La Presse Bisontine 70 - Octobre 2006

L’ INTERVI EW DU MOIS

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Contrat Le contrat deplan estmort, vive le contrat de projet. À partir du 1 er janvier 2007, le dispositif par lequel l’État s’associe finan- cièrementauxcollectivitésterritorialespour les soutenir dans leurs projets change de dénomination. Il semblait nécessaire de dépoussiérer les anciens contratsdeplan, de plus en plus controversés et même récemment épinglés par la Cour des Comptes pour leur excessive lourdeur et des retardsd’exécutioncroissants. Ils sont remplacésàpartirde2007pardes“contrats deprojet”. Que cache cettenouvelle trou- vaille technocratique ? Eh bien, ils sont censés désormais contribuer à “la com- pétitivité et l’attractivité des territoires” , au “développement durable” et à “la cohé- sion sociale et territoriale” . L’idée sous- jacente étant, selon le préfet de Franche- ComtéJean-MarcRebière,de “concentrer les moyens sur un certain nombre d’ob- jectifs” au lieude “diluer lesmoyens” com- me le faisaient les contrats de plan. Soit. Jusqu’ici, 40%des sommesdes contrats deplan- lapartde l’États’élevaità338mil- lions d’euros pour la Franche-Comté -, étaient allouéesaux routes. Dans les futurs contrats de projets, le volet routier a été tout bonnement exclu, faisant l’objet d’un traitement à part dans un document inti- tulé - nouvelle trouvaille de nos énarques - “programme de développement et de modernisationpar itinéraire” (P.D.M.I.). Les défenseurs de l’amélioration du tracé de la R.N. 57 dans le Grand Besançon et du contournement de la capitale comtoise doivent-ils s’en réjouir ?Certains élus esti- ment que l’élément positif de ce nouveau système est qu’il clarifie la situation et que ces programmes ont plus de chances d’êtresuivisd’effetsquelesancienscontrats de plan. Mais inversement, on peut dou- ter de l’efficacité de ce prochain système quand on sait qu’il est censé entrer en application dès le début 2007 et que la concertation avec les collectivités pour cibler les priorités est à peine entamée ! Lacertituded’unprochain tronçonde rac- cordement entre le Trou-au-Loup et Fon- tainouencore laprogrammationde latran- chée de Micropolis, ou pire, la partie Est ducontournement,nesontdoncpasenco- re acquises, loin de là. Mais les P.D.M.I. prévoient un autre système, à la carte, qui conditionne la rapiditéd’exécutionde tra- vaux à la bonne volonté des collectivités locales à mettre la main à la poche. En résumé, des travaux sur la R.N. 57 peu- vent s’accélérermais c’est le contribuable local qui en subira les conséquences, et non plus l’État. Un nouveau tour de pas- se-passe gouvernemental que les élus locaux apprécieront. Je an-François Hauser Éditorial

les lecteurs, de les écouter. C’est un moment très riche. C’est aussi le moment où on peut rencontrer des auteurs. J’adoreAmélie Nothomb, Phi- lippe Besson… Je n’ai pas toujours l’occasion de les croi- ser. Les salons, c’est aussi l’occasion, c’est un peu la fête. Et puis la Franche-Comté pour moi, a un côté particu- lier. J’ai passé toutes mes vacances d’enfance à Viller- sexel, en Haute-Saône. Je suis Corse et Franc-Comtoi- se. Corse parce que c’est là que je passais mes vacances avec mon père, où j’ai eu des moments privilégiés avec lui. Et la Franche-Comté, grâce à Olga Zbinden qui m’a connu dès ma naissance et qui m’a élevée. Elle est maintenant une vieille dame, mais tou- jours en forme. Propos recueillis par S.D. 1986 : Elle est productrice de télévision pour la chaîne TV6 1999 : À 40 ans, elle écrit son premier livre “L’un pour l’autre” aux éditions Galilée. Sept autres romans suivront. Nathalie Rheims en quatre dates 1977 : À 17 ans, elle entre au conservatoire d’art dramatique de la rue Blanche et commen- ce une carrière de comédien- ne au théâtre et à la télévision. 1984 : Elle réalise de grands entretiens avec des personna- lités pour le magazine Elle.

R ENTRÉE LITTÉRAIRE

“L’ombre des autres”

Huit romans en huit ans. Auteur à succès - son dernier ouvrage a été vendu à 80 000 exemplaires - Nathalie Rheims est aussi un écrivain très prolifique. Avec son dernier roman, “L’ombre des autres” aux éditions Léo Scheer, elle