Journal C'est à Dire 186 - Mars 2013

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É C O N O M I E

Agriculture

Daniel Prieur persiste et signe pour un second mandat Reconduit à la tête de la chambre d’agriculture du Doubs, Daniel Prieur revient sur la politique instaurée depuis sa prise de fonction et sur les chantiers à mener dans les années à venir.

C ’est à dire : Cette réélec- tion n’a rien d’une sur- prise ? Daniel Prieur : Comme tou- te élection, aucune n’est gagnée d’avance. Elle reflète le bon sco- re de la F.D.S.E.A. aux dernières élections. Cette poursuite à la présidence est également liée au bon travail réalisé au cours de ce mandat. J’ai fait le job sans forcément mettre la chambre ou Daniel Prieur en avant. Càd : Poursuivez-vous avec la même équipe ? D.P. : Non. Je suis le seul res- capé de l’exécutif qui comprend 7 personnes dont 2 du Terri- toire-de-Belfort sachant qu’on fait désormais cause commune. Càd : Quels ont été les temps forts du précédent mandat ? D.P. : On a été très présent sur trois gros dossiers en plus des affaires courantes. Càd : Lesquels ? D.P. : D’abord, dans l’aide appor- tée à structurer la filière vian- de avec par exemple la reprise de l’abattoir de Besançon, Franche-Comté Élevage ou la société Belot. Ensuite la gestion du dossier Jura Gruyère a per- mis aux producteurs de reprendre du poids dans les outils économiques aval. Aujourd’hui, la profession est partenaire dans cet outil reconfiguré en Monts et Terroirs. Celui qui a fait le boulot en sous-main pour avoir toujours du bois dans le feu, c’est Daniel Prieur. Cette affaire s’est avérée extrêmement compliquée. Pas facile de faire avancer tout le monde à la même vitesse entre les A.O.C. et les non-A.O.C. Au départ, il a fallu orienter le dos- sier au niveau national, en plai- dant la cause Sodiaal. Càd : Et le troisième dossier ? D.P. : Il s’agit des éléments liés au bilan de la P.A.C. Cela se tra- duit par 17 millions d’euros sup- plémentaires pour l’agriculture du Doubs. Là, j’ai appliqué la théorie des petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Ces aides doivent aller dans le sens d’une P.A.C. économique. On peut signaler une petite déception de ma part sur le dossier lait de montagne. J’aurais voulu qu’il soit fléché sur des outils comme le fond Coopinvest. J’aimerais que les agriculteurs soient un peu plus citoyens. Ce fond peut avoir diverses utilisations : repri- se de structure en difficulté, mises aux normes, partenariats… Si la profession veut être active col- lectivement, il faut mettre de l’argent dans un fond collectif. Cette adhésion vaut tous syndi- cats confondus. Les gens du Doubs sont des enfants gâtés avec un bon prix de lait, une éco- nomie qui va bien. On devrait insuffler de la solidarité dans la construction économique. C’est le principe de la parabole des talents. On a su pêcher et après coup il faut continuer à valori- ser.

rôle d’un président de chambre d’agriculture ? D.P. : Il doit conduire une réflexion en équipe et amener le paquebot à bon port. Càd : Comment vous position- nez-vous sur le dossier de la société Perrin à Cléron qui n’est pas au mieux de sa for- me ? D.P. : J’essaie de travailler, d’être impliqué auprès des gens qui ont les cartes. J’ai un objectif qui n’est pas individuel mais col- peut signaler que je n’ai eu aucun souci ou tension avec la Confédération paysanne ou la Coordination rurale sur les dos- siers économiques. Càd : L’agriculture du Doubs ne peut se résumer au seul comté ? D.P. : Tout à fait. C’est même un des enjeux qui découle de la fusion avec Belfort où le travail est axé sur la reconnaissance des systèmes hors A.O.C. La chance du comté, c’est aussi que tout le monde ne soit pas en A.O.C. On peut citer également les partenariats avec les agglos. On en a un bel exemple avec ce projet de création de fruitière au pays de Montbéliard. À Besançon, on travaille à la mise en place d’une plateforme de maraîchage. L’emploi constitue aussi une priorité pour le main- tien de la valeur ajoutée sur l’agriculture. Càd : Comment s’en sortir avec le campagnol ? D.P. : La Fredon bosse très bien et doit continuer à faire son bou- lot. On est désormais engagé dans la professionnalisation de la lutte. On aura des outils col- lectifs pour nous aider à tra- vailler dans ce cadre-là. Avant tout, il me semble nécessaire de faire avancer la réglementation. On ne doit pas être dans le dog- me de la prairie permanente. Il faut s’ouvrir sur le labour et tendre vers la mixité des plantes dans l’espace agricole. Càd : Et la fin des quotas, c’est problématique ? D.P. : On doit se comporter com- me les industriels dans la métal- lurgie. Il faut connaître son prix de revient. L’un des enjeux pri- mordiaux s’articule autour de l’autonomie fourragère et pro- téique. Même si on a de bons prix de lait, une partie se repor- te toujours dans les intrants. C’est pour ça que ce qui se fait avec Desia ou le séchage en gran- ge va dans le bon sens. On n’a jamais eu autant de demandes. Càd : Que faire pour mieux maîtriser la question fonciè- re ? D.P. : Sur ce volet, j’ai plutôt un rôle de demi-défensif. Avec le mercato des élections, on a récu- lectif. Dans ce type d’affaire, il faut être tenace et la jouer sur le long terme. Pour gagner demain, investissons dans l’aval des filières. On

