La Presse Pontissalienne 238 - Aout 2018

l’événement

La Presse Pontissalienne n°238 - Août 2019

Peut-on construire n’imPorte où son rêve de vivre loin des autres ?

Cabanes dans les arbres, caravanes, mobile-homes, yourtes, voilà autant d’ha- bitations dites légères qui fleurissent au même titre que les contentieux avec les collectivités. Port Titi (notre photo), lieu touristique par excellence, fut un exemple dans le Haut-Doubs. Il y en a d’autres plus actuels.

l Urbanisme

Pourquoi l’habitat léger n’est-il pas reconnu ?

“Si tu construis ta yourte de tes mains, on te considère comme un zonard !”

cité. Une personne qui habitait dans un bus impérial a interpellé le ministère du Logement. Une relation de base entre l’État s’est nouée. Nous contribuons à ne pas laisser les “aménageurs du territoire” décider seuls du destin des habitats légers. L.P.P. :Pourquoi vivre dans une cabane, une yourte, n’est pas autorisé, alors qu’elles le sont dans les zones tou- ristiques ? P.L. : On nous oppose toujours le même argument : “Vous n’êtes pas raccordé aux réseaux” …

L’association “Halem” se bat au niveau français pour obliger les collectivités à reconnaître d’autres manières d’occuper le territoire et défend les habitants de logements “éphémères” ou “mobiles”. Quels sont ses arguments ?

“L a cabane de Clé- ron” (lire page suivante) est devenue, en France, le symbole d’un bras de fer entre un individu désireux de vivre près de la nature, avec le plus faible impact possible sur le terrain dont il est le pro- priétaire, et une administration imperméable à ses arguments. Le tribunal correctionnel lui demande de la déconstruire. Plus de 100 000 personnes ont choisi de le soutenir via une péti- tion. Le cas de Xavier est pour- tant loin d’être le seul exemple. Il y en a des centaines d’autres en France. L’habitat dit léger est devenu un phénomène de

société prisé des jeunes. L’asso- ciation Habitants de Logements éphémères ou mobiles (Halem) tente de faire évoluer les consciences. Entretien. La Presse Pontissalienne : Quel fut l’élément qui a déclenché la naissance de votre association ? Quel est son but ? Paul Lacoste (militant) : C’est un mouvement de base né en 2005 dans un camping de l’Essonne où 200 personnes vivaient à l’an- née. Les gens s’y sont réfugiés pour le cadre et des loyers moins chers, car en Ile-de-France, ce n’est pas simple de trouver une habitation. Puis le directeur du camping a coupé l’eau, l’électri-

L’association avait installé yourtes et tentes en plein cœur de ville. Elle défend l’habitat “léger”.

tion d’autonomie et de réversi- bilité, c’est-à-dire ne pas artifi- cialiser les sols. L.P.P. :Autoriser ces types de construc- tion, n’est-ce pas ouvrir la porte à une forme d’anarchie en matière d’habi- tat ? P.L. : Vivre dans une cabane, en autonomie, ce n’est déjà pas à la portée de chacun. La France a une problématique de loge- ment aussi bien en ville qu’en campagne : ces habitats légers sont une opportunité de créer des hébergements. Parce que tu

as construit ta maison de tes propres mains, tu es considéré comme un zonard qui pollue ! C’est totalement l’inverse. Une yourte par exemple, elle n’a pas besoin de beaucoup de combus- tible pour être chauffée, il n’y a pas besoin de béton… L’article L 112-2 du Code de l’urbanisme rappelle que tout type d’habitat doit être pris en compte sans distinction. L.P.P. : Pourquoi la cabane de Xavier est-elle devenue le porte-drapeau de vos “batailles”. Et pourquoi dites-vous

qu’il a le droit de rester dans sa cabane, posée sur son terrain mais sans permis de construire ? P.L. : Sa médiatisation permet de mettre un accent sur le sujet. La Cour de cassation peut y être sensible. On lui refuse son per- mis parce qu’il est en zone Natura 2000 protégée. Or, lorsque l’on interroge les tech- niciens, on nous répond qu’il n’y a pas de problème tant qu’il a un mode de vie adapté qui pré- serve l’environnement. C’est le cas. n Propos recueillis par E.Ch.

alors que l’habita- tion est autonome en eau par exem- ple. Dans les lieux touristiques, la loi l’autorise… car c’est justement tou- ristique et que cela génère de l’argent. Depuis 2011, l’ha- bitat démontable comme la yourte est accepté à condi-

“Tout type d’habitat doit être pris en compte.”

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