La Presse Bisontine 66 - Mai 2006

B ESANÇON 220 emplois Témis, le défi bisontin La zone d’activité économique de Témis est en développe- ment. Toute la difficulté est de donner à cet espace une cohé- rence entre lieu de vie, recherche et industrie. L’ÉCONOMI E

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D enis Baud, vice-président de Témis annonce : “Quand tout sera loti, il y a aura près de 2 000 emplois sur cette zone.” e toute évidence, Besançon abat sa meilleure carte pour promouvoir l’em- ploi local. “On espère 1 500 emplois à vocation industrielle et 500 dans le secteur du service aux entreprises” pré- cise-t-il. Mais pour l’instant, nous sommes encore loin du compte. Ce pôle innovation regroupe 220 salariés répartis dans les différentes sociétés comme Worldplas ou P.S.P. Peugeot (les moulins à poivre) qui ont fait le choix de s’implanter ici. D’autres projets émergent comme Témis Center, qui sera opérationnel fin 2006, qui regroupera 80 emplois de services (experts-comptables, socié- té de communication, avocats, etc.). La structure Artémis est elle aussi

d’un manque de consistance écono- mique. Quel est le lien entre un joaillier qui fait du traitement de surface et un laboratoire de recherche qui fait appel à des technologies innovantes ? Aucun, et pourtant ils sont référen- cés dans les microtechniques. “C’est un chapeau très large, pratique pour un effet d’annonce, mais il faut aller au-delà” estime un entrepreneur bisontin. C’est indiscutable, indivi-

bien engagée. Elle sera dédiée aux entreprises de services et devrait concentrer à terme “300 emplois.” Sophysa, société spécialisée dans la fabrication de valves neurologiques sera aussi opérationnelle début 2007. Elle emploiera 60 personnes. Décath- lon est en réflexion pour construire un centre de recherche et développe- ment mais rien n’est acté dans l’im- médiat. Besançon reste une possibi-

duellement, chaque entre- prise tire son épingle du jeu. N’y a-t-il pas une oppor- tunité à aller plus loin dans la démarche en réfléchis- sant à un projet commun, économiquement viable ? “Il faudrait un consortium . Mais cela prendrait du

lité parmi d’autres en Europe pour l’équipe- mentier. L’aventure Témis prend forme. Il reste encore 26 hectares à commerciali- ser. “Si nous le voulions, cette zone serait déjà com- plète. En comité de pilo-

“J’ai vu des projets

d’implantation être retoqués.”

temps à le mettre en place” propose Patrice Minotti, directeur de SilMa- ch. Pourtant, les entreprises locales auraient sans doute un intérêt à s’aven- turer dans cette voie. Utopie ou réa- lisme ?Après tout, des villes voisines comme La Chaux-de-Fonds connais- sent un essor économique autour de la filière horlogère (du bureau d’étu- de à la production), pourquoi Besan- çon ne parviendrait pas à fédérer ses savoir-faire autour de concepts inno- vants et industrialisables ? C’est ce qui manque aujourd’hui à Témis. T.C.

tage, j’ai vu des projets d’implanta- tion être retoqués car ils ne répondaient pas à notre cahier des charges. Il y a eu des investissements publics sur ce site, ce n’est pas pour le brader” insis- te l’élu. Témis se construit autour de trois axes : formation, recherche et pro- duction. Toute la difficulté est de créer du lien entre ces vecteurs. Il manque à ce projet la cohérence qui donnera à Besançon son identité de pôle de compétitivité Microtechniques. Il ne faudrait pas que cette appellation générique soit l’arbre qui cache la forêt

Témis en quelques chiffres

- Surface : 75 hectares - Coût de l’investissement : 40 millions d’euros (acquisitions foncières, études et travaux d’aménagement) - Quatre partenaires : C.A.G.B., Région, C.C.I. et Départementnt - Objectif fixé au terme de l’opération : avoir vendu pour 15 millions de terrain aux industriels. Aujourd’hui, les partenaires ont déjà investi 10 millions d’eu- ros et ont perçu 4 à 5 millions de recette sur la vente du foncierr - Potentiel d’emplois final : 2 000

La zone bisontine de Témis est encore dans sa phase de développement. Il reste 25 hectares à lotir.

