Journal C'est à Dire 200 - Juin 2014

É C O N O M I E

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Enquête L’économie franc-comtoise décroche depuis dix ans Étude peu glorieuse pour la Franche-Comté que vient de rendre l’I.N.S.E.E. 20ème région sur 22 en terme de P.I.B., la croissance franc-comtoise a commencé à s’affaisser bien avant la crise de 2008. Léger mieux depuis 2013.

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

C’ est la Bourgogne qui va être contente à la lecture de cette étude que vient de présenter l’I.N.S.E.E. Franche-Comté… Les voisins francs-comtois ne seront sans doute pas la locomotive économique que les Bourguignons s’attendent peut-être à trouver dans la corbeille de la mariée à l’occasion de la fusion annoncée des deux régions. La Franche-Comté n’a en effet pas atten- du la crise mondiale de 2008 pour décro- cher. L’I.N.S.E.E. Franche-Comté a pas- 2002 où “la Franche-Comté décroche fran- chement. Notre région a eu entre 2002 et 2007 la croissance la plus faible de Fran- ce” analyse chiffres à l’appui Stéphane Adrover, chargé d’études à l’I.N.S.E.E. Franche-Comté. La croissance franc-com- toise est d’à peine 0,4 % en 2002 tandis que celle de la France atteint encore 1,8 %. La crise de 2008 ne fait qu’amplifier le phé- nomène pour notre région. À partir de cet- te année-là, la croissance française, mori- bonde, limite la casse avec un petit 0 % tandis que notre région plonge, affichant une croissance négative de - 1,1 % l’an avec des plongeons à - 2,8 % en 2008 et même - 3,8 % en 2009. “Le P.I.B. franc-comtois est revenu en 2011 au niveau du P.I.B. du début des années 2000 tandis que la sé au scanner l’évolution de l’économie franc-comtoise des vingt dernières années. Si notre région a évolué comme la Fran- ce métropolitaine entre 1993 et 2001, période de forte crois- sance, une rupture s’opère dès

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plus fortes baisses de l’emploi sont à déplo- rer dans l’industrie (- 2,9 %) et dans la construction (- 3,2 %). Seule éclaircie dans ce tableau gris : la situation de l’emploi frontalier qui continue à croître en 2013 avec une hausse de + 5,1 %, qui faisait déjà suite à une augmentation en 2012 et 2011 respectivement de + 7,9 % et + 112 %, por- tant le nombre de travailleurs fronta- liers francs-comtois à 30 000 fin 2013. Depuis cette même année 2013, “on obser- ve un ralentissement de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi” avance prudemment Patrick Pétour. Le taux de chômage est même “en léger recul” au cours des trois derniers trimestres 2013. Peu de secteurs sont épargnés par cette morosité de 2013 : l’agriculture qui a subi une météo capricieuse, l’automobile toujours qui subit toujours la construction du marché (40 600 véhicules ont été immatriculés dans la région en 2013, c’est 4,2 % de moins qu’en 2013) ou encore le tourisme qui a lui aus- si subi une baisse de fréquentation. Avec 3,3 millions de nuitées vendues en 2013 en Franche-Comté, la baisse de la fré- quentation dans les hôtels et campings se poursuit à un rythme plus soutenu qu'en 2012 (- 2,2 % après - 0,6 %), alors qu’à l’inverse en France, la fréquentation a pro- gressé de 0,8 % sur un an. La construction n’est pas mieux lotie : en matière de per- mis de construire et de vente de logements neufs, 2013 a été dans notre région l’année la plus difficile depuis dix ans. Autant de spécificités régionales dont la Franche- Comté se serait bien passée. J.-F.H.

France métropolitaine a retrouvé son niveau de P.I.B. d’avant-crise” ajoute le statisti- cien bisontin. Principale explication à ces mauvais résultats locaux : la crise du marché automobile français depuis dix ans, qui a eu des répercussions directes sur la Franche-Comté dont le secteur indus- triel représente encore 21,4 % de l’activité globale. L’effet de cette récession franc-comtoise rampante s’est évidemment répercuté sur l’emploi. “En 2012, on a constaté 6 000 pertes nettes d’emplois en Franche-Comté”

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illustre Patrick Pétour, le direc- teur régional de l’I.N.S.E.E. En 2011, l’emploi régional se situe ainsi à un niveau inférieur à celui de l’année 2000. En 2013, cette hémorragie a été ralen- tie avec une perte de 1 800

“6 000 pertes nettes d’emplois en 2012.”

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emplois. Le P.I.B. franc-comtois par habitant était de 24 400 euros en 2011. Sur ce seul indi- cateur, la Franche-Comté a reculé au 17 ème rang des régions françaises alors qu’elle était encore 12 ème en 1993. Les statisticiens de l’I.N.S.E.E. constatent tout de même un léger mieux sur le front de l’économie et de l’emploi depuis 2013 même si “cette économie régionale reste morose” résume Martine Azouguagh, autre chargé d’études à l’I.N.S.E.E. “La situa- tion de l’emploi est toujours orientée à la baisse, même si on a connu une atténua- tion grâce à un rebond de l’intérim de + 14,9 % qui a limité la baisse de l’emploi marchand à - 0,7 % en 2013, après une baisse de - 1,4 % en 2012” ajoute-t-elle. Les

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La construction au plus bas L’immobilier est un des secteurs d’activité qui a le plus souffert en Franche-Comté, et qui continue de souffrir.

Zoom L’emploi frontalier toujours en croissance

L e rythme de croissance de l’emploi frontalier s’est un peu tassé, mais il y a toujours plus de travailleurs pendulaires. La Franche-Comté compte 30 000 Francs-Comtois qui exer- cent leur activité en Suisse. Depuis la signature des accords de libre circulation des personnes (A.L.P.C.) en juin 2002, leur nombre a plus que doublé. Le

Doubs regroupe 73 % des fron- taliers comtois. Ces derniers rési- dent principalement dans les deux zones d’emploi de Morteau et de Pontarlier. Les cantons de Neuchâtel et de Vaud sont toujours les destinations prin- cipales des frontaliers comtois. Par rapport à la fin 2012, la région comptait 1 400 fronta- liers supplémentaires fin 2013 (+ 5,1 %). Après une année 2011

particulièrement dynamique (+ 12,7 %, soit 3 000 frontaliers supplémentaires par rapport à 2010), le rythme de progression s’est infléchi en 2012 (+ 7,9 %), puis de nouveau en 2013 (+ 5,1 %). Sur les 30 000 fron- taliers comtois, 11 600 tra- vaillent dans le canton de Vaud et 10 200 dans le canton de Neu- châtel. Le canton du Jura arri- ve en troisième position (5 700),

suivi du canton de Berne (1 400) et plus modestement de celui de Genève (650). Mais depuis dix ans, le nombre de fronta- liers comtois progresse régu- lièrement dans ce dernier can- ton.

10 200 frontaliers comtois travaillent dans le canton de Neuchâtel.

E n 2013, la délivrance de permis de construire a continué de diminuer pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2000. Cʼest également une année morose pour la vente de logements neufs. Dans le même temps, les stocks augmen- tent. Ils sont deux fois plus importants que le nombre de logements vendus. Toujours lʼan dernier, près de 5 300 logements ont été autorisés à la construction. Ce nombre de permis de construire a subi une sévère baisse de - 11,3 % par rapport à lʼannée pré- cédente. Pour les maisons individuelles, 3 400 permis ont été déli- vrés en 2013, cʼest le niveau le plus bas depuis 2000. La vente de logements neufs ne se porte pas mieux. Avec un peu moins de 700 transactions en 2013, cʼest un nouveau ralentis- sement par rapport à 2012 (- 8,5 %), après la dégringolade de - 39,2 % déjà constatée lʼannée précédente. Là encore, le niveau de vente est le plus bas atteint en Franche-Comté depuis 2001. Le nombre de maisons neuves vendues a chuté de 30,5 % alors que sur le plan national il est reparti à la hausse (+ 1,8 %). Le stock de logements invendus a progressé de 9,1 %, ce nombre est deux fois plus important que le nombre de ventes. Naturellement, dit lʼI.N.S.E.E., “la baisse des ventes de logements neufs et lʼaugmentation des stocks de logements invendus se répercu- tent en partie sur le nombre de constructions à venir.” Un néfas- te cercle vicieux. La vente de logements neufs a encore fléchi de - 8,5 % l’en dernier dans notre région.

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