La Presse Bisontine 209 - Mai 2019

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p. 4 La directrice de l’hôpital “Pas d’économies au détriment du personnel”

p. 10 Collectif “Besançon Métropole 2020” L.R.E.M. : la bataille interne est lancée

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n°209 - Mai 2019

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Ils seront orphelins de Léo-Lagrange

Tontons flingueurs Après le temps de la contestation, puis celui de l’émotion, il y a le temps des annonces, qui ne mettra pas pour autant un point final à la longue crise qui secoue le pays depuis des mois. Ces temps trou- blés au plan national ne sont pas dissipés que celui des bagarres locales commence à pointer. La bataille de Besançon pour les prochaines municipales couve pour l’instant à petits feux que lamoindre étincelle aura tôt fait d’embraser. C’est bien sûr la succession de Jean-Louis Fousseret qui se joue en ce moment au sein même de ses troupes. Le maire qui règne sur cette ville en maître depuis 2001 n’a pas choisi de successeur, officiellement. Il n’a pas non plus choisi de soutenir le seul candidat à la candidature pour l’instant déclaré, à savoir Éric Alauzet. Doit-on remonter à leurs anciennes discordes d’avant 2001, ou au calamiteux référendum sur le T.G.V. qui les avait opposés à l’époque et dont se souviennent seulement les férus de politique locale ? Nul ne connaît vraiment le motif de leur profonde discorde cachée sous le vernis des amabilités. Il n’em- pêche  : le maire sortant veut maîtriser sa sortie et la prépare. Le collectif créé mi- avril sous sa bienveillante houlette, baptisé “Besançon Métropole 2020” a certes l’ob- jectif louable de fédérer les forces, les idées, les projets et les bonnes volontés pour donner la possibilité à une liste estam- pillée En Marche de poursuivre le travail de bâtisseur qu’il a mené pendant près de vingt ans. Mais ne nous leurrons pas : ce collectif est évidemment là pour mettre sur orbite une candidature alternative à celle d’Éric Alauzet, et tout est mis en œuvre pour que d’ici fin juin, la commission nationale qui désignera le ou la candidat(e) choisisse les futurs poulains adoubés par M. Fousseret. On s’apprête sans doute à assister dans les deux mois qui viennent à ces bagarres intestines qui risquent de donner, à nouveau, l’impression amère d’un certain déjà-vu. Les querelles et oppo- sitions d’idées font naturellement partie du débat et sont même nécessaires à la respiration démocratique. Mais il apparaî- trait pour le moins gênant de devoir assister à des règlements de compte à la manière de Tontons flingueurs de la politique locale au sein même d’un parti qui revendique d’incarner le nouveau monde. n Jean-François Hauser Éditorial

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. La F.N.A.C. arrive - enfin - à Besançon

C’ est sans doute le ser- pent de mer le plus long de l’histoire com- merciale bisontine. Maintes fois annoncée, puis démentie, l’ar- rivée de la F.N.A.C. à Besançon est - enfin – une réalité. L’en- seigne multimédia a ouvert ses portes le 19 avril au sein du centre commerial de Château- farine à proximité de l’entrée de Géant. “La F.N.A.C. Besan- çon est dirigée par Jean-Luc Muller. Ce nouveau magasin s’étend sur une surface de vente de 1 400 m² et emploie 35 col- laborateurs” précise l’enseigne. Outre les différents univers clas-

présence permettra aux clients d’accéder aux millions de pro- duits disponibles sur Fnac.com et de choisir de se faire livrer un produit commandé en ligne dans leur magasin à Besançon ou à leur domicile” ajoute la direction. Ces dernières années dans le Doubs, elle avait successive- ment créé des magasins à Mor- teau, puis à Pontarlier. Il ne lui manquait plus que l’ex-capitale comtoise. C’est désormais chose faite. Le magasin F.N.A.C. de Châteaufarine ouvre ses portes du lundi au samedi de 9 h 30 à 20 heures. n

siques chez F.N.A.C. - livres, audio, vidéo, jeux vidéo, micro- informatique, téléphonie, photo, son, T.V., papeterie-carterie… - le magasin bisontin propose également son service billetterie. “Les offres de cartes-cadeaux et coffrets-cadeaux seront éga- lement proposés aux clients.” En ouvrant ce nouveau maga- sin, l’enseigne poursuit sa stra- tégie “multicanal”, c’est-à-dire qu’elle mise désormais autant sur les ventes par Internet que sur la création de magasins physiques, surtout des moyennes surfaces et dans des villes moyennes. “Cette double

La pelouse de Léo-Lagrange sera entièrement changée. Cinq mois d’indisponibilité.

D u 27 mai au 4 octobre, le stade Léo-Lagrange sera indisponible. Le Racing et le B.F. Besançon devront déménager à Saint- Claude, Rosemont, ou à la Malcombe pour jouer les pre- miers matches de la saison 2019-2020. En raison du mauvais état général de la pelouse, la Ville lance une opération de réfec- tion complète “qui nécessite une immobilisation consé- quente de l’installation afin de permettre au gazon un enracinement durable dans le sol” indique la Ville. Coût de l’opération : environ 200 000 euros. Depuis quelques années, “le feuilleton pelouse” est devenu un casse-tête : dès les pre- miers frimas de l’hiver, le gazon de Léo-Lagrange est impraticable, obligeant le report des matches. Le chan- tier était inévitable : “Cette pelouse a plus de 20 ans, on avait des problèmes de drai- nage : il fallait donner de meil-

leures conditions à nos clubs” indique l’adjoint aux sports Abdel Ghezali. La direction des Espaces verts est char- gée du chantier qui n’est pas sans conséquence : “On va perdre les recettes des entrées, notre capacité à ven- dre des matches à nos par- tenaires (environ 5 000 euros). Nous avons demandé à la Ligue de football de com- mencer nos matches à l’ex- térieur” témoigne Roland Girard, président du Racing. Les footeux regrettent de n’avoir pas été consultés sur le choix de la pelouse : “On aurait aimé un terrain hybride, mi-pelouse naturelle, mi-syn- thétique.” “Le prix n’est plus le même !” répond Abdel Ghezali. C’est environ quatre fois plus coûteux. Il faut espé- rer que l’été ne réserve pas une sécheresse identique à l’an dernier, sans quoi la reprise du gazon serait remise en cause faute d’arrosage. À moins d’une dérogation… n

Le magasin F.N.A.C. de Besançon-

Châteaufarine a été inauguré le 18 avril dernier.

