avec la marque “Mon- tagnes du Jura” par exemple, nous avons gagné 10 points de notoriété…Du coup, on talonne en terme de notoriété les Vos- travail de vos équipes au C.R.T. et la lisibilité des actions menées qui semblent parfois floues… J.-J.M. : C’est un métier de l’ombre mais qui est essentiel. Dans nos équipes, des person- nes travaillent sur l’ingénierie pour développer par exemple l’accueil vélo, d’autres créent le catalogue de formation, d’autres la labellisation, etc. C’est dif- ficile de mesurer les retombées mais c’est essentiel. Càd : On a l’impression que les offices de tourisme, les Comité départementaux et le C.R.T. se font concurrence. L’empilement des structures est-il un frein à la réussite ? J.-J.M. : Ni les comités départe- mentaux, ni les offices de Tourisme ni le C.R.T. ne se pren- nent les pieds dans le même tapis. Nous faisons les mêmes choses mais nous n’avons pas les mêmes cibles. Nous com- muniquons par exemple enAlle- magne, au Pays-Bas, en Suisse, ce que ne font pas les C.D.T. Pour la communication en région parisienne, nous le faisons de manière concertée. Là est notre valeur ajoutée. L’observation (études, retombées économiques) est le fait du C.R.T. Les offices de tourisme ont, eux, l’accueil physique dont ges et le Massif Cen- tral alors que l’on en était loin il y a peu. Càd : Vous n’avez pas répondu sur le

nous ne disposons pas. Chacun a son rôle, qui est rappelé par la loi de 1992. Càd : Comment faire pour convaincre le touriste de venir en Franche-Comté qui pointe seulement à la 20 ème destination touristique (sur 22 régions) en France ? Sur les réseaux sociaux ? J.-J.M. : Par exemple. Lorsque j’ai débuté mon job il y a 25 ans, on disait une personne satis- faite du séjour, ce sont 10 per- 100 000 voire 200 000. Tout va plus vite. Nous avons créé un club des ambassadeurs de per- sonnes qui aiment la Franche- Comté, qui en parlent sur leur blog. Elles le font gratuitement. Cela marche très bien. Les com- mentaires des blogueurs et des internautes sont très impor- tants : c’est un avis de con- sommateurs. Il y a des filtres également par pays. Un Alle- mand peut lire les commen- taires d’un touriste allemand. Nous travaillons d’ailleurs sur une norme A.F.N.O.R. afin de montrer que ces commentaires sont réels. Càd : Comment expliquer que notre région a connu une baisse de ses nuitées en 2013 (- 2,2 % après - 0,6 % en 2012), alors qu’à l’inverse en France, la fréquentation a progressé de 0,8 % sur un an ? J.-J.M. : Le printemps 2013 a été pourri et le tourisme reste totalement dépendant de la météo. La conjoncture économique ne nous a pas aidés. Nous travaillons d’ailleurs avec Météo France pour connaître les impacts de la météo sur le tourisme. Le frein de notre région est son manque d’image et de notoriété. Il faut rassur- er pour faire venir. Une fois que sonnes qui en enten- dent parler. Une mécontente, ce sont 20 qui sont au courant. Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, c’est

En bref…

les touristes sont venus, ils revi- ennent. Càd : Après un an, vous avez pris vos marques. Quels sont vos objectifs ? J.-J.M. : Le C.R.T. dispose d’une nouvelle politique depuis le vote du nouveau schéma régional qui s’étale sur une période de 5 ans. Un schéma comporte tou- jours 3 volets. Ils concernent la structuration de l’offre (aide à l’hébergement), un volet organ- isationnel, la mise en tourisme (promotion, commercialisation). Càd : De ces trois volets, lequel est le plus bancal en Franche-Comté ? J.-J.M. : Il est difficile de se comparer à un autre territoire. Nous sommes bons dans l’offre, la mise en tourisme. Sur les hébergements, il reste du travail à faire sur la quan- tité et la qualité avec des dis- positifs d’aide de la Région pour les campings. Càd : A-t-on pris du retard ? J.-J.M. : Oui. Il y a une évolu- tion des comportements des touristes. À nous de faire évoluer notre offre avec par exemple les yourtes, les bulles (il n’y en a quasiment pas en Franche- Comté), les cabanes sur l’eau. La demande des touristes s’exprime sous forme des 3 R : R comme rupture avec le tra- vail, R comme retrouvailles, R comme ressourcement. Càd : La Franche-Comté a- t-elle les moyens de les offrir ? J.-J.M. : Elle a parfaitement sa place. Les 3 R, ils étaient vrais il y a soixante ans mais main- tenant le touriste part moins souvent, moins longtemps, moins loin. Arrêtons de nous flageller et de complexer. Càd : Mais comment attirer de nouveaux touristes qui ne savent pas placer notre région sur une carte ? J.-J.M. : En tant que metteur en tourisme, il faut mettre en place ses 3 R pour arriver aux 3 E qui sont le E d’émotion, le E d’économie, le E d’équilibre et enfin un quatrième avec le E d’environnement. Chaque ter- ritoire a les ingrédients mais le point d’équilibre, c’est les hommes. Notre accueil est lié à notre histoire et une région qui n’est pas économiquement développée n’est touristique- ment pas développée. Le tourisme crée du lien social, il est contributeur du cadre de vie, il offre des retombées… En Franche-Comté, le tourisme n’était pas une priorité. Pour comparaison, l’activité touris-

