La Presse Pontissalienne 238 - Aout 2018

La Presse Pontissalienne n°238 - Août 2019 7

l Justice Condamné, il se pourvoit en cassation Le Robinson de Cléron s’accroche à son rêve Sur son terrain, il a construit de ses mains une cabane “écolo” dans

U ne à une, il a monté les planches sur son dos au pied d’un foyard centenaire enra- ciné au centre de sa parcelle d’1 hectare, achetée en 2008. Un travail de forçat d’environ trois ans qui permet aujourd’hui à XavierMarmier d’habiter une magnifique cabane en bois auto- nome à environ 7 mètres du sol, entre la détruire car elle est située en zone Natura 2000. Xavier Marmier se pourvoit en cassation. laquelle il vit depuis 6 ans. Le tribunal lui demande de

permis de construire. Personne ne s’of- fusque de sa présence. 2014, change- ment de municipalité. Xavier dépose un permis de construire pour se mettre en règle. Il est refusé. La commune de Cléron porte l’affaire devant le tribunal. Xavier gagne en première instance au tribunal civil en juillet 2016. La mairie fait appel et gagne en mars dernier. Le tribunal lui ordonne de déconstruire son lieu d’habitation et le condamne à remettre en état le site dans les 6mois

“Il faut déjà se donner du courage pour construire cela et ensuite, il faut vouloir abandonner un confort. C’est un boulot d’homme ! Cet argument est fallacieux. J’ai quandmême un profond sentiment d’injustice car en France, on ne te laisse pas choisir ton propre mode de vie. Je n’ai pas l’impression d’être un gangster mais je retrouve à la barre d’un tribunal comme si c’était le cas.” D’innombrables articles ou reportages télé ont suivi “l’affaire de la cabane dans les bois”. Le quadra ouvre sa porte avec gentil- lesse, réexplique, offre un melon, pré- sente ses tomates en train de pousser. Line, sa compagne qui l’a rejoint ici, parle d’un havre de paix. Le couple de chouettes, les loirs, les chevreuils le matin, accompagnent leurs soirées durant l’été. L’hiver, c’est forcément moins bucolique et bruyant lors d’épi- sodes venteux. Xavier a prouvé qu’il s’est fondu dans le décor. Il veut rester perché. 101 000 personnes le soutien- nent sur les réseaux. n E.Ch.

Aucun clou n’est planté dans l’arbre : la cabane est suspendue.

figure d’un “combat”même si lui n’aime pas ce mot. Des milliers d’internautes le soutiennent. Des personnes sont même venues le rencontrer. “Je voulais être tranquille au fond de mon bois et dix ans plus tard, je me retrouve désigné comme porte-flambeau d’une cause” dit avec le sourire cet adepte du yoga et ancien grimpeur-élagueur. Pour cer- tains, il est celui qui représente ces personnes désireuses d’un mode de vie proche de la nature, pour d’autres, celui qui a violé une règle. La justice vient - en avril - de lui ordonner la démolition de son cocon. Il semble pourtant très calme : “J’ai confiance dans la justesse de mon bon sens. Je vis ici en totale autonomie.” Tout a débuté il y a 6 ans. À l’époque, l’homme propriétaire d’un bois sur la commune de Cléron se lance dans la construction de la cabane perchée sans

Cléron et Amondans. Il flirte avec la canopée et partage la vue avec sa com- pagne. “C’est ce dont j’ai toujours rêvé” dit cet intermittent du spectacle de 47 ans, qui n’a rien d’un hurluberlu. Tout juste a-t-il réalisé son rêve : vivre près de la nature, loin dumonde, quasiment en autonomie avec l’eau qu’il récupère du toit, l’électricité qu’il produit grâce à des panneaux.Aucun clou n’est planté dans l’arbre qui supporte la plate-forme de 44 m 2 dans laquelle il vit à l’année. Le chauffage est assuré par un poêle qui consume le bois mort ramassé sur sa parcelle. Ses toilettes sèches sont situées dans un cabanon au sol. Samai- son a une chambre en mezzanine et est bâtie sur un plateau en sapin dou- glas contrecollé. Un travail d’orfèvre. La présence de Xavier est à peine visible depuis la route départementale mais à son grand regret, il est devenu une

avec amende de 100 euros par jour. “J’ai décidé de me pourvoir en cassation, annonce le propriétaire. Je compte bien rester là.” Pourquoi le tribunal a-t-il pris cette décision ? Parce que le lieu est situé en zone Natura 2000 et qu’il serait potentiellement exposé à des risques de glissement de terrain. La commune craint que cet exemple ne donne des idées à d’autres.

“Je compte bien rester là.”

Xavier et Line sur la terrasse de leur cabane.

l Justice

Ce que dit la loi Une autorisation, même pour un abri de jardin

Pourquoi des cabanes, des yourtes, dans les zones touristiques ? Tout simplement parce que la loi le permet, sous certaines conditions.

C es habitats légers peu- vent être installés dans les arbres d’un terrain de camping, d’un parc résidentiel de loisirs, de certains villages de vacances. Ces installations sont dispensées de formalité dès lors que leur surface de plan- cher est inférieure ou égale à 35 m 2 . En revanche, si elles présentent une surface de plan- cher supérieure, une déclara- tion préalable est exigée. À l’instar des Habitations Légères de loisirs (H.L.L.), en dehors des quatre lieux d’im-

banisme pour installer un abri de jardin ? Tout dépend des surfaces de son projet de construction, de sa hauteur, s’il est situé ou non dans un secteur protégé (par exemple, aux abords d’un monument historique, site classé). Si la surface au sol est inférieure ou égale à 5 m 2 et si la hauteur est inférieure à 12 mètres, aucune autorisation n’est obli- gatoire. Au-delà, une déclara- tion préalable de travaux (de 5 à 20 m 2 ) ou un permis de construire est obligatoire (au- delà de 20 m 2 ). n

plantation que sont les terrains de campings, parcs résidentiels de loisirs, certains villages de vacances, certaines dépen- dances des maisons familiales de vacances, les “cabanes dans les arbres” sont soumises, en tant que constructions, au droit commun des constructions, c’est-à-dire : une déclaration préalable entre 5 et 20 m 2 de surface de plancher, et un per- mis de construire au-dessus de 20 m 2 de surface de plancher. Cet exemple vaut aussi pour les yourtes. Faut-il une autorisation d’ur-

Si l’implantation de la yourte est temporaire (moins de 3 mois), aucune autorisation n’est demandée. Il convient juste d’informer la municipalité.

Made with FlippingBook - Online catalogs