Journal C'est à Dire 186 - Mars 2013

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Histoire locale 140 ans de tourisme à Goumois

E n 1873, lesTaillard sont comme beaucoup des paysans qui vivent du travail de la terre.Mais L’histoire du tourisme à Goumois est indissociable de celle de la famille Taillard. En 140 ans, le vil- lage comme l’hôtel-res- taurant ont tous deux gagné leurs lettres de noblesse. Une saga que le public pourra redécouvrir lors d’une exposition très docu- mentée retraçant 140 ans de tourisme au village. Quel tourisme demain ? Chacun sʼaccorde à le dire, ce petit village franco-suisse est un petit coin de paradis préservé avec une nature qui le rend admirable. “Mais il reste beaucoup à faire en matière de développement et de communication. Une prise de conscience de lʼimportance du tourisme sʼimpose… quand vous voyez que la corniche, un site naturel classé, est si peu entre- tenue” explique Jeanne-Marie Taillard. Très au fait de ce qui

Jean-François et Jeanne-Marie Taillard conservent précieusement les archives touristiques locales.

Zoom Un livre d’or chargé d’histoire(s)

dans la ferme qui abrite plusieurs générations, la belle-fille de la famille est une bonne cuisinière, ce qui donne l’idée à sonmari Hen- se fait de part et dʼautre de la fron- tière, elle aimerait que tout le mon- de joue collectif, comme en Suis- se : “Mettre en place des actions coordonnées comme les font nos voisins autour de leurs produits régionaux. Et dʼautres initiatives seraient appréciées comme prendre en charge la logistique des randonneurs.” Les idées ne manquent pas. Res- te à mobiliser les bonnes volon- tés. “Entre les hôtels, les res- taurants, les boutiques, le tou- risme en haute saison à Goumois, ce sont 52 emplois à temps plein !”

ri d’ouvrir une auberge. Car déjà, elle et son mari ont compris que leur village n’était pas comme les autres : “La frontière qui sépare Goumois France et Goumois Suisse attire du monde. Les gens aimaient déjà venir ici se bala- der” explique Jeanne-Marie Taillard, l’une des descendantes de cette famille et ancien mai- re très impliquée dans le déve- loppement touristique. “Au début, ils ont créé l’hôtel taurant à la ferme en agrémen- tant avec un jeu de quilles.” Peu à peu, l’offre se structure et dès le début du siècle dernier, Fran- çois, fils du fondateur et grand- père de Jeanne-Marie comprend que de nouveaux équipements donneront un autre cachet à de la Couronne et propo- sé les produits de la fer- me et de la friture. Et très vite ils ont installé le res-

ce qui est devenu un hôtel-res- taurant : “Il a fait installer l’eau courante dans les chambres. Il a été distingué au niveau natio- nal pour cela” explique sa peti- te-fille. La renommée du village est crois- sante. Les gens apprécient de plus en plus venir se promener le long des berges. “Après la pre- mière guerre, c’est même un cer- tain snobisme de dire qu’on pas- explique-t-elle amusée avant de poursuivre. “Ces familles venaient avec le chauffeur, les enfants et leur nourrice !” Les paysages, la qualité de la cuisine, l’ambiance champêtre et, déjà, la pêche atti- rent une clientèle “haut de gam- me” aime y venir et y être vue. Goumois était devenu le Deau- ville franc-comtois. Après la seconde guerre mon- diale, Henri, le papa de Jeanne- Marie Taillard a déjà repris le flambeau depuis une dizaine d’années lorsqu’il décide de créer la société de pêche. “L’idée était de réglementer cette activité très importante pour le tourisme.” D’autant que ce développement permet à d’autres restaurateurs de s’installer. Avec les Theus- seret et la Verte herbe côté suis- se et le Moulin du Plain à Inde- villers sur les bords du Doubs où Pierre Choulet crée les relais de Saint-Pierre. “Un dévelop- pement qui en multipliant l’offre permet aussi d’avoir un touris- me pour tous les goûts et pour toutes les bourses” analyse l’ancienne élue. Et en matière de développement, elle peut se targuer d’avoir donné une autre dimension à Goumois avec les se son dimanche ici. Les horlogers du plateau Maîche et de Morteau aimaient bien cela”

L a princesse du Liechten- stein, Geneviève De Fon- tenay, Gérard Philipe, Gra- ham Green, Sacha Distel, Georges Lautner, Edgar Faure, Joe Dassin, Sylvie Joly, Sim, la famille Montalembert ou enco- re Guy Lux. Le livre dʼor de lʼhôtel-restaurant Taillard révèle des signatures célèbres que Jean-François conserve avec soin. “On peut même voir quʼautrefois, ce document ins- pirait les visiteurs qui nʼhésitaient pas à réaliser des aquarelles, des poèmes ou des bandes des- sinées” explique-t-il. Parmi ces petits chefs-dʼœuvre, le dessin de Guy Lux est un petit trésor. Depuis sa chambre dʼhôtel, il a croqué avec mali- ce le clocher de lʼéglise avec à son sommet le coq à qui il fait dire à destination du restaura- teur : “Je suis le seul coq à ne

Comme à Deauville.

rien redouter de vous chef… mais jʼavoue le regretter.” Une façon humoristique pour le célèbre animateur télé de dire que lui nʼa pas eu à se plaindre de son séjour et de la bonne table quʼil a trouvée ici. Guy Lux avait été très inspiré lors de son séjour en 1970.

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L’hôtel Taillard, une ancienne ferme, au début du siècle dernier.

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