“Montrer aux Vaîtes que tout n’est pas à jeter”

L’ association du Jardin des Vaîtes, avec F.N.E. 25-90, a déposé un recours au Tribunal administratif de Besançon contre l’arrêté préfectoral qui autorise le porteur de projets à réaliser des travaux en vue de construire l’éco- quartier malgré la présence d’espèces protégées. L’audience est fixée le 2 mai à 14 h 30. Anne Vignot, élue Europe Écologie-Les Verts en charge des espaces verts à la Ville de Besançon tient à rebondir au dossier consacré à l’autonomie alimen- taire (La Presse Bisontine 208) dans lequel nous présentions l’activité de deux maraîchères installées justement aux Vaîtes, dans des anciennes serres rache- tées par la Ville : “Il est bon de rappeler que c’est le service urbanisme de la ville qui s’était engagé à ne pas détruire les

serres rachetées à Monsieur Savonet pour permettre l’installation d’une activité. Ensuite, j’ai été en relation avec l’asso- ciation des Micro-fermes et nous avons accepté de louer ces terrains à des maraî- chers qui sortaient de la pépinière. On le voit : leur activité fonctionne. Oui, il y a un potentiel économique. Je rêve de démontrer toute la pertinence de cette activité, montrer que tout n’est pas à jeter ou à bétonner, montrer aussi que les politiques ne sont pas tous pourris et que le bail de 8 ans pourra se pour- suivre.” Les professionnelles en question seront ravies de l’apprendre. n

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645

Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Avril 2019 Commission paritaire : 0220 D 80130

Un exemple qui montre que le maraîchage aux Vaîtes fonctionne…

Crédits photos : L.P.B., A.F.B., O. Bizard, Dircom Justice, M. Grosjean, J. Renard.

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L’INTERVIEW DU MOIS

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SANTÉ

La directrice générale du C.H.R.U. de Besançon

“Les économies ne se font pas au détriment du personnel” Sa parole est rare. Directrice du Centre hospitalier

universitaire de Besançon, Chantal Carroger évoque son projet d’établissement (2020-2024). Conditions de travail, vente de Saint-Jacques, réorganisation des urgences, finances, embauches, elle répond.

L a Presse Bisontine : Commençons par l’actualité. Le procès entre l’hôpital et le professeur Philippe Humbert, poursuivi pour diffamation, a été rendu en avril.Votre commentaire alors que lemédecin se pourvoit en cassation ? Chantal Carroger : Je retiens ce qu’a dit le président du tribunal au pro- fesseur : il y a une ligne rouge à ne pas franchir. On ne peut pas comme le Pr Humbert l’a fait déshonorer un hôpital sans en apporter la preuve. C’est lui qui nous attaque en disant que “le C.H.R.U. ferait des chimiothérapies pour de l’argent” sans en apporter lamoindre preuve. C’est scandaleux. L.P.B. : On vous sent personnellement tou- chée. C.C. : Je l’ai été car il a écrit et dit que “la directrice n’en a rien à faire des malades.” Cette phrase est fausse, d’où mon dépôt de plainte à titre personnel. Si je fais ce métier, c’est parce que j’aime l’humain ! Ma mère fut infirmière 30 ans dans un hôpital,ma sœur l’est également, je baigne aux côtés de ces gens qui travaillent, qui ont des métiers dif- ficiles. J’ai de l’admiration pour les soignants, je crois au service public, à l’égalité des soins. L.P.B. :Vous aimez l’humain, certes, mais votre rôle est de gérer le budget d’un mas- todonte (7 000 fiches de salaire tous les mois). Avez-vous réussi le pari d’un retour à l’équilibre financier ? C.C. : L’hôpital est à l’excédent depuis 2017. On termine 2018 avec + 1,6 million d’euros sur un budget annuel de 548 millions d’euros. Sur 32 C.H.U. en France, 17 sont en déficit, Besançon fait partie des 15 à l’ex- cédent. L.P.B. : Ces économies se font-elles sur le dos des personnels dont certains se disent à bout ?

380 personnes accueillies (10 000 de plus qu’en 2015). On opère éga- lement davantage avec 27 000 inter- ventions au bloc opératoire. L.P.B. :Vous écrivez le projet d’établissement 2020-2024.Voulez-vous conduire le C.H.R.U. vers un établissement qui centralise toujours plus ? C.C. : Je ne suis pas là pour croquer les autres ! Au contraire, un des axes est de pousser le C.H.R.U. hors ses murs avec le développement d’équipes médicales territoriales là où il le faut. Exemple avec Dole (N.D.L.R. : le service chirurgie a été fermé, occasionnant un report de patients à Besançon) où une équipe médicale de l’hôpital consul- tera puis opérera d’ici deux ans là- bas. Il faut revenir au plus près de la population. Je veux aussi mieux travailler avec les libéraux pour un exercice mixte, qu’ils puissent par exemple s’organiser sur des horaires en début de soirée pour que tous les patients n’arrivent au C.H.U. Nous avons aussi besoin des spé- cialistes en ville. Autres axes : accompagner la télémédecine, tra- vailler sur l’évolution des métiers, développer l’intelligence artificielle. L’hôpital a une responsabilité éco- nomique, sociétale, environnemen- tale. L.P.B. : Parmi les grandes étapes à avenir, il y a la vente de Saint-Jacques. Avez-vous un acheteur ? C.C. : Trois opérateurs sont en course. Nous déciderons dans les prochaines semaines qui d’Eiffage, Bouygues, Vinci, sera désigné.Une fois ce choix, nous connaîtrons le prix de vente. Nous sommes en négociation. L.P.B. : Où déménageront les 300 agents qui restent encore à Saint-Jacques ? C.C. : À Minjoz dans un bâtiment que nous allons construire à droite du bâtiment vert pour un montant de 6 millions d’euros. Il faudra déplacer l’institut médico-légal, la psychiatrie, la direction… Nous nous devons d’être au cœur du réac- teur ! La partie administrative remontera à Minjoz en 2021. L.P.B. : Même si vous les rencontrez déjà, vous serez donc au plus près des agents dont certains se disent à bout. Y a-t-il un malaise à l’hôpital ? C.C. : On dit toujours qu’il y a plus de travail et moins de moyens. C’est faux. La Chambre régionale des comptes a écrit qu’entre fin 2011 et début 2016, nous avons créé 309 postes. On peut estimer que ce n’est pas assez mais nous avons des dif- ficultés pour embaucher des infir- mières. Nous avons développé l’am- bulatoire, ce qui nous permet de réaffecter du personnel à d’autres tâches.