péré des individualités très com- pétentes dans ce domaine. Je pense par exemple à Christophe Chambon qui a déjà croisé le fer au niveau national. La nouvel- le équipe de la chambre est prê- te à faire face sur ce dossier. On doit raisonner quantité et qua- lité et éviter de consommer le meilleur foncier pour l’urbanisation. Càd : Toujours favorable à la diversification ? D.P. : Bien sûr. Il reste encore

beaucoup d’obstacles à surmonter. Les institu- tions agricoles et l’administration, à défaut de partager un Évangile, ne doivent pas oublier le principe

“Les gens du Doubs sont des enfants gâtés.”

républicain d’égalité.

Càd : Cette réélection vous donne-t-elle d’autres ambi- tions ? D.P. : Non. Ce sera d’ailleurs mon second et dernier mandat. À 57 ans sonnés, je quitterai la chambre d’agriculture du Doubs pour m’engager peut-être dans un autre domaine. Mais je ne jouerai pas les prolongations pour jouer les prolongations.

Propos recueillis par F.C.

Daniel Prieur confirme qu’il ne briguera plus la présidence de la chambre dans six ans aux prochaines élections.

Les Fontenelles

Cap sur l’Islande C’est sur un chantier international, en Islande, que 12 élèves du Lycée agricole Saint-Joseph des Fontenelles auront la chance de partir dans le cadre de leurs études.

C es étudiants de 1 ère année Bac S.T.A.V. (Sciences et Techno- logies de l’Agronomie et du Vivant), partiront pour compléter leur formation à l’occasion d’un stage collec- tif. “Ce voyage est un projet de solidarité” , confie Valérie Vau- thier, chef de

thermiques, et partiront à la découverte des fjords islandais. C’est une immersion dans une culture différente qui leur per- mettra d’enrichir leur appren- tissage tant professionnel que personnel. “Cette expérience permet d’allier l’utilité à la découverte, d’un point de vue

Une sacrée expérience en perspective pour les élèves des Fontenelles.

professionnel et cul- turel” souligne M me Vauthier. “Ce séjour fait partie intégran- te de l’obtention de leur diplôme.” “Beaucoup ne savent pas que cette forma-

l’établissement qui soutient et encoura- ge l’excursion. Net- toyage du littoral, balisage de sentiers de randonnée, embel- lissement d’un villa-

tion.” Pourtant, elle ouvre sur des études supérieures com- me le B.T.S., le D.U.T. ou la licence professionnelle. Un enseignement solide avec une “approche scientifique, techno- logique et sociale du monde vivant” , enrichi par des stages individuels et collectifs, com- me cette excursion en Islande. Organisée par le corps ensei- gnant, l’expédition est finan- cée en partie grâce à une sub- vention du Conseil régional soutenue par l’association Jeu- nesse et Reconstruction. Mais les étudiants assument aussi une partie les frais, avec des

actions comme une prochaine participation à des chantiers pédagogiques, les vendanges ou des ventes diverses. D’une pierre deux coups, les lycéens préparent un marché aux fleurs et une vie de jardin, lors des portes ouvertes du lycée Saint-Joseph les Fonte- nelles, le vendredi 12 avril à partir de 17 heures. Car en plus de contribuer au finance- ment de leur voyage en Islan- de, les étudiants en S.T.A.V. pourront faire découvrir leur formation et peut-être même séduire avec le dynamisme de l'équipe organisatrice.

“Beaucoup ne savent pas que cette formation existe.”

ge de pêcheur, les étudiants œuvreront à la protection de l’environnement par le biais d’un travail bénévole. “C’est une chance, ils pourront vivre une expérience riche, et décou- vrir ce que sont le don de soi et la joie de recevoir.” À l’occasion de leur séjour de deux semaines, ils exploreront des zones volcaniques et géo-

tion existe” renchérit-elle au sujet du bac S.T.A.V., dont les étudiants qui partent en voya- ge font partie. Et pour cause, ce bac - proposé à la suite d’une seconde technologique avec option environnement ou ser- vice aux personnes - est relati- vement nouveau au sein du Lycée, trop frais encore pour bénéficier d’une solide réputa-

Càd : Quel est selon vous le

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