La Presse Bisontine 66 - Mai 2006

L’ÉCONOMI E

27

B ELFORT

7 000 emplois sur deux sites Techn’Hom : le nouveau pari de l’industrie belfortaine

Vous voulez participer à la construction du projet des socialistes pour 2007 ? Réunion débat à BESANÇON Jeudi 27 avril à20h Salle de la Malcombe

Alors que l’industrie automobile connaît à son tour des difficultés, le Territoire-de-Belfort réagit pour dyna- miser l’activité économique à tra- vers un grand projet, le Techn’Hom.

Entrée libre

Venez donner votre opinion, apporter vos idées...

“C et homme a les mains dans le cambouis du matin au soir.” Selon son entourage, Christian Proust a la réputation d’un homme d’action et de terrain, et moins celle d’un bureaucrate à dossiers. Élu en charge de la commission “économie et emploi” au Conseil général du Ter- ritoire-de-Belfort, il est aussi le pré- sident de la Sempat, la société d’éco- nomie mixte qui porte aujourd’hui le vaste projet industriel baptisé le Techn’Hom. Derrière cette étiquette, il y a une volonté politique de réussir la fusion de deux sites d’activités économique à Belfort, avec d’un côté le Techno- pôle qui correspond aux anciens bâti- ments Bull et de l’autre l’espaceAlstom. Le premier s’étend sur 55 000 m 2 . Ce patrimoine bâti qui abritait la fabrique de composants électroniques a été acquis en 1992 par la Sempat, après la fermeture de l’usine. À l’époque, 1 300 salariés sont licenciés. La socié- té d’économie mixte réussit alors le pari de la réindustrialisation du site où sont installées actuellement 70 entreprises à vocation tertiaire pour la plupart (il y a des bureaux d’études pourAlstom et P.S.A., le central d’ap- pel Orange…) qui emploient au total 3 500 personnes. Face au Technopô- le, le site industriel où se trouve Alstom, General Electrics (2 500 sala-

fait pour Bull, la société d’économie mixte au capital de 9 millions d’eu- ros partagé entre collectivités et pri- vés, a acquis 60 000 m 2 de bâtiments vacants d’Alstom. L’objectif est de les rénover, avant de les louer à des socié- tés. Elle se refuse à les vendre pour maîtriser la cohérence industrielle Les travaux d’aménage- ment devraient débuter dans les meilleurs délais, puisque deux investisseurs chercheraient à s’implan- ter là. Ils occuperaient potentielle- ment près de 4 000 m 2 ! En parallèle, la Sempat va investir 9 millions d’euros pour améliorer les conditions d’accueil dans le Techn’Hom. Cela passe notamment par la créa- tion d’espaces de stationnement, le réaménagement de la voirie et la des- truction de certains bâtiments. L’idée est d’améliorer la qualité de vie sur ce lieu de travail en apportant aussi d’autres services comme un centre de remise en forme, des commerces, res- taurants ou crèches. Là encore, la Sempat suggère et pose le contexte, ensuite c’est aux investisseurs privés de prendre l’initiative. T.C. du site sur le long terme et garantir la pérennité de l’emploi.

riés) et leurs sous-traitants en embau- chent autant. Indiscutablement, c’est par l’inter- vention en amont de la collectivité que Belfort parvient tant bien que mal à s’extirper de cette image de vil- le industrielle sur le déclin accentuée récemment par les difficultés d’Al-

stom (3 000 emplois ont été supprimés en 10 ans). Petit à petit, cet ensemble immobilier est moins per- çu comme un lieu de cri- se social que comme un élément porteur de poten- tiel économique où les cols

“Créer les conditions de résistance.”

blancs côtoient les cols bleus. “Ici, les élus croient en la valeur ajoutée que peut générer leur territoire. Ils sont persuadés qu’en investissant locale- ment, ils vont créer les conditions de résistance aux difficultés que peut rencontrer l’industrie. Cette manière de percevoir les choses a permis de créer entre autres, un pôle de recherche sur la pile à combustible et de déve- lopper aussi des filières de formation adaptées aux caractéristiques du tis- su économique de Belfort” précise un proche de Christian Proust. Le projet Techn’Hom s’inscrit dans cette continuité. Par la réunion des deux sites, la Sempat va intervenir pour donner de la cohérence à une zone aux allures patchwork qui s’étend sur 110 hectares. Comme elle l’avait

Répartition des zones économiques en Franche-Comté.