La directrice du C.H.R.U. de Besançon Chantal Carroger.

an avec son chef de service. L.P.B. : Vous combattez certaines pratiques comme le sexisme pré- sent en milieu hospita- lier. C.C. : J’y veille en tant que femme. Depuis que je suis en poste, quelques-unes de ces pratiques me sont remontées. Je les ai traitées.Avec les liens hiérarchiques, des femmes s’écrasent et cela, je ne l’accepte pas. Des conférences ont lieu à ce sujet.

L.P.B. : Pourquoi certains agents disent alors être à bout de souffle ? C.C. : Déjà, ce ne sont pas tous les agents. La manière de travailler a changé. Avant, vous étiez en poste du lundi au vendredi, vous établis- siez un lien avec le patient. À la demande du personnel et des syn- dicats, le travail de 12 heures s’est développé car il permet de travailler 13 jours dans le mois, ce qui réduit les coûts de nounou, de transport. Mais les jours où vous travaillez, c’est lourd. Lorsque vous revenez de repos, vous vous rendez compte que le patient est parti. Oui, la prise en charge plus rapide déstabilise, et oui, le lien avec le patient et entre les équipes s’est perdu. En raison des 35 heures, le temps de chevau- chement entre les professionnels a diminué. On a moins le temps de demander au collègue s’il va bien. L.P.B. : Moins d’esprit d’équipe explique- t-il la hausse de l’absentéisme en 2018, à 8,41 % contre 7,95 % en 2017 ? C.C. : Je n’en sais rien. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé un audit pour comprendre. L.P.B. : Une grève a touché les urgences. Qu’avez-vous fait pour ce service qui est en première ligne face aux incivilités ? C.C. : Un plan d’actions a été mis en place avec 63mesures. Quelques exemples : on réfléchit à mettre un cabinet de médecins libéraux dans les urgences, qui pourrait faire de la petite urgence, on sécurise l’entrée, on réfléchit au temps de travail, au management qui est à revoir.Unmédecin doit par exemple avoir un entretien d’évaluation par

avéré ? C.C. : Ce sujet a inquiété mais une réunion avec le préfet et d’autres responsables a permis de trouver une solution. Nous le garderons. L.P.B. : Quels seront les grands chantiers d’infrastructures à venir ? C.C. : Refaire les salles de réani- mation, terminer le chantier de réhabilitation de la tour Minjoz dont la livraison est prévue en 2024. Sur 128 millions d’euros investis dans la tour, déjà 77 millions ont été réalisés, dont 29 millions pour le désamiantage. L.P.B. :À ce sujet, pourquoi un pourvoi en cassation dans le dossier amiante ? C.C. : C’est du droit pur. Je l’ai dit aux agents : “On ne fait pas cela parce que l’on ne veut pas payer ou que l’on ne veut pas reconnaître le préjudice.” L.P.B. : Ravie d’être le capitaine de ce navire qui s’étend encore dans le cadre du Groupement hospitalier ? C.C. : Oui. Dans les tempêtes,mieux vaut être à la barre d’un paquebot que sur un yacht, bien qu’un paque- bot soit plus difficile à manœuvrer. Je préside le Groupement hospita- lier de territoire (G.H.T.) qui s’agran- dit avec l’arrivée en 2020 des hôpi- taux de Saint-Ylie et de Novillars (psychiatrie). Encore une fois, je ne veux pas “bouffer” les voisins pour dire que le C.H.U. est le roi du monde. Il faut maintenir des pla- teaux partout. À nous de le relier avec des équipes qui sortiront de nos murs. n Propos recueillis par E.Ch.

Bio express

l Chantal Carroger est titulaire d’une maîtrise de droit public et diplômée de l’École nationale de santé publique. Elle commence sa carrière en 1986 au Centre hospitalier de Thiers. En janvier 1996, elle devient chef d’établissement de l’hôpital de Decize dans la Nièvre, de Tulle (2003-2004), puis du C.H.R.U. de Reims pendant 4 ans. Elle poursuit sa carrière à Rodez en qualité de chef d’établissement (2009-2011), puis directrice générale adjointe du C.H.U. de Nice, où elle exerce jusqu’en septembre 2015. 2015, elle est nommée directrice générale du C.H.R.U. de Besançon. l l Le 1 er octobre

“L’hôpital devra être hors les murs.”

C.C. : Non, ce n’est pas au détriment du personnel. Nous avons créé 309 postes depuis sur 5 ans, dont 60 l’an dernier. Nous sommes parvenus à ce retour à l’équi- libre grâce à une rigueur dans les cotations des actes. Le nombre de patients hospitali- sés augmente de 3 % par an, soit 54 590 patients accueillis en 2018, le chiffre des consultations gran- dit (769 000), comme celui du passage aux urgences avec 89

L.P.B. : Le Conseil d’État souhaite réduire le nombre d’hôpitaux en France possédant le U d’Universitaire. Besançon est-il sur la sellette ? C.C. : Non. Ce qui a été demandé par le Conseil d’État n’a pas été validé par le Premier ministre. En revanche, il a été demandé de tra- vailler en réseau pour être plus fort en recherche. Ce sera un défi. Entre Dijon et Besançon, nous avons des forces et des difficultés mais pas de tête de pont : il faut nous réunir sans position hégémonique de l’un sur l’autre. Nous sommes un petit C.H.U. mais nous avons de vraies réussites en cancérologie, sur le cancer du pancréas, en chirurgie pédiatrique, en intelligence artifi- cielle… L.P.B. : Les risques de perdre l’hélicoptère de la sécurité civile, sous-utilisé, est-il

“Une réflexion pour un

cabinet de médecins aux urgences.”

BESANÇON

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PARCOURS Danse Une étoile montante de la danse Éline, 15 ans, a quitté son cocon familial de Besançon après avoir été repérée par le célébrissime danseur Patrick Dupond et la chorégraphe Leïla Da Rocha.

Éline, bientôt 16 ans, a inté- gré il y a un an et demi l’école dirigée par le danseur étoile Patrick Dupond.

