Journal C'est à Dire 257 - Septembre 2019

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Son fils, sa bataille Santé Paraplégique après un accident de la route en novem- bre 2018, Raphaël (20 ans) a quitté Aix-en-Provence pour s’établir avec sa maman dans le Haut-Doubs. Ils se sont rapprochés de la Suisse où le jeune homme suit un programme de rééducation spécifique. Une association est créée pour financer une opération chirurgicale non remboursée par la France.

1 000 arbres- habitats recensés Environnement

D urant l’hiver et le printemps 2019, 115 hectares de forêts de la commune du Clos- du-Doubs (canton du Jura) ont Le Parc du Doubs en Suisse a recensé des “arbres-habi- tats”, d’une grande valeur pour la biodiversité. Ils seront préservés. valeur pour la biodiversité. Près de mille individus ont été recen- sés et les plus importants pour la biodiversité ont été marqués afin d’éviter leur abattage lors des prochaines coupes de bois. Encore peu identifiés, les arbres à haute valeur écologique offrent gîte et couvert aux habi- tants de la forêt grâce à leurs trous, galeries ou encore cavités. 1 536 habitats ont été relevés sur les 971 arbres identifiés à haute valeur écologique, sur un territoire non loin du Doubs été passés au peigne fin par le Parc du Doubs dans le but de recenser des “arbres-habitats”, ces arbres de grande

entre Épauvillers et Montenol, sur la commune de Clos-du- Doubs. Les pics, par exemple, creusent leur cavité de repro- duction et se nourrissent dans les arbres et plus généralement dans les vieux bois ou le bois mort. Sur les arbres identifiés, 93 loges de pics ont été recen- sées. Les mammifères, quant à eux, profitent des cavités formées dans certains arbres pour faire Les 115 hectares de forêt ont été parcourus selon un seul et même protocole. L’inspection de terrain, effectuée à pied, visait à repérer et cartographier les dendro-micro-habitats (D.M.H.), c’est-à-dire les types de milieux favorables à la vie forestière. Le recensement a eu lieu de janvier à mars, lorsque les arbres ont perdu leurs feuilles, facilitant ainsi le repérage des habitats. Ce procédé sera étendu à d’autres forêts voisines. n leur terrier. Les coléop- tères et autres insectes saproxyliques vivent dans le bois en décom- position.

B ientôt un an que sa vie a basculé, un an qu’il ne peut plus se lever, s’habiller seul, se ren- dre aux toilettes. Certains appel- lent ça le destin, d’autres la fata- lité. Raphaël, 20 ans, cet étudiant brillant qui venait de valider sa première année de licence en physique-chimie a perdu le 4 novembre 2018 le contrôle de sa moto sur le bitume de la Gineste, une route sinueuse à Marseille. Il n’allait pas beau- coup plus vite que la vitesse autorisée, “sauf qu’il venait de pleuvoir, il était 17 heures, entre chien et loup… et il a glissé dans un ravin 100 mètres plus bas. Le pronostic vital de Raphaël est engagé. Ses poumons sont touchés, son foie. Conscient au moment de l’accident avant d’être placé en coma artificiel à l’hôpital de la Timone à Mar- seille, Raphaël se souvient : “J’ai réussi à me retourner pour res- pirer. Tout de suite, je me suis rendu compte que je ne sentais plus mes jambes. J’ai vite com- pris” raconte-t-il. Depuis ce jour- là, il est paraplégique complet au niveau de la 10 ème dorsale thoracique (niveau du nombril). Pascale a refusé de se laisser aller. Pendant plusieurs mois, cette cadre au groupe La Poste spécialisée n’a dormi qu’une heure par nuit pour rechercher des publications scientifiques, a contacté des professeurs, s’est informée pour offrir à son fils L’accident bête. Une promeneuse a pu pré- venir les secours qui sont intervenus rapi- dement” raconte Pas- cale Galamand, sa maman.

des possibilités de guérir. Elle prend attache aux États-Unis, en Suisse, au Canada. À Mar- seille, le corpsmédical mais aussi l’Agence régionale de santé la surnomment “la Pitbull” car elle ne lâche rien. “Depuis le premier jour de l’accident, le discours du corps médical est de se laisser porter, de voir au jour le jour, et de faire le “deuil” de la vie d’avant. Bien sûr, en tant que parents vous êtes anéantis, vous aimeriez échanger votre place avec celle de votre enfant, vous avez mal et peur. Nous avons décidé très vite de prendre les choses en main, raconte la maman depuis l’appartement que notre fils reçoive lesmeilleurs soins. Pour cela, il faut avoir un minimum de connaissances médicales, ce que nous n’avions pas.” Après avoir trouvé un logement accessible dans le Haut-Doubs (non sans difficulté), Raphaël qui a un temps pensé au suicide “revit” depuis qu’il se rend à Bul- let en Suisse dans un centre de rééducation spécialisé pour les paraplégiques et tétraplégiques. Ce lieu a été pensé et ouvert en mai dernier par Benoît Théve- naz, un pilote demotocross tétra- plégique à la suite d’une chute à B.M.X. en 2005… Il remarche grâce à un entraînement spéci- fique et un exosquelette, un dis- positif robotique conçu pour redonner mobilité et autonomie aux personnes handicapées. où elle a emménagé cet été. C’est notre caractère, nous avions besoin d’être totale- ment impliqués dans les décisions médi- cales, de veiller à ce

Pour éviter leur abattage.

Raphaël Tkiar et Pascale, sa maman, sur leur terrasse, dans leur nouveau domicile.

Dans ce centre proche de la fron- tière, des séances de 2 h 30 dif- ficiles attendent Raphaël qui pesait 83 kg de muscle pour 63 aujourd’hui. Sa bonne consis- tance l’a sans doute protégé de la mort mais pas de la compres- sion de sa moelle épinière. “Les exercices me fatiguent beaucoup musculairement et aussi au niveau de la tête car il faut que mon cerveau fasse des efforts pour se reconnecter avec mes jambes. Le premier jour, j’ai eu une migraine mais je sens que l’on s’occupe de moi” indique-t- il. Le manque de suivi, c’est ce que sa mère reproche à la France. “En France, Raphaël a passé 9 mois en centre de réédu- cation où le seul objectif était de lui apprendre à vivre avec son handicap. Nous avons fait la première séance de rééducation en Suisse et mon fils a déjà réussi à contracter des muscles qu’il ne sentait même plus pendant les 9 mois passés en centre fran- çais” explique-t-elle. David, le papa, est resté dans les Bouches-du-Rhône où il s’ac-

tive à nouer des partenariats afin de soulever des fonds pour subvenir aux coûts médicaux qui ne sont pas pris en charge par la Sécurité sociale. “Nous avons estimé que cela coûterait 400 000 euros s’il y a opération. Nous n’aurons aucune subven- tion car notre projet ne rentre dans aucune case ! Toutes les institutions savent pertinemment que la France a 12 ans de retard dans la prise en charge des para- plégiques ! On a dû se battre pour que Raphaël dispose d’or- thèses pour membres inférieurs alors que la Sécurité sociale le prend en charge. Si des familles ne le demandent pas, elles ne l’ont pas ! C’est aussi pour elles que je me bats.” La famille a créé l’association “Walking with paraplegia”, la première à se lancer dans cette démarche. Elle veut utiliser tout ce qui est possible pour réduire la paraplégie de Raphaël. Raph’ vit sa vie à l’envers mais l’avenir ne lui fait plus peur. Son courage force le respect. n E.Ch.

“Il a déjà réussi à contracter des muscles.”

L’aider : https://association-wwp.com ou walking with paparaplegia sur Facebook ou raphael.tkiar@yahoo.com

Un arbre-habitat recensé ressemble à cela (photo Parc du Doubs).

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