- Constituer une zone de 110 hectares qui correspond à la réunion de deux sites industriels : Alstom d’un côté et les anciens bâtiments Bull de l’autre. - Actuellement, 7 000 personnes travaillent sur ces deux ensembles. - Le projet est porté par la société d’économie mixte Sempat, présidée par Christian Proust, au capital de 9 millions d’euros. Les actionnaires de la struc- ture sont publics et privés. - Objectifs de la Sempat : mettre en location 60 000 m 2 de locaux à disposi- tion des entrepreneurs. Et aménager notamment les voies de communication à l’intérieur du Techn’Hom pour donner de la cohérence à la réunion de ces deux sites. Le Techn’Hom en quelques points-clés

C OMMENTAIRE Sur le Territoire-de-Belfort Christian Proust : “La réussite est contagieuse”

Conseiller général chargé de l’écono- mie et de l’emploi, président de la Sem- pat, cet élu a le sens des affaires pour développer son territoire.

et à son rayonnement natio- nal. À la place de Bull, il a obte- nu l’implantation d’un centre France Télécom par exemple. La création de l’Université de Technologie de Belfort-Mont- béliard (U.T.B.M.), c’est aussi grâce à lui. L .P.B. : Avec le Techn’Hom, Belfort n’entre-t-elle pas en concurrence avec Besançon et son projet Témis ?

nos clients un environnement sûr. C’est une préoccupation majeure de la Sempat. C’est sur cette base que l’on peut construire des relations durables avec les investisseurs. L.P.B. : Un de vos atouts est la réac- tivité par rapport aux investisseurs ? C.P. : On a un principe d’action qui est celui de la réactivité.

L a Presse Bisontine : Vous donnez l’image d’un élu prag- matique dont l’action est payante au regard de l’évo- lution de l’emploi à Belfort. Le por- trait est flatteur ? Christian Proust : Depuis que je fais de la politique, j’ai toujours considéré que l’action pour l’em- ploi est essentielle. C’est la clef de tout. Mais il ne s’agit pas de faire des discours sur le sujet. C’est le rôle de la col- lectivité que de mettre en pla- ce des outils pour créer les conditions d’accueil des entre- prises. Pour y parvenir, l’ac- tion de la collectivité doit por- ter sur deux éléments basiques qui sont le foncier et l’immo- bilier.

L.P.B. : Cela signifie que la collecti- vité doit acheter du foncier par exemple pour le mettre à disposi- tion de l’entreprise ? C.P. : Chaque année, nous col- lectivités, construisons des mil- liers de mètres carrés de bâti- ments. L’idée est de proposer les locaux en locatif aux indus- triels pour qui l’immobilier n’est pas le cœur de métier. Résultat, l’investisseur n’a plus à se soucier de la question immobilière. Le principe de la Sempat est d’acheter des friches industrielles à des sociétés qui ne savent plus quoi en faire, de les aménager et de les louer. L.P.B. : Pourquoi ne jamais vendre ? C.P. : Tout simplement parce que nous voulons garantir à

Nous sommes dans du business . L’élu de gauche que je suis fait du business . Cela veut dire aller vite. Quand un indus- triel demande un rendez-vous, il faut

“L’élu de gauche que je

C.P. : Je ne crois pas que nous soyons concurrents. Sur le fond, on privilégie un développement endogène pour per- mettre aux sociétés

suis fait du business.”

du Territoire-de-Belfort de se développer. C’est l’objectif le plus important. Des entreprises qui réussissent en attirent d’autres. Et puis la réussite est contagieuse. Plus Besan- çon se développera aussi de son côté et mieux ce sera. Propos recueillis par T.C.

lui donner en 48 heures. Jamais plus. Je ne fais des affaires que si c’est intéressant pour la Sem- pat. L.P.B. : Jean-Pierre Chevènement n’est pas étranger au renouveau de Belfort ? C.P. : C’est clair que toute cet- te action est liée à la démarche de Jean-Pierre Chevènement

Christian Proust : “Je ne crois pas que nous soyons en concurrence avec Besançon.”

Made with FlippingBook - Online magazine maker