I l est à la fois si proche et si loin le temps où Eline Dhel- lemme dansait, en solo, sur la musique de Christine and The Queen à l’audito- rium de Besançon devant une centaine de personnes. C’était il y a trois ans.Alors collégienne à Victor-Hugo dans la classe à horaires aménagés de musique, elle avait osé se lancer, seule, face au public pour son projet de fin d’année. Courageux. Sa prestation donne encore la chair de poule à Isabelle, sa maman, qui la soutient mais qui ne l’a jamais poussée à devenir dan-

s’autogère, fait ses courses, cui- sine, vit en colocation avec les 15 autres danseurs. “Cela fait deux ans que l’on partage sa vie, commente Patrick Dupond accompagné de Leïla. Éline est une artiste en devenir, elle se réveille danse, elle respire danse. Elle a don mais il lui faudra encore 99 % de travail pour réussir. C’est une élève travail- leuse” juge le professionnel. Lucide du travail qui lui reste à accomplir, la Bisontine témoigne de “sa chance de tra- vailler avec de si grands pro- fessionnels, dit-elle. Patrick est

D’ici là, la dernière de la fratrie (elle a deux sœurs) travaille dur. Elle suit ses cours de seconde par correspondance, enchaîne les heures de

seuse professionnelle. Depuis 2017, la Bisontine de 15 ans a migré à Bordeaux pour intégrer l’AcadémieWhite Eagle Danse, une académie créée et dirigée par la chorégraphe Leïla Da Rocha et le danseur étoile de l’Opéra de Paris Patrick Dupond, connu par les plus jeunes pour ses apparitions dans les émissions Prodige ou Danse avec les Stars. Elle a pourtant failli ne jamais y entrer : “Au départ, nous l’avons recalée car nous pensions, à tra- vers son corps, qu’elle avait 17 ans… alors qu’elle n’en avait

simple, généreux, naturel, il y a beaucoup de respect mais pas de hiérarchie. L’académie nous forme à être des danseurs mais surtout à devenir des artistes avec des causes à défendre, de s’intéresser au monde qui nous entoure !” explique la lycéenne. Cet été, l’Académie conduit six de ses élèves à New-York. Eline sera du voyage. Une partie de son rêve va se réaliser. En atten- dant, chacun peut sponsoriser la jeune artiste via le site de l’académie (white-eagle- dance.com).. n E.Ch.

que 14. Mais elle nous a bluffés par sa maturité” se souvient Leïla Da Rocha. Patrick Dupond rappelle le papa après avoir revu son jugement. “Peut-être l’attitude de notre fille a joué en sa faveur. Au lieu de pleurer quand Patrick Dupond lui a annoncé qu’il ne la retenait pas, elle lui a sauté au cou pour le remercier de l’avoir regardée danser” narre la maman. Eline possède une force de caractère. Son rêve : intégrer une com- pagnie de danse contemporaine comme danseuse soliste. Pour- quoi pas à New-York ?

“Patrick nous forme à devenir danseur et surtout artiste.”

danse sans se plaindre. “Éline a une énorme motivation” commente sa maman qui est allée lui rendre visite à Bor- deaux durant les vacances de Pâques. Sa fille

L’ÉVÉNEMENT

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LE COMMERCE DE CENTRE-VILLE DÉCLARE L’ÉTAT D’URGENCE

l Commerce 20 % de passagers en moins pour Ginko Au secours du commerce de centre-ville Se disant fortement impacté par les manifestations à répétition, les commerçants du centre-ville ont incité la Ville à engager un plan d’urgence pour redynamiser l’activité commerciale. La baisse de chiffre d’affaires le samedi se chiffrerait en moyenne à 20 %. Réactions.

La présence de manifestations à répétition tous les samedis en ville ferait fuir une partie de la clientèle. Les commerçants parlent d’une baisse de 20 % de leur activité. La Ville et la C.C.I. lancent un plan d’urgence.

C ertains parlent d’une baisse de 15 à 20 %, d’autres vont jusqu’à évoquer 50 à 60 % de perte. Si aucun ne pointe du doigt directement les gilets jaunes, ils ont tous à l’es- prit les manifestations à répé-

tition qui se sont succédé chaque samedi depuis le 17 novembre à Besançon, au départ concen- trées sur les zones périphériques et ensuite descendues au cen- tre-ville. Pour en savoir un peu plus sur l’impact de ces mani- festations, l’Union des commer-

çants de Besançon (U.C.B.) a interrogé un panel de plus d’une cinquantaine de commerçants du centre pour tenter demesurer les conséquences dumouvement social. Le maire de Besançon continue à soutenir que “le cen- tre-ville n’est pas mort” , il n’em- pêche : une frange de consom- mateurs pensent que le centre-ville est paralysé, voire infréquentable le samedi après- midi. “Il est clair que le centre- ville se désertifie en tout début d’après-midi le samedi et que beaucoup pensent que le tram ne circule plus du tout. Pour pré- server nos commerces qui se fra- gilisent, nous attendions un signe fort de la mairie. Ce plan d’ur- gence est le bienvenu” observe Cécile Girardet, la présidente de l’U.C.B. Selon le maire, le mal ne date pas du mouvement des gilets jaunes, il est plus ancien. “Je pense que ça remonte aux tra- vaux du tram quand une cer- taine frange de commerçants disaient “Ne venez pas au cen- tre-ville, c’est Beyrouth ! ” Ceux- là ont fait du tort. Ce plan d’ur- gence doit donc aussi contribuer

Le maire de Besançon, Dominique Roy, président de la C.C.I. du Doubs et Thierry Morton, adjoint bisontin au commerce.

Les principales mesures du plan l Les parkings de Besançon à 1 euro la demi-journée, de 12 heures à 19 heures jusqu’au 13 juillet. l La gratuité du bus et du tram à partir des parkings-relais chaque samedi jusqu’au 13 juillet. Une ligne téléphonique dédiée aux commerçants et artisans pour les aider dans leurs démarches (06 77 69 93 61). l La prolongation des Samedis piétons jusqu’en mars 2020. l L’ouverture au centre-ville dès le mois de mai d’une conciergerie (dépôts des poussettes, prêt de parapluies…). l La mise en place d’un village de food-trucks à proximité du cinéma Marché-Beaux-arts. l Un plan de communication pour promouvoir le commerce de centre-ville par un affichage dans un rayon de 200 km. Coût global du plan : 300 000 euros

contraint de s’arrêter aux arrêts Chamars (quand ce n’est pas Polygone) et République. Selon Laurent Sénécat, le directeur

geurs, ça commence à compter.” Les deux mesures les plus emblématiques de ce plan d’ur- gence qui court jusqu’au 13 juil- let (voir ci-dessous) sont les par- kings à 1 euro l’après-midi et la gratuité des transports en com- mun depuis les parkings-relais. Sera-ce suffisant pour relancer l’activité commerciale du cen- tre-ville qui souffre, comme tous les autres centres-villes de France, de la concurrence des zones périphériques toujours plus fortes et des achats sur Internet toujours plus nom- breux ? n J.-F.H.

