Journal C'est à Dire 88 - Avril 2004

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Il fait mouche à tous les coups Maîche

La fabrication d’une mouche : un exercice qui suppose de la patience et de la précision.

U n virus transmis à toute la famille. Contrairement aux traditions qui vou- draient que les passions se transmettent de père en fils, dans la famille Bouiller, c’est Yannick le fils qui a initié son père et son frère à la pêche. Il a pour lui l’en- thousiasme qui sied aux passion- nés. Rien d’étonnant au fait qu’il pratique “la plus belle des pêches” sur les rives de la franco-suisse. “À force de voir les pêcheurs à la mouche, j’ai été attiré par cette ges- tuelle incomparable.” Après quelques séances d’entraî- nement dans le jardin familial, Yan- nick a peaufiné sa technique au bord du Doubs. “Il faut compter une bon- ne saison avant d’être vraiment à l’aise. Pour l’instant, je pêche uni- quement la truite. J’envisage d’ac- quérir une canne à mouche pour attraper du brochet. La technique n’est plus la même. On pêche avec un streamer . C’est une imitation de petit poisson qu’on fait nager entre deux eaux.” Yannick ne pêche pas uniquement à la mouche. En dehors de la sai- son d’ouverture de la truite, il pas- se la plupart de ses loisirs en barque sur les eaux du lac de Biaufond à taquiner perches, brochets et autres poissons qui fréquentent les lieux. “J’ai découvert la pêche quand j’avais 10 ou 12 ans. Mes parents habitaient à Frambouhans. On avait un voi- sin pêcheur qui m’a proposé de l’ac- compagner à Biaufond.” L’initiation est devenue habitude au fil du temps. Yannick opère généralement le prise tout comme cette truite de 3,8 kg pour une longueur de 70 cm qui constitue son record en matière de salmonidés. Tout pêcheur à la mouche qui se res- pecte ressent, un jour ou l’autre, l’envie de fabriquer ses propres mouches. Au bout d’un an de pra- tique, Yannick s’est lancé dans l’aventure. “J’ai appris en lisant des ouvrages spécialisés et en essayant d’imiter des vraies mouches captu- rées pour l’occasion.” De la théorie à la pratique, il n’y a qu’un pas gen- timent franchi par ce jeune pêcheur de 23 ans qui se prête volontiers à une petite démonstration. Il exis- te une infinité de sortes de mouches. Les formes, les couleurs, les tailles varient en fonction des espèces et des saisons. “On peut reproduire tel- le ou telle espèce à différents stades de son évolution en partant de la nymphe jusqu’à l’individu adul- te.” Yannick réalise le corps, la queue et les ailes avec différents compo- sants : fils de diverses couleurs, plumes de faisan, de geai, de cou de coq et même de cul de canard. La fabrication d’une mouche est tou- jours une opération spectaculaire à observer surtout quand le manipu- lateur fait preuve d’adresse et tra- vaille vite. Yannick conclut son “œuvre” en consolidant le nœud final d’une gout- te de vernis. Rendez-vous à l’éclo- sion prochaine des mouches de mai, un moment privilégié dans la sai- son de pêche. De fameux coups du soir en perspective. ! F.C. “J’ai découvert la pêche quand j’avais 10 ou 12 ans.” avec son pote Julien. Avant d’avoir son permis de conduire, il n’hésitait pas à descendre dans la vallée en vélo, les cannes attachées au cadre. “Le plus gros brochet que j’ai sor- ti du lac mesurait 90 cm pour un poids de 4,7 kg.” Une bel-

Habitant à Maîche, Yannick Bouiller pêche à la mouche depuis 6 ans sur les rives du Doubs. Il réalise lui-même ses mouches. Un travail de patience et de précision à la hauteur du plaisir éprouvé en capturant des poissons avec ses propres appâts.

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