La Presse Bisontine 66 - Mai 2006

Agenda

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DU 12 MAI AU 27 NOVEMBRE

Quand Besançon

rencontre Vesontio

“De Vesontio à Besançon”. De mai à septembre, l’exposition organisée par le musée des Beaux-Arts raconte l’histoire de Besançon de la préhistoire jusqu’à nos jours. Un passé presti- gieux. Les derniers chantiers de fouille dans la Boucle ont surtout permis de mieux connaître la ville à l’époque gauloise et romaine.

A vant même le début des fouilles sous le col- lège Lumière, en novembre 2003, Clau- dineMunier savait qu’elle ris- quait d’y trouver des trésors. “En 1973, lors des travaux de la rue de Lorraine, on avait déjà découvert lamosaïque de Neptune. Cela faisait trente ans qu’on attendait l’occasion de poursuivre les recherches” , explique la responsable du chantier de fouille de l’I.N.R.A.P., l’institut de recherche archéologique pré- ventive. Dans la cour du col- lège, l’équipe a mis à jour une salle de 200 m 2 recouvert de mosaïques, avec un luxe de raffinement et d’opulence. La propriété à laquelle elle appar- tenait, s’étendait sur près de 6 000 m 2 . “Une taille excep- tionnelle, qui en fait une des plus grandes retrouvée en France” , reprend l’archéologue. Peuplée depuis la Préhistoi- re, la boucle bisontine regor-

des Gaules entourée de rem- parts. Ces remparts, les archéologues les ont retrou- vés récemment au bord du Doubs, lors des travaux du parking du marché Beaux- Arts. “Une découverte très

ge de traces archéologiques dans son sous-sol. “C’est rare- ment un scoop de trouver quelque chose lorsqu’on creu- se ici” , ironise Laurent Vaxe- laire, qui a supervisé les fouilles au parking de la mai-

Reconstitution de la maison romaine retrouvée lors des fouilles sous l’actuel palais de justice. (Crédit: C. Gaston/Inrap).

EXPOSITION

que celui de Nîmes. Au Nord de la ville, des ateliers de potiers, de verriers, de forge- rons se pressent le long du fleuve. À l’Est et à l’Ouest de la Boucle, se trouvent les quar- tiers résidentiels. C’est dans ces quartiers résidentiels que l’immense “domus” du collè- ge Lumière a été retrouvée. Qui était le propriétaire de cette fabuleuse maison ? Mys- tère. Les archéologues n’ont retrouvé aucune inscription pouvant les mettre sur une piste. Un personnage très riche assurément, de la fin du II ème siècle après J.-C. “Tout dans cette demeure a été fait de façon ostentatoire, pour démontrer la richesse du propriétaire” , reprend Claudine Munier. Sur les mosaïques retrouvées, la plupart des décors évoquent des thèmes marins, l’archéo- logue veut y voir peut-être

à l’empereur de Rome, un théâtre puis un aqueduc…” La ville a son sénat local et conserve une partie de son autonomie vis-à-vis de Rome, “tant qu’elle paye ses impôts et son tribut à l’empereur” , note l’historien Jean Claude Barçon, du service régional de l’archéologie. 1 % de la sur- face de la Boucle seulement a été fouillée, mais les histo- riens ont déjà une idée assez précise de la physionomie de la ville. “Elle s’étendait sur 120 hectares environ. Ce qui veut dire qu’à l’époque, Besan- çon était plus importante qu’une ville comme Pompéi par exemple qui représente 77 hectares. On peut estimer sa population de 15 000 à 30 000 habitants. C’est énor- me pour l’époque” , reprend Jean-Claude Barçon. L’amphithéâtre est aussi grand

“une “scola”, une maison de corporation qui aurait été liée au commerce sur le Doubs.” Jean-Claude Barçon, lui, penche plutôt pour la demeu- re d’un “haut fonctionnaire de la ville, qui était amené à rece- voir beaucoup chez lui.” Vesontio est loin d’avoir révé- lé tous ses secrets. Un siècle après la construction de la demeure fabuleuse du collè- ge Lumière, les traces archéo- logiques se raréfient. La pério- de est troublée, faite d’invasions multiples. Où s’est repliée la ville ? Les historiens n’ont pas encore la réponse. Mais espèrent la trouver lors des fouilles qui devraient pré- céder les travaux de l’îlot Pas- teur. Là, des sondages du sous- sol ont révélé une présence humaine au III ème et IV ème siècles après J.C. S.D.