à redonner de l’attractivité au centre-ville et à montrer à tout le monde que ce centre est bien vivant, avec des commerçants dynamiques et motivés.” Pour Dominique Roy, le président de la C.C.I. du Doubs, c’est “la peur des manifestations et surtout des débordements qui entraînent cette baisse de fréquentation.” Il estime aussi que pour donner sa chance au centre-ville, “il faut arrêter de développer les zones commerciales tous azimuts.” Le mouvement des gilets jaunes a également des effets notables sur l’activité de Ginko puisque bien souvent le tram est

du réseau Ginko, “nous enregistrons 20%de baisse sur l’usage du réseau Ginko. 20 % de fré- quentation en moins sur des samedis où on enregistre entre 65 000 et 70 000 voya-

“Il faut arrêter de développer les zones commerciales.”

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l Réaction La présidente de l’U.C.B. “On demande que ce plan soit

prolongé au-delà de juillet”

Cécile Girardet, commerçante et

présidente de l’Union des commerçants de Besançon, se satisfait de constater que les autorités ont pris en compte les difficultés

et finalement nous avons obtenu le parking à 1 euro entre 12 heures et 19 heures. Il faudra sans doute attendre plusieurs semaines encore pour tirer un premier bilan, mais ça va vrai- ment dans le bon sens. Certains clients souhaiteraient encore la gratuité,mais il faut savoir aussi se satisfaire de cette belle avan- cée qui sert tout le monde. On sait que cette question du sta- tionnement cristallise tout à Besançon. La deuxième mesure principale selonmoi, c’est le bud- get communication débloqué pour communiquer jusqu’en Suisse. Il est clair que depuis décembre, la clientèle suisse a quasiment disparu. Ce plan est une étape avant une autre.

des fêtes et le début des soldes. Avant novembre, les choses allaient plutôt bien de l’avis général et la situation s’est dégradée en décembre. Il est évi- dent que les manifestations des gilets jaunes ont un impact réel. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé des gestes forts à la municipalité. L.P.B. : Vous considérez donc avoir obtenu satisfaction avec ce“plan d’ur- gence” ? C.G. : Nous avions réclamé le parking gratuit entre 12 heures et 14 heures tous les jours de la semaine, unemesure qui nous a été refusée. Le plan B, c’était le parking gratuit le samedi entre 15 heures et 19 heures,

L.P.B. :Que souhaiteriez-vous de plus ? C.G. : On demande que ce plan soit prolongé au-delà du 14 juil- let et qu’il soit valable toute l’an- née. Même chose pour les cam- pagnes d’affichage jusqu’en Suisse. Il est nécessaire que ce genre d’opérations soient conduites toute l’année à l’occa- sion de grands événements, et notamment en fin d’année. Les avances de trésorerie à taux 0 mises en place par le Conseil départemental vont également dans le bon sens. La trésorerie est le nerf de la guerre pour un commerçant et il y a parmi nos collègues certains qui sont vrai- ment limites en trésorerie.

conjoncturelles du centre-ville.

Cécile Girardet tient un magasin de chocolats et de thés rue des Granges.

L a Presse Bisontine :La situa- tion du commerce est-elle réellement tendue au cen- tre-ville ? Cécile Girardet : J’avais sollicité un rendez-vous avec le maire de Besançon fin janvier parce que oui, la situation était tendue. J’avais des échos très moyens de mes collègues pour la période

expliquer les choses, faire de la pédagogie. Par exemple oser dire que s’il y a quelques vitrines vides, c’est souvent parce que les propriétaires veulent imposer des loyers beaucoup trop élevés. Il faut que les gens prennent un peu de recul par rapport à leur ressenti ou aux a priori. n Propos recueillis par J.-F.H.

le moral ? C.G. : Il est indispensable de faire passer un message positif, surtout dans la période que l’on traverse. Dire qu’à Besançon, il y a du parking pour se garer, dire que cette ville est attractive. Ceux qui me disent que non, je les invite à aller voir dans d’au- tres villes pour comparer. Et

L.P.B. : Les commerçants retrouvent

l Témoignage Place de la Révolution Culinarion aux premières loges

Polémique “La fermeture de la cote de Morre

est une catastrophe” L a polémique de la fermeture jusqu’au 2 août dans le sens descendant de la côte de Morre enfle. Une réunion entre les services des routes et l’Union des commerçants devait se tenir jeudi 25 avril, à 19 h 30, à la C.C.I., pour trouver une solution. “Ce sera une catastrophe pour le marché Beaux-arts de Besançon, pour les commerçants du centre-ville car 15 000 véhicules passent par là tous les jours ! Qui l’a décidé ?Avec qui ? L’automobiliste qui descendra par les Mercureaux ne viendra plus au centre-ville” évoque Benoît Vuillemin qui représente A.S.A. Grand Besançon et tourisme, une commission qui travaille pour la Chambre de Commerce et d’In- dustrie du Doubs pour l’attractivité du commerce. Il espère obtenir gain de cause : à savoir l’accès dans le sens descendant. Le donneur d’ordres a émis la possibilité d’ouvrir le week-end dans le sens descendant sans toutefois l’inscrire dans le marbre. D’où l’inquiétude palpable des commerçants de Rivotte, de la rue Bersot, et plus généralement du centre. n

L’enseigne spécialisée dans les accessoires de cuisine qui a ouvert ses portes au démarrage du mouvement subit tous les samedis la présence des manifestations.

Le magasin Culinarion a ouvert ses portes au démarrage du mouvement des gilets jaunes.

