Livre Cognac Terre de passions

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Distillerie

Mitterrand

Des criquets au col de cygne

Une vocation tardive n’exclut certes pas la passion du métier. Chercheur puis enseignant avant de devenir bouilleur de profession, Antoine Mitterrand en est la preuve vivante.

Antoine s’est investi dans son nouveau métier avec enthousiasme. «De par mon passé de biologiste, la culture de la vigne ne me posait aucun problème, la distillation m’a tout de suite passionné. Tirer d’un vin sans grand caractère son potentiel latent pour en extraire toute la quintessence, insondable, c’est diablement motivant. » Et à ceux qui prétendent que le cognac est un produit industriel, Antoine Mitterrand a sa réponse : «Une ânerie ! Nous sommes des artisans, plus souvent guidés par le “feeling” que par des impératifs de rentabilité. Dans la distillation, le réglage par auto- matismes est utile, bien sûr ! Mais au moment des coupes, le savoir-faire et le vécu priment. » EN DIRECT AVEC LES VITICULTEURS Antoine Mitterrand travaille en direct avec les viti- culteurs. «Et régulièrement j’en invite quelques-uns pour des dégustations en petit groupe. Nous échangeons sur le produit et beaucoup d’autres choses. Chacun en tire proft. Pour la qualité des eaux-de-vie, c’est une bonne approche », assure cet homme proche du terrain, qui dit sa ferté de travailler pour le leader du cognac. «Travailler pour Hennessy, c’est sécurisant. En les voyant investir, difcile de ne pas croire à l’avenir du cognac. L’avenir des bouilleurs de profession est moins enthou- siasmant, car aujourd’hui beaucoup de viticulteurs font installer des alambics…»

«

A ntoine Mitterrand, bouil- leur de profession exclusif Hennessy à Saint-Simon, fait partie des bouilleurs atypiques. En dépit d’un arbre généalogique profon- dément enraciné dans le terroir (depuis la fn du xvii e siècle…) et riche de noms prestigieux du négoce, il a choisi une autre voie. «Après mes études secondaires, et des études supérieures en biologie, je suis devenu chercheur. On m’a confé, à ce titre, une étude sur la vie des criquets dans la forêt landaise. À mille lieues du cognac », se souvient, en souriant, Antoine Mitterrand. «À l’époque, nous étions sous le coup de deux chocs pétroliers successifs, et le cognac faisait grise mine. On arrachait les vignes en Charente. À ce moment-là j’ai quitté la recherche, pour devenir enseignant. Et quelque temps après, mon père a pris sa retraite et je suis revenu sur l’exploitation. C’était en 1989, le cognac allait beaucoup mieux, la maison Hennessy encourageait les vocations de bouil- leur de profession, je me suis lancé avec trois alambics. »

Nous sommes plus souvent guidés par le “feeling” que par des impératifs de rentabilité.

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Antoine Mitterrand, bouilleur de profession à Saint-Simon.

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