La Presse Pontissalienne 238 - Aout 2018

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n°238 - Août 2019

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L ’ h u m e u r

FORÊT

Les conséquences des maladies et de la sécheresse Pour ne pas perdre trop d’argent, Pontarlier reporte ses coupes de bois Épargnées jusque-là, les forêts situées au-dessus de 800 mètres d’altitude dépérissent, le cours du résineux plonge. Pontarlier annule la coupe de 3 000 m 3 prévue. C’est environ 70 000 euros de recettes en moins au prochain budget.

5 000 euros

dans le vent

L a technocratie française dans toute sa splendeur. Sur demande de l’État qui répond à une directive euro- péenne, Pontarlier a dû

lier”. L’étude a coûté 5 000 euros à la Ville, payée à un cabinet privé. Elle s’en serait bien pas- sée. Pour apprendre quoi ? Pas grand-chose si ce n’est la mise en place d’une politique de sta- tionnement “plus restrictive.” L’étude n’est autre qu’un copié- collé d’un précédent travail. Certaines oreilles vont siffler. l

présenter un “Plan de Prévention du bruit dans l’environne- ment sur la com- mune de Pontar-

“C’est le modèle économique des communes qui est remis en question”

P résident des communes forestières en résineux (A.D.C.O.F.O.R.), Christian Coutal (La Longeville) ne cesse de répondre au téléphone à des maires inquiets. Le 12 septem- bre, il réunira les édiles du dépar- tement pour faire un point sani- taire et évaluer les mesures à prendre pour préparer 2020. “Beaucoup de communes s’in- terrogent. Certaines vont perdre jusqu’à 40 % de leur budget, ce

qui va mettre leur trésorerie en danger. C’est le modèle écono- mique des communes qui est remis en question. Nous sommes dans une phase d’inconnue car contrairement à la tempête de 1999, on ne connaît pas le volume de bois touché par la sécheresse. C’est une crise euro- péenne du bois” explique le spé- cialiste. Des mesures viennent de tom- ber : des prêts-relais sont pro- posés aux collectivités. Le préfet doit transmettre à l’association des communes forestières un audit sur les communes les plus touchées. “À partir de là, nous aurons un bilan des situations économiques. Nous aurons un recensement qui nous permettra de flécher les aides.” Le sapin scolyté se négocie à peine 20 euros du m 3 , l’épicéa sur pied peut se vendre 70 euros du m 3 , un prix trois fois inférieur à celui de 1980. “Pour l’instant, on maintient les prix grâce à l’ef- fort des communes, on souhaite que cet effort soit aussi partagé par les privés” espère-t-il. Que planter en remplacement ? Pour l’heure, personne ne le sait. n

de bois supplémentaires sur un marché “peu mirobolant” le déstabiliserait d’autant. “On limite les pertes financières” pour- suit l’adjoint. De con côté, Gérard Voinnet (groupe d’opposition au conseil municipal) demande que l’exé- cutif prenne en compte cette amputation. Un conseil que devront prendre à la lettre les “petites” communes du Haut- Doubs qui vont perdre jusqu’à 40%de leurs recettes. Leur équi- libre financier est remis en cause. n L’O.N.F. alerte sur la sécurité L’Office national des Forêts donne des conseils quant “au dépérissement des arbres”. En lien avec les communes, elle réalise des suivis dans la pers- pective de sécuriser les secteurs les plus fréquentés. Des chutes d’arbre ou de branches peuvent survenir. Les essences les plus touchées sont le l’épicéa, le sapin, le pin, le hêtre, le frêne. n E.Ch.

8 795m 3 que nous devions mettre à la vente” indique Gaston Droz- Vincent, adjoint à Pontarlier, chargé de la forêt. Le principe est de ne pas apporter du volume supplémentaire dans unmarché déjà saturé. D’ordinaire, le bud- get “forêt” rapporte en recettes entre 210 000 et 230 000 euros à laVille.Avec cettemesure prise pour 2019, les recettes seront amputées d’environ 30 %, soit 69 000 euros. “Et encore, prévient Gaston Droz-Vincent, on ne connaît pas les futurs cours du bois. Il vaut mieux reporter ces coupes de bois vert plutôt que de perdre bien plus” souligne-t-il. Pour Pontarlier, il n’y a rien de catastrophique en termes bud- gétaires.Mais pour d’autres com- munes plus petites, c’est un désastre (lire ci-contre). “Le cours du sapin lors de la dernière vente a diminué de 3 euros du m 3 ” indique Xavier Garcia, membre de l’O.N.F. et également conseil- lermunicipal de Pontarlier. Cette mesure prise en concertation avec l’Office national des forêts permet de faciliter la commer- cialisation des volumes de bois sinistrés, tout en régulant les cours. “C’est de la solidarité natio- nale” commente Patrick Genre, le maire. Ajouter des volumes ‘

Certains résineux ont littéralement grillé, surtout en dessous de 750 mètres d’altitude.