L a coïncidence pourrait faire sourire : le magasin Culi- narion de Besançon, enseigne spécialisée dans les accessoires de cuisine, a ouvert ses portes le 16 novembre dernier, le jour de l’inauguration du musée des beaux-arts, avec la venue d’Em- manuel Macron qui avait paralysé le centre-ville toute la matinée. C’était également la veille du démarrage dumouvement des gilets jaunes. Depuis, Stéphanie Clerget- Buhr et sonmari sont aux premières loges pour suivre le va-et-vient des manifestants sur la place de la Révo- lution. Après bientôt cinq mois de mouve- ment social, il est difficile pour la gérante de tirer des conséquences

scientifiques sur l’impact des gilets jaunes sur son activité. Mais “il est clair qu’entre 13 heures et 15 heures, il n’y a pas beaucoup de clients sur la place. Beaucoup de nos clients nous disent qu’ils ne viennent plus en ville le samedi après-midi et qu’ils viennent par conséquent soit en semaine, soit le samedi matin. Si on ne peut pas tirer de conclusions hâtives sur les répercussions du mouvement, on peut dire que dans le contexte, ça n’aide pas” souligne Stéphanie Clerget-Buhr. C’est dire si le plan d’urgence annoncé par la Ville est accueilli avec soulagement par la gérante de Culinarion. “Le parking à 1 euro pour tout l’après-midi et le transport en commun gratuit, ça va forcément

redonner de l’attractivité au cen- tre-ville” estime la commerçante originaire de Belfort qui pense que Besançon reste “une ville très attrac- tive dont le centre-ville allie le côté culturel et le côté shopping.” Beau- coup plus sympa que Dijon à l’en- tendre. Culinarion est pour l’instant “dans

le prévisionnel qu’on s’était fixé. Mais on tirera les premières conclu- sions au bout d’un an. Ce plan d’ur- gence va forcément nous faire du bien à tous, d’autant que la Ville a prévu de lancer un plan de commu- nication pour toucher les gens de l’extérieur.” n J.-F.H.

ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°209 - Mai 2019

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Vers de nouvelles propositions l Analyse - 15 à 30 % selon les semaines Bien accueilli par les gérants du magasin “L’Air de rien”, le plan présenté par la Ville n’est selon eux qu’un premier pas. Ils veulent enclencher la suite.

L’Alsacien, l’exception qui confirme la règle l Grande rue Le spécialiste des Flammeküche Mikaël Duffau, le gérant du restaurant L’Alsacien installé 2, quai Vauban, à côté du pont Battant, est en première ligne des rassemblements de gilets jaunes. Mais ne souffre aucunement du mouvement.

P our les responsables du magasin “L’Air de rien”, situé au bas de la rue des Granges, le plan dit “d’urgence”, bien qu’ils réprouvent ce terme, est une étape nécessaire, cependant insuffisante. “Il faudra aller plus loin, estime Pascal Arnoud, le gérant de ce magasin spécialisé dans la décoration et l’équipement de la maison. L’U.C.B. et les com- merçants ont été entendus, c’est très bien, mais l’étape suivante devra être enclenchée en organisant des réunions de travail entre nous, unir nos forces, échanger pour aboutir à une nouvelle série de propositions bien structurées qu’on soumettra à la municipalité.Mais il faut surtout harmoniser nos propositions” développe le commerçant qui a fait ses comptes : “Nous sommes désormais en deçà des chiffres que l’on faisait jusqu’en novembre. La dégringolade date surtout dumois de janvier. Et entre janvier et aujourd’hui, les samedis ont tous été en demi-teinte.” Lui et son épouse ne comptent plus les clients

disant avoir rebroussé chemin le samedi face aux manifestations, sans parler de la clientèle suisse qui a déserté. M. Arnoud le mesure au nombre de détaxes qu’il effectue, en chute libre. La baisse d’activité, le couple Arnoud l’estime “entre 15 et 30 % selon les semaines. ”

Ils ne sont pourtant pas du genre à baisser les bras, d’au- tant qu’ils sont persuadés que le centre-ville de Besançon a tous les atouts pour réussir. Les responsables de l’enseigne“L’Air de rien”estiment aussi que “tout ne doit pas reposer sur les élus. En tant que commerçants, nous avons le rôle principal à jouer en misant sur l’accueil et l’at- tractivité de nos boutiques.” Le cœur du sujet selon eux. n J.-F.H.

“Aboutir à une nouvelle série de propositions.”

Mikaël Duffau (à droite) et son col- laborateur Matthieu n’ont ressenti aucune baisse d’activité, au contraire.

O n pourrait penser que le restaurant L’Alsacien est une des premières vic- times de la baisse de fréquen- tation du centre-ville lui qui tous les samedis voit se garer devant sa devanture un car de C.R.S., posté là pour prévenir les débordements. Il n’en est rien, bien au contraire, à tel point que Mikaël Duffau, le directeur, ose à peine avouer qu’il “cartonne : nous faisons + 60 % par rapport à l’année dernière à la même époque…” dit-il. Il faut dire que l’emplacement privilégié du restaurant qui est une des toutes premières achats effectués sur Internet concernent en fait des produits qui se trouvent à portée de main de l’acheteur” , précise son associé. L’intérêt de leur application se résume à “relier les deux mondes.” “On est un peu sur la même situation que les cartes routières d’autrefois, à qui on préfère aujourd’hui le G.P.S.Tee- kers, c’est le G.P.S. du commerce.” Les deux entrepreneurs y voient aussi une manière de restaurer l’attractivité des centres-villes, en répondant à “une nouvelle culture de consommation.” “La transformation digitale du com- merce physique de proximité est un enjeumajeur pour l’économie locale” , estimeAlaé Quarjouane. “Teekers permet de savoir quel produit est disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, de le réserver et de venir le retirer quand on le souhaite lors d’une

terrasses de Besançon quand on arrive au centre-ville, allié à une météo plutôt clémente depuis le printemps contribue à la bonne santé de l’établis- sement. Mieux : les gilets jaunes s’arrêtent bien volon- tiers boire une bière ou siroter

dynamique si on la compare avec certaines autres villes de la même taille. On voit égale- ment beaucoup d’étrangers ici, de plus en plus.” Lorsque l’activité bat son plein, L’Alsacien peut employer jusqu’à 16 personnes avec les extras. Le mouvement des gilets jaunes n’a en rien per- turbé le développement de cette adresse prisée des amateurs de tartes flambées.Mikaël Duf- fau prend le plan d’urgence annoncé par laVille avec d’au- tant plus de satisfaction que le tram s’arrête (hors samedis des gilets jaunes) à deux pas de son restaurant. n J.-F.H.

un café le samedi après- midi avant ou après leur manifestation. Le gérant qui vient du Pays Basque estime d’ailleurs que “Besançon est une ville parti- culièrement

Valérie et Pascal Arnoud ont repris le magasin “L’Air de rien”

On voit également de plus en plus d’étrangers.”

en août dernier.

l Commerce Le virage de la vente en ligne “Teekers, c’est le G.P.S. du commerce”

Présenté comme l’Amazon du circuit court, l’application Teekers veut gagner en visibilité et lancera une grande campagne de communication à partir du 17 mai. Pour booster les utilisateurs et les commerçants sur Besançon.