tique représente ici la moitié de l’activité du département du Morbihan. Il y a néanmoins une prise de conscience. Il y a égale- ment des destinations de niche : on le voit avec la chapelle de Ronchamp qui attire de plus en plus de cars chinois. Càd : Pour autant, la com- munication de notre région à l’extérieur a semblé coû- teuse, parfois désastreuse, notamment avec l’Originale Franche-Comté. J.-J.M. : Cette communication est arrivée pour le lancement de la L.G.V. Elle nous a ouvert des portes dans les médias alle- mands par exemple et a généré 2 100 articles dans la presse, dont la moitié en Allemagne, une de nos cibles. Nous sommes dans un marché, une guerre commerciale. Il faut communi- quer pour “piquer” des clients potentiels qui sont souvent proches de chez nous. Càd : Vous faites donc con- currence à la Bourgogne, une région avec laquelle vous devrez bientôt fusionner. Qu’en est-il d’un futur regroupement avec le C.R.T. bourguignon ? J.-J.M. : Je rencontre fin juin mon homologue. Nous col- laborons déjà dans une action commune menée aux Pays-Bas avec la Bourgogne, la Lorraine, Champagne-Ardennes. Avec une seule ou deux régions, on ne déplacera pas la Citadelle de Besançon. S’il faut mutualis- er les moyens, nous le ferons. “L’homo-touristicus” se moque de savoir s’il est dans tel ou tel département. Mon job, c’est le faire venir et revenir. Càd : Parlez-nous du Haut- Doubs. Encore une fois, il semble que le label “Mon- tagne du Jura” brouille le message. Que rapporte-t-il ? J.-J.M. : Il n’y a aucune ambiguïté. Lorsque l’on va en Île-de-France, en Allemagne, en Belgique, on communique sur des angles d’attaque comme la première fois à la montagne, la découverte. Dans la ventilation de notre budget, seulement 35 % vont à l’hiver, le reste à l’été. Càd : Que manque-t-il à nos montagnes pour attirer davantage ? J.-J.M. : C’est la qualité et la quantité de l’hébergement. Il est plus facile de louer 12 mois à un frontalier. La grande ques- tion du tourisme, c’est la poule et l’œuf. La poule étant l’activité et l’œuf l’hébergement. Il faut trouver un équilibre. Propos recueillis par E.Ch.

Le Locle Rouvert ce printemps après trois ans de travaux, le Musée des beaux- arts du Locle poursuit dans un nou- veau souffle avec lʼouverture des premières expositions signées par sa nouvelle directrice, Nathalie Her- schdorfer. La présentation tout dʼabord des œuvres de François Berthoud, illustrateur de mode dʼorigine locloise à la renommée internationale. Mais aussi une car- te blanche à la H.E.A.D. Genève, qui inaugure ainsi un cycle dʼexpositions dédiées aux écoles dʼart en présentant les collections de diplôme de neuf étudiants du département Design Mode. Enfin, une exposition temporaire retraçant lʼhistoire des collections du musée dans une sélection minutieusement pensée dʼœuvres peintes. Ces expo- sitions ont lieu du 29 juin au 26 octobre. Renseignements au 00 41 32 933 89 50. Pont Le pont dʼArçon sur la R.D. 437 est entré dans sa seconde phase de restauration depuis le 10 juin. La réhabilitation des structures du pont entraîne un alternat de la circula- tion, pour une durée de 5 mois. La nature des travaux nécessite ponctuellement une fermeture com- plète du pont à la circulation, pen- dant environ deux heures en soi- rée (entre 19 heures et 21 heures). www.inforoutes25.fr pour une infor- mation en continu. Fournet-Blancheroche Depuis le 16 juin, dans le cadre du programme de réfection de son réseau structurant, le Département procède à des travaux sur une sec- tion de la R.D. 464 située sur la com- mune de Fournet-Blancheroche. Les travaux sʼétaleront sur trois mois. Pour ne pas pénaliser les usagers de cette route, notamment les fron- taliers, la coupure est effective quʼentre 8 heures et 16 h 30. La cir- culation est rétablie sur une seule voie (alternat réglementé par feux) pour les véhicules légers unique- ment, à partir de 16 h 30 et jusquʼau lendemain à 8 heures, ainsi que les week-ends et jours fériés. De 8 heures à 16 h 30, la route sera interdite à toute circulation. Les tra- vaux consisteront principalement à calibrer, assainir et renforcer la chaus- sée, stabiliser les accotements et renouveler la couche de roulement.

“Arrêtons de nous flageller et de complexer.”

Jean-Jacques Micoud, directeur du comité régional du tourisme en Franche-Comté.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online