Livre Cognac Terre de passions

159 158

Cognac

Ragnaud-Sabourin

Une digne descendante des laboureurs de la vigne

« Puis c’est mon père, Marcel Ragnaud, qui, après la guerre et grâce aux relations de mon grand-père, a développé notre cognac, notamment à Paris, se sou- vient-elle. C’est là que la renommée est arrivée. Il a été dans les premiers à “faire la bouteille”, comme on dit. Enfant, j’étais fascinée par cet homme discret. J’adorais le voir à l’œuvre dans ses chais. Il travaillait à l’instinct. » PAR GOÛT ET PAR DEVOIR Annie Ragnaud-Sabourin lui succède en 1972, « par goût, mais aussi par devoir et piété fliale ». Elle exploite aujourd’hui 33 hectares de vignes. «Nous pourrions produire davantage, mais nous préférons la qualité à la quantité. » Ses responsabilités dans l’afaire familiale ne l’ont pas empêchée de mener en parallèle une belle carrière de juriste. Docteur en droit, elle a enseigné à Paris et beaucoup voyagé avec son ex-mari avocat. « Il y a toujours eu un lien entre le droit et le vin, dit-elle. Regardez Montesquieu ! C’est traditionnellement com- patible. » Elle aurait pu ajouter les lettres, puisqu’elle a co-écrit trois ouvrages, avec l’avocat bordelais Jean- Charles Gonthier, sur les grandes afaires criminelles et plus récemment les erreurs judiciaires. Celle qui voit la distillation comme « de l’alchimie » souligne également la particularité de chaque pro- ducteur de cognac : «Nous avons les mêmes vignes que nos voisins, pourtant nos eaux-de-vie sont diférentes. On voit bien que chacun a sa patte. »

Juriste de profession, écrivain, Annie Ragnaud-Sabourin veille depuis 1972 sur la pérennité des cognacs du même nom, dans la continuité de son père et de son grand-père Gaston Briand.

Nos eaux- de-vie sont différentes. On voit bien que chacun a sa patte. «

C ’est une frêle dame de presque 80 ans qui s’assoit devant nous pour racon- ter l’histoire des cognacs Ragnaud-Sabourin. Frêle certes, mais l’esprit vif et les souvenirs intacts. On a souvent présenté les cognacs Ragnaud-Sabou- rin comme une histoire de femmes. Annie Ragnaud- Sabourin, présidente-directrice générale des cognacs Ragnaud-Sabourin, en sourit et dit que cette histoire était mise en avant pour faire plaisir à la presse. Au- jourd’hui, elle préfère rendre hommage au travail de son père et de son grand-père. La famille produit du cognac autour d’Ambleville, en Grande Champagne, depuis 1860. À l’époque, on parlait des « laboureurs de la vigne ». «Mon grand- père, Gaston Briand, est à l’origine de tout » , assure Annie Ragnaud-Sabourin. L’homme fut une fgure du cognac : président de la Fédération des viticulteurs de la Charente, il a été un des fondateurs du BNIC et de l’INAO, et a aussi joué un rôle dans la délimi- tation des crus en 1937.

»

Annie Ragnaud- Sabourin, P-DG des cognacs Ragnaud- Sabourin.