F aire ses achats locaux en ligne, c’est possible. Tout en conservant la relation de proximité avec son commerçant. C’est en tout cas ce qu’entendent déve- lopper Alaé Quarjouanne et Jean-Georges Tonon, les deux entrepreneurs francs-comtois à l’origine de Teekers. Leur appli- cation, expérimentée depuis un an à Besançon, a eu du mal à prendre son envol, jusqu’ici confrontée à un certain nombre d’inerties et de résistances au changement.Mais cela pourrait bien évoluer. “Cela a été long, mais il y a aujourd’hui une vraie adhésion de tous les partenaires” ,

note Jean-Georges Tonon. “Depuis le début d’année, nous recrutons de nouveauxmagasins en leur présentant un plan d’ac- compagnement avec le soutien de la Ville et des représentants de commerçants.” Une campagne de communica- tion, prévue à partir de la mi- mai et durant tout l’été, appuiera la démarche sur la capitale com- toise “pour asseoir un premier volet d’utilisateurs, auxquels on proposera 60 à 70 commerçants (dans l’alimentaire, la mode, la coiffure…).” Les deux co-fonda- teurs aimeraient arriver d’ici la fin de l’année à une centaine de commerçants référencés, avec

chacun 150 produits ou services, pour atteindre les 15 000 offres en ligne. À Pontarlier, où Teekers a été lancé en novembre dernier, 100 commerçants se sont déjà digi- talisés, avec 1 500 articles en ligne. D’autres commerçants sont aussi référencés sur Belfort. L’objectif à court terme est de s’étendre à la grande région (Dijon, Beaune…), puis à d’au- tres villes de France d’ici 2022. “La vente en ligne sera de plus en plus incontournable” , souligne Jean-GeorgesTonon, qui rappelle que l’e-commerce et le commerce de proximité ne sont pas néces- sairement opposables. “80 %des

Alaé Quarjouane et Jean-Georges Tonon, co-fondateurs de Teekers, espèrent élargir leur cybershopping de proximité à d’autres villes.

çant, selon eux. “L’une des forces de Teekers réside aussi dans le service après-vente assuré loca- lement et le retour colis faci- lité.” n S.G.

cession shopping.” Si leur solution intègre bien aussi la livraison à domicile, elle n’est pas systématique et n’implique pas pour autant une perte du lien avec le commer-

10 DOSSIER BESANÇON

La Presse Bisontine n°209 - Mai 2019

POLITIQUE

Le collectif Besançon Métropole 2020 En Marche, le temps des idées et des projets

Besançon Métropole 2020 est présenté comme un “collectif citoyen et progressiste destiné à penser la ville et la métropole de demain.” Ce peut être aussi une rampe de lancement pour une candidature alternative à celle d’Éric Alauzet pour les municipales de 2020.

D e la présentation de ce collectif Besançon Métropole 2020 le 13 avril dernier, on peut tirer une première certitude. Le président de ce collectif, l’ex- socialiste Serge Bianconi l’af- firme d’entrée : “Je ne suis pas candidat à la mairie de Besan- çon !” Son ambition, à travers le collectif qui a réuni à son lan- cement une vingtaine de sym- pathisants est bien “d’ouvrir un nouveau chapitre pour la ville de Besançon et son aggloméra- tion”, après l’ère Fousseret qui est en passe de se refermer. “Nous souhaitons que Besançon

Alexandra Cordier, la vice-pré- sidente de ce “think tank”, ce laboratoire d’idées qui s’inscrit dans la droite ligne de la démarche initiée par La Répu- blique EnMarche dont la demoi- selle de 35 ans est la référente départementale. “Nous souhai- tons que le projet qui naîtra des réflexions du collectif soit le projet des Bisontins. L’incarnation vien- dra après, en juillet” ajoute-t- elle. Parmi les membres fondateurs de Besançon métropole 2020, on trouve Mathieu Farrero, réfé- rent jeunes à L.R.E.M. qui dit souhaiter “une certaine forme d’horizontalité dans les prises de décision, de la qualité dans les projets et du renouveau dans les têtes.” Myriam Lemercier, une des deux élus L.R.E.M. du conseil municipal à ne pas avoir rejoint la démarche lancée par Éric Alauzet, voit surtout dans ce collectif l’occasion de “réfléchir sur le vivre ensemble et la soli- darité à Besançon.” Pour Guerric Chalnot, autre figure montante de L.R.E.M. à Besançon, “après la période d’observation, nous devrons être en mesure de pro- poser une analyse et une

Le noyau dur du collectif

Besançon Métropole 2020.

démarche, des convictions que nous devrons mettre au service de l’intérêt général. Être capable d’arrondir les angles entre les différentes sensibilités, dans le but de progresser et faire avancer cette ville.” Sous le regard d’Éric Alauzet, invité surprise de cette réunion de lancement, Serge Bianconi l’affirme : “Ce qu’on met en avant, c’est d’abord une méthode, collective. Oui, c’est un peu une compétition. Mais à la fin, on comparera nos projets !” Un ange passe… n J.-F.H.

joue pleine- ment son rôle dans les années à venir. L’objectif de ce collectif est bien de réunir des talents pour imaginer les projets qui permettront d’ouvrir un nouveau cha- pitre de l’his- toire locale” embraye

RÉACTION “Je ne m’imagine pas d’autre issue que la candidature que je porte” Éric Alauzet qui s’était invité à la réunion de lancement du collectif Besançon Métropole 2020, regarde avec circonspection évoluer la situation au sein du mouvement En Marche. Il poursuit son chemin.

“L’incarnation viendra après, en juillet.”

Zoom “Je suis une option parmi d’autres”

L a Presse Bisontine : Avec le recul, comment analysez-vous le lancement de ce collectif ? Éric Alauzet : Tout le monde a du mal à comprendre la façon dont ce collectif a été lancé et qui n’est aucunement une initiative liée à En Marche, mais une ini- tiative individuelle. La plupart des adhérents du mouvement n’avaient été informés ni conviés au lancement de ce col- lectif. Personnellement, j’avais reçu un appel d’Alexandra Cor- dier la veille au soir pour m’in- former du lancement de ce col-

lectif, mais sans pour autant m’y inviter. L.P.B. :Apporterez-vous votre contri- bution à ce collectif ? E.A. : Ce collectif est censé pré- parer un projet mais voilà plus de six mois que j’y travaille avec les gens qui me soutiennent. J’ai justement choisi d’engager une initiative collective et les soutiens que j’ai déjà reçus me donnent une vraie légitimité pour continuer à avancer et à rassembler au-delà même des étiquettes politiques.

L.P.B. : Si ce collectif aboutit à la constitution d’une liste et que cette liste est investie par le mouvement En Marche fin juin, la soutiendrez- vous ? E.A. : Je ne m’imagine pas d’au- tre issue que la candidature que je porte.Alexandra Cordier ou un autre a toute latitude pour solliciter une investiture, mais il faut d’abord de la clarté. Et pour l’instant, leur démarche n’est pas très claire. n

Alexandra Cordier, discrète jusque-là,

L a Presse Bisontine : Ce collectif a-t-il, in fine, des visées élec- torales ? Alexandra Cordier : L’objectif est d’abord de construire un projet pour cette ville et cette agglo- mération et ce, collectivement. À une démarche individuelle, je souhaite que l’on oppose un collectif. Il s’agira ensuite de mesurer la dynamique que ce collectif sera capable de sou- lever. Je suis persuadée que les citoyens, tous les progres- sistes du centre-gauche au cen- tre-droite, se reconnaîtront dans cette méthode collective qui doit au final mettre en musique un beau programme. On espère qu’à travers ce nou- veau collectif, les idées fusent. glisse-t-elle au détour d’une phrase. Peut-être s’oriente-t-on même vers un ticket à deux têtes. commence à dévoiler ses intentions. “J’en ai envie”

Propos recueillis par J.-F.H.

Le collectif est présidé par Serge Bianconi (qui ne sera pas candidat) et Alexandra Cordier, la référente départementale d’En Marche et peut-être candidate à la candidature.

A.C. : Je suis une option parmi d’autres. Et j’en ai envie, mais on ne veut pas que les choses soient commanditées de Paris, c’est la raison pour laquelle nous souhaitons d’ici juin bâtir et valider un projet crédible qui permette aux Bisontins de pleinement s’épanouir dans cette ville et cette aggloméra- tion. n Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. :Avec une ou un candidat pour le porter ? A.C. : On peut aussi pourquoi pas imaginer un duo ville-agglo. Un des objectifs de ce collectif est aussi d’assurer un renou- vellement des visages, créer une nouvelle offre dans le pay- sage politique local.

Éric Alauzet était l’invité surprise de

cette réunion. Pas forcément du goût de Jean-Louis Fousseret…

L.P.B. : Que vous pourriez incarner ?

BESANÇON

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La Presse Bisontine n°209 - Mai 2019

P as vu, pas pris. Présente sur les réseaux sociaux et non pas au registre du commerce, cette enseigne POLÉMIQUE Vente à distance Quand alcool et cigarettes arrivent sur un plateau, sans autorisation Une obscure société livre sur la voie publique alcool et cigarettes à toute heure de la nuit à Besançon, en toute illégalité. “Je suis en règle, mais on m’empêche de travailler” M y Drink est une société qui a pignon sur rue à Besançon, rue de Dole, nommée “Boire facile chrono” (traduction de l’anglais) propose de livrer n’importe où à Besan- çon de l’alcool et des cigarettes de 18 heures à 7 heures, sans interruption. Rien de plus facile. Un appel téléphonique sur le numéro de portable suffit pour

Besançon interdit la vente à emporter et

à distance d’alcool à certaines

heures de la nuit. Ce n’est pas toujours respecté (photo D.R.).

Ce marché parallèle dans lequel se sont engouffrés des “auto- entrepreneurs” progresse en sous-marin aux dépens d’autres (lire par ailleurs) : “Nous faisons la chasse. Le C.O.D.A.F. (comité départemental anti-fraude) véri- fie et contrôle” assure l’élue char- gée de la sécurité. À l’inverse d’autres villes, Besan- çon a choisi de durcir cette vente d’alcool qui concerne aussi les épiceries de nuit.À elle d’assurer les contrôles en lien avec la Police. “Des commerçants ont critiqué cet arrêté parce qu’ils allaient perdre du chiffre d’af- faires et donc mettre la clé sous la porte. Cinq ans après, on se rend compte que ce n’est pas le cas” répond Danièle Poissenot. n E.Ch.

être livré à minuit d’une bou- teille de vodka (20 euros avec chips, mélange, et gobelets) au square Saint-Amour à Besan- çon. On peut aussi commander des cigarettes. “C’est noté, dans 10 minutes nous serons là. Par contre pour les cigarettes, je ne serai livré que semaine pro- chaine” nous indique poliment l’homme au téléphone. Sauf qu’à Besançon, un arrêté municipal pris en novem- bre 2014 interdit la vente à emporter et à distance sur la commune, de 1 heure à 6 heures du matin toutes les nuits du dimanche au mercredi, et de 22 heures à 6 heures du jeudi au samedi. “Le non-respect vaut une amende de 4 ème classe (135 euros). Nous avions pris

cet arrêté dans un but de tran- quillité et de santé publique notamment pour les soirées du jeudi soir. D’après nos premiers retours, cela semble porter ses fruits” commente Danièle Pois-

senot, adjointe en charge de la police municipale. Visiblement, cela ne freine pas cette obscure société. Pour les cigarettes, la loi exige qu’elles soient achetées obligatoirement au bureau de tabac le plus proche et notées sur un registre pour per- mettre le contrôle des douanes.

refusé hier soir trois commandes hors domicile : une à l’arrêt Cha- mars, une à Planoise, une à la gare ! En s’attaquant à des socié- tés comme moi, on fait le jeu des sociétés illégales. Je ne com- prends pas pourquoi je ne peux pas vendre à domicile alors que toutes les autres villes de France l’ont autorisé. Je dis non à l’alcool au volant, oui à domicile” explique Philippe Goguey, qui emploie 30

autres personnes avec ses autres sociétés d’aide à domicile ou de restauration. Pour “My drink”, il rémunère un salarié aux 35 heures - en heures de nuit - et paie 700 euros de cotisations Urssaf par mois. Il s’interroge sur la pérennité de son activité de vente d’alcool, lui qui embauche par ailleurs 30 autres personnes dans le domaine du service à la personne et la restauration. n

“Il y a des contrôles de police.”

à l’inverse de celle citée plus haut. Elle est en règle, déclare ses salariés, livre de l’alcool à domicile. Comme les autres, elle est soumise à l’arrêté municipal : “J’ai eu 3 contrôles en 2 jours. On me contrôle parce que j’ai des voitures floquées mais je suis en règle. J’ai d’ailleurs encore

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