rie et du palais de justice. Ce sont ces découvertes qui sont exposées à partir du 12mai aumusée des Beaux-Arts de Besançon. Et la part belle est faite à l’époque gauloise et romaine. Non sans raison. Car la ville

importante. Avec les textes de César, on ne savait pas si ces remparts étaient can- tonnés à la Citadel- le ou faisaient le tour de la Boucle” , affir- me l’universitaire Philippe Barral, spé- cialiste de l’antiqui- té gauloise. “Mais ils

Vesontio est loin d’avoir

révélé tous ses secrets.

est alors à son apogée. Quand Jules César en 58 avant J.C. fait son entrée dans Veson- tio , l’ancienne Besançon, à la tête de ses légions romaines, la ville est la capitale des Séquanes qui règnent sur une grande partie de la Franche- Comté actuelle. Une ville pros- père et riche que l’empereur romain décrit dans sa guerre

n’avaient alors un rôle orne- mental, c’était une façon de donner à voir la puissance des élites, mais n’avaient pas de fonction défensive.” La ville change de main mais garde sa prospérité écono- mique et se romanise douce- ment. “Les premiers grands travaux visent à rectifier les axes principaux. Puis, le long du cardo, - l’actuelle Grande rue - on construit des bâti- ments publics. Un forumdédié

POLAR - DU 19 AU 21 MAI

Le festival du polar

s’offre Mocky

Rendez-vous incontournable des inconditionnels de

FESTIVAL “A utour du roman noir, c’est toute une culture qui s’est développée. Musique, des- sin, bande dessinée, ciné- ma… On retrouve le genre décliné dans des domaines très différents” , affirme Thierry Loew, l’organisateur de la manifestation. littérature noire, le festival du roman noir de Besançon réunit une vingtaine d’auteurs du genre au Kursaal. Avec cette année, le cinéaste Jean-Pierre Mocky en invité d’honneur.

Sous le collège Lumière, les archéologues ont retrouvé une mosaïque de 200 m 2 , une des plus grandes décou- vertes à ce jour dans toute la Gaule. M osaïques, poteries, bijoux… À travers des objets retrou- vés lors des derniers chantiers de fouilles menées au sein de la Boucle bisontine mais aussi de maquettes et d’images de synthèse de monuments, de reconstitutions d’intérieurs d’habitations, l’exposition du musée des Beaux- Arts retrace toute l’histoire de Besançon, des premières implan- tations préhistoriques à la ville actuelle.03 81 87 80 49 Mais l’exposition - qui a été reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture - se déroule aussi hors des murs du musée. Un parcours à travers la Boucle permet de parcourir et de découvrir grâce à des bornes les lieux de découverte des vestiges ou des monuments archéologiques, de la place de la Révolution, ancien quartier artisanal gaulois, à la Porte Noire. Enfin, quatre expositions annexes - dont une consa- crée uniquement à la Porte Noire actuellement en restaura- tion au cloître de la cathédrale Saint-Jean et une dédiée aux plans anciens de Besançon à la bibliothèque d’étude - doi- Une exposition à travers toute la ville

Thierry Loew, organisateur de ce rendez-vous annuel.

entre autres Jean-Hugues Oppel, Marcus Malte, Colin Thibert, Sté- phanie Benson… Et comme cette année le festival lorgne du côté des autres arts, il propose aussi une repré- sentation de théâtre du texte - noir, nécessairement - de Franck Pavloff, “Matin brun”, un concert et une expo- sition de planches de bandes dessi- nées de Joe G. Pinelli. Renseignements : 06 08 03 43 43 Entrée libre

en avant-première son dernier film “Ballets écarlates”. Un film sombre justement, autour de la pédophilie et d’une mère dont l’enfant a disparu. “Ce choix s’imposait. Car Jean-Pier- re Mocky est lui aussi un grand fan de polar et a d’ailleurs porté à l’écran plusieurs romans” , reprend Thierry Loew. Une vingtaine de romanciers fran- çais du polar parmi les plus recon- nus doivent également participer au festival et aller à la rencontre des lec- teurs pendant tout le week-end. Avec

Pour sa 9 ème édi- tion, le festival de la littératu- re noire et poli- cière de Besan- çon s’affirme. Et part à la ren- contre de ces autres univers

“Jean-Pierre Mocky est un

grand fan de polar.”

noirs. Avec un invité de marque, le cinéaste Jean-PierreMocky. En ouver- ture du festival, qui aura lieu du 19 au 21 mai au petit Kursaal de Besan- çon, le cinéaste a choisi de présenter

vent se dérouler en même temps. Renseignements : 03 81 87 80 49

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