Journal C'est à Dire 200 - Juin 2014

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Les votations en Suisse, comment ça marche ? Politique Achat d’avions de combat, installation d’éoliennes, salaire minimal, financement de l’avortement par le privé… sont autant de sujets sur les lesquels le citoyen suisse est régulièrement appelé à se pro- noncer. Auteur des “Institutions politiques en Suisse”, le Suisse Vin- cent Kucholl analyse le vote suisse… qui évolue avec le temps.

Vincent Kucholl, auteur du livre “Les Institutions politiques en Suisse”.

comme vous les Français l’avez fait lors des élections européennes. Chez nous, le vote du 9 février (sur l’initiative de l’U.D.C.) contre l’immigration de masse a remis en cause la libre cir- culation des personnes. Il pose aujour- d’hui des problèmes économiques, académiques, etc. Les Suisses disent aujourd’hui : “ah bon, je ne savais pas !” Les votations se transforment mal- heureusement en sondage. Càd : Néanmoins, les Suisses changent d’état d’esprit et ne votent plus contre leur intérêt…Expliquez- nous. V.K. : Quand on propose à un Suisse davantage de vacances, davantage de salaires, il refuse car il a tendance à se faire convaincre par les arguments de la droite qui dit que ce n’est pas moral d’avoir 5 semaines de vacances. Or, en 2009, l’initiative portée par un mouvement d’extrême droite (Démocrates suisses) pour faire du 1er août un jour férié non travaillé a été acceptée. Depuis 5 ans, les initia- tives sont de plus en plus acceptées. Il y en a eu 15 acceptées sur les 150 depuis leur introduction en 1851. Toutes l’ont été dernièrement comme l’expulsion des criminels étrangers ou l’interdiction à vie pour les pédophiles de travailler avec des enfants. Càd : Pensez-vous que les Helvètes sont attachés au fédéralisme ? V.K. : Oui, ils le sont.

E n Suisse, pays démocratique par excellence, les citoyens sont appelés à se prononcer sur le plan fédéral générale- ment quatre fois par année. Ils sont convoqués pour voter sur des initia- tives populaires, des référendums fac- ultatifs ou des référendums obliga- toires. Comme l’illustre si bien la car- icature parue dans le livre de Vincent Kucholl, auteur des “Institutions poli- tiques suisses” paru aux éditions L.E.P.,

C’est à dire : Au minimum, les Suiss- es se rendent quatre fois par an aux urnes. Qu’en est-il du taux d’abstention ? V.K. : Effectivement, ils peuvent être amenés à se prononcer sur le plan fédéral, sur les initiatives populaires, mais aussi au niveau du canton et de la commune. Par exemple, à Lau- sanne, les habitants ont dû se pronon- cer sur la construction d’une tour de 20 étages dans la ville. Suite à ce si l’on peut voter par correspondance. Il est au-delà de 50 à 60 %. Dans un canton (Schaffhouse), l’abstention est amendable (3 francs suisses) d’où son taux plus faible (30 %). Càd : Les initiatives populaires ont- elles toutes le même impact socié- tal ? V.K. : Non. Celle qui arrive (“stop à la T.V.A. discriminatoire pour les restau- rants”) ne devrait pas animer les débats car elle est un peu corporatiste mais l’autre, celle concernant l’assurance- référendum, les habitants de Lausanne ont refusé. Cela a passionné les gens. En revanche, le taux d’abstention élevé s’explique par la redon- dance des scrutins, même

“Le fédéralisme, quand ça ne va pas…” dit un homme, “c’est la faute de Berne” répond un autre. Hautement démocratique, le système des votations peut s’avérer un frein. Entretien avec l’auteur.

“La votation devient parfois un sondage.”

La Presse Pontissalienne : Votre ouvrage conçu sous la forme d’un aide- mémoire est devenu un best-seller. Il propose un panorama complet et accessible des institutions politiques de la Suisse. Pourquoi avoir choisi ce thème ? Les Suisses connaissent- ils mal leur fonctionnement politique ? Vincent Kucholl : Disons qu’ils con- naissent aussi bien leur système poli- tique que les Français connaissent le leur. Mais le système politique suisse est bien plus compliqué.

maladie (3ème tentative pour créer une caisse maladie unique pour l’assurance-maladie obligatoire, le financement de cette caisse devant être assuré par des primes calculées en fonc- tion de la capacité économique des assurés) devrait faire couler beaucoup

plus d’encre.

Càd : Parfois, les votations ne sont- elles pas un frein à la démocratie ? V.K. : La démocratie peut devenir l’ennemi de la démocratie. Le peuple vote sans saisir toutes les conséquences

Propos recueillis par E.Ch.

Le bateau à vapeur “Le Neuchâtel” renaît Après près d’un demi-siècle d’inaction, “Le Neu- châtel” vogue à nouveau. Ce bateau à vapeur, joyau du patrimoine suisse, a été restauré par des pas- sionnés. Sa première année d’exploitation a débu- té en mai et se poursuit jusqu’au 28 septembre. Il peut transporter jusqu’à 300 passagers. Tourisme

tiques et dimensions que les pièces d’origine. Grâce à un mécène passionné de vieilles mécaniques, Trivapor devient propriétaire de la machine. Il faut alors établir un projet tech- nique pour mener à bien un tel ouvrage. Après l’approbation des plans par l’Office fédéral des transports et de la décou- verte, le bateau est mis en sèche le 16 octobre 2010. Le finance- ment est assuré par le même mécène qui avait permis l’achat de la machine, l’Office fédéral de la culture, les cantons de Neuchâtel et Vaud et quelque 4 000 membres et donateurs. Après trois ans de travaux, “Le Neuchâtel” est remis à l’eau

L a vapeur sortant de la cheminée est à nouveau visible sur les bords du lac de Neuchâtel. Et le coup de sirène retentissant à la sortie du canal de la Broye résonne lui aussi. Depuis le 24 mai, “Le Neuchâtel” navigue à nouveau. Un événement. Lancé en 1912, ce bateau à vapeur a vogué jusqu’en 1968 sur “Les Trois-Lacs” (Neuchâ- tel, Bienne, Morat). Il avait dis- paru des écrans radars : la société qui l’exploitait n’avait pas souhaité remplacer la chaudière dans un bateau qu’elle jugeait trop vétuste. Il a donc fallu attendre que des pas-

sionnés se réunissent pour engager la rénovation de ce joy- au du patrimoine neuchâtelois. C’était en 1999.

L’association Trivapor a acheté ce bateau et l’a entièrement remon- té. Plusieurs privés, communes et cantons

le 14 août 2013. Le 18 septembre, après 45 ans d’inaction, il nav- igue. Remis à la société de

Un mécène permet l’achat.

ont financé l’opération qui a coûté 12 millions de francs suiss- es (9,8 millions d’euros). En 2004, le comité apprend qu’une machine à vapeur de 1926 est à vendre à Rotterdam. Un expert est dépêché sur place. Miracle : l’engin a les mêmes caractéris-

navigation sur les lacs de Neuchâtel et Morat (L.N.M.), il fonctionne du jeudi au dimanche (sur des itinéraires différents) jusqu’au 28 septembre. Tous les dimanches de juillet, il est pos- sible de déjeuner sur cette embarcation de renom.

Renseignements : www.navig.ch

Le Neuchâtel, bateau à vapeur restauré, conduit les touristes depuis le 24 mai.

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