Livre Cognac Terre de passions

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Cognac Guillon-Painturaud

Gardienne du trésor familial

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le petit alambic centenaire. Celui qui trône fèrement au fond de la distillerie, regardant de haut le jeunot de 20 hectolitres monté en 1968. Deux ans plus tard, elle tient la boutique un week-end sur trois. De son père, elle hérite sa passion pour le pineau des Charentes. Line en fait sa spécialité. Elle ofre à ses clients ce qui se fait de mieux. Comme «L’Exception» ce bien nommé extra-vieux pineau rosé de 25 ans. Reconnue pour son expertise, elle consacre du temps à la com- mission de dégustation du syndicat des producteurs. La jeune femme regrette de ne faire qu’un seul salon par an. «Je ne peux pas être partout. Les deux mois de distillation sont une période très dure qui tombe enmême temps que les expéditions de fn d’année.» DES INTERROGATIONS POUR L’AVENIR Quand elle s’interroge sur sonmétier, Line Sauvant ne se sent pas vraiment représentée dans les instances régionales. Elle porte un regard lucide sur son activité et craint que sonmodèle ne soit en voie de disparition. L’agrandissement est compromis sur ces terres de Grande Champagne très convoitées. Elle avoue passer sans plaisir la moitié de son temps derrière son bureau et redoute un excès de réglementation qu’elle appréhende avec difculté. Line Sauvant pense surtout à ses flles, Marie, 16 ans, et Élise, 12 ans. «Est-ce encore un cadeau à laisser à nos enfants ? » se demande-t-elle tout en préparant la sortie de son prochain cognac millésimé 1965. Un trésor familial… Il s’agit du premier cognac distillé par son père.

U ne activité dense qu’elle exerce souvent seule depuis la retraite de ses parents, mais qui a pesé dans la balance lorsque son père Jean-Pierre lui a propo- sé de revenir sur l’exploitation de Segonzac, son BTS com- mercial en poche. «À 20 ans, mon père recevait cette pro- priété de 18 hectares, il a voulu que j’aie aussi cette chance », explique Line Sauvant. Deux décennies plus tard, la petite maison familiale de Segonzac fgure toujours dans les coups de cœur du guide Hachette. Mais avant cela, Line apprend ses futurs métiers. À 14 ans, son père lui confe un demi-hectare de vigne dont elle va distiller la production. De préférence dans Deux patronymes pour une marque, des racines viticoles du côté de son père (Guillon) et du côté de sa mère (Painturaud): Line Sauvant est l’héritière d’une lignée de viticulteurs-bouilleurs de cru. Mais ce qu’elle préfère, c’est la vente directe.

À 20 ans, mon père recevait cette propriété, il a voulu que j’aie aussi cette chance.

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Line Sauvant, bouilleur de cru-vendeur direct à Segonzac.

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