I l suffit de lever les yeux pour constater les dégâts. Le ver- doyant Haut-Doubs voit, depuis un an, apparaître des taches marron au milieu de ses résineux. Ces arbres grillés sont légion jusqu’à 700 voire 800 mètres d’altitude. Levier etmain- tenant Frasne sont touchés. Pon- tarlier est presque “épargné”. Jusqu’à quand ? Cette mortalité exceptionnelle et rapide est due la sécheresse de 2018 qui a favorisé la proli- fération des scolytes et par là même, fortement éprouvé les peuplements des massifs fores- tiers. Les volumes sinistrés ont été estimés à 400 000 m 3 pour

la région Franche-Comté, à com- parer aux 211 000 m 3 habituel- lement récoltés en forêt publique. Cette situation, constatée sur l’ensemble des massifs forestiers européens provoque l’effondre- ment des cours du bois d’œuvre résineux.

Pontarlier, pre- mière commune forestière en rési- neux réagit. “Par rapport au volume initial que nous devions couper en bois vert, nous allons couper 3 530 m 3 de moins, soit 5 265m 3 contre

Un cours du résineux qui baisse.

Christian Coutal, président des communes forestières, ici avec un sapin encore en bonne forme.

DOUBS

Même en période de sécheresse L’arrosage des bois reste autorisé

Ils sont nombreux les automobilistes roulant sur la R.N. 57 à se demander pourquoi, en plein été, une scierie continue à arroser ses grumes sur une aire de stockage. Le scieur ne fait que respecter la loi.

présente un autre avantage, c’est qu’elle évite le traitement chimique des grumes en forêt” poursuit Noël Tournier. Le scieur a installé à ses frais le dispositif de pompage et de recyclage de l’eau sur son terrain qui a la chance de dis- poser d’une nappe suffisamment ali- mentée. La technique d’arrosage qu’il utilise depuis une vingtaine d’années est pour- tant surveillée par les autorités, surtout depuis les épisodes de chaleur à répé- tition. La préfecture a par exemple demandé aux scieurs utilisant cette technique de s’équiper de sondes de température, de telle sorte que “dès qu’il fait moins de 10 °C, on arrête l’ar- rosage. Le paradoxe, c’est que l’arrosage devient utile dès lors que les tempéra- tures montent. Cette année, grâce à un printemps assez frais et arrosé, nous avons relancé l’arrosage tard, pas avant fin avril” ajoute le professionnel. Mi-juillet, le Doubs était en alerte sécheresse premier niveau. Étaient

L’ aire de stockage et d’arrosage du bois de la scierie Tournier à Doubs a la particularité, contrairement à d’autres, d’être située au bord de la R.N. 57, donc à la vue des milliers d’automobilistes qui passent là tous les jours. Certains ne manquent pas de s’interroger sur la pertinence d’arroser le bois stocké, sur- tout en période de fortes chaleurs, voire de pénurie d’eau. Le gérant de la scierie Noël Tournier justifie avec aisance l’utilisation de cette technique qui per- met au bois d’éviter d’être rongé par les scolytes et autres champignons qui, sans cet arrosage, deviendrait rapide- ment impropre à toute utilisation. “L’arrosage de ces bois est évidemment

autorisé par les autorités préfectorales car il est en circuit fermé. Bien sûr, avec le vent, la chaleur, on a quelques pertes, mais l’eau que nous utilisons est récu- pérée dans une cuve pour être repompée ensuite” explique le pro- fessionnel.

Cette technique avait été expérimentée par l’O.N.F. suite à la tempête de décembre 1999 qui avait mis à bas des dizaines de milliers de mètres cubes de bois dans les forêts du Haut-Doubs, puis adoptée par la plupart des scieurs pour conserver les bois coupés. “Cette technique

“Dès qu’il fait moins de 10 °C, on arrête.”

Sur l’aire de stockage du bois de la scierie Tournier à Doubs, environ 1 000 m 3 sont arrosés.

20 heures. Mais pas l’arrosage des bois du fait qui se fait en circuit fermé. “Mais si le niveau de l’alerte sécheresse devait remonter et qu’on nous interdise l’arrosage, il est évident qu’on respectera la loi” ajoute Noël Tournier. n J.-F.H.

notamment déjà interdits, le lavage des véhicules hors des stations pro- fessionnelles, le remplissage des pis- cines privées, l’arrosage des pelouses, des espaces verts publics et privés, des jardins d’agrément et l’irrigation agri- cole par aspersion entre 8 heures et

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