R ECHERCHE

10 ingénieurs SilMach n’intéresse que l’industrie étrangère

Pour l’instant, la technologie développée par la société bison- tine SilMach semble n’intéresser que les industriels étrangers. Elle pourrait générer de l’emploi sur le territoire à condition que des investisseurs parient sur ces innovations.

L’ exemple de la société Sil- Mach est symptomatique d’un système économique qui montre ses limites. Créée en 2003, cette entrepri- se installée sur la zone de Temis à Besançonmaîtrise des micro-

ception bien sûr de la petite équipe de dix ingénieurs basée à Temis. L’entrepreneur a aler- té les pouvoirs publics et les autorités politiques commu- nales, départementales, régio- nales jusqu’aux plus hautes ins- tances de l’État qui prônent le patriotisme économique. Il a interpellé pas moins de huit ministres en trois ans dont Dominique de Villepin et Nico- las Sarkozy sur le fait que le fruit des recherches de SilMach est exploité par des groupes étrangers alors que selon lui, “il pourrait permettre de conso- lider, voire de créer plusieurs centaines d’emplois en Fran- ce.” Aucune entreprise du C.A.C. 40 - auquel SilMach a présenté ses concepts - ne semble prête à investir 50 mil- lions d’euros pour s’approprier ces technologies. “Nous avons des idées, nous aimerions que ces idées produisent de l’emploi” martèle Patrice Minotti. Pourtant en Franche-Comté, le savoir-faire SilMach devrait

“Depuis notre création, nous n’avons pas vendu pour 1 euro de nos technologies à des indus- triels français” dit-il. SilMach réalise 100%de son chiffre d’af- faires - qui devrait atteindre le million d’euros en 2007 - avec

des clients qu’elle trouve à l’extérieur de nos frontières ! Ironie de la situa- tion, l’horlogerie représente 30 % de son activité. Cela signifie que cette entreprise bisonti- ne d’avant-garde met aupoint des sys-

technologies extrê- mement élaborées pour des champs d’application divers (horlogerie, médi- cal, télécommuni- cations). Elles lui permettent de déve- lopper lesM.E.M.S. (micro-electro- mechanical-sys-

“Consolider, voire créer plusieurs centaines d’emplois.”

tèmes industrialisés par des horlogers étrangers, qui vont concurrencer ensuite par leurs produits ce qu’il reste de l’hor- logerie “ made in France ” ! “Je vais chercher le chiffre d’affaires là où il est” admet PatriceMinot- ti. SilMach foisonne d’idées mais elles ne créent aucun emploi ni àBesançon, ni enFranche-Com- té ou ailleurs en France, à l’ex-

tems) qui peuvent prendre la forme de micro-moteurs de la taille de la section d’un cheveu ! SilMach est aussi spécialisée dans lamicromécanique à base de silicium. Les recherches de cette entre- prise innovante intéressent aujourd’hui uniquement les groupes industriels étrangers au grand étonnement de son responsable Patrice Minotti.

Patrice Minotti : “Nous avons des idées, nous aimerions que ces idées produisent de l’emploi.”

qu’aumoment où passe le train de l’innovation, les donneurs d’ordres français savent aussi que l’avenir de l’industrie se joue désormais sur d’autres continents. T.C.

niveau de la frilosité des indus- triels à investir dans des concepts innovants de ruptu- re, certes coûteux, mais qui posent sans doute les jalons d’un nouvel essor économique. Oualors faut-il donc comprendre

intéresser l’industrie automo- bile. En vain. “On sait que des constructeurs automobiles uti- liseront nos technologies. Je peux vous dire qu’aujourd’hui ils ne sont pas français.” Constat amer. Le cas SilMach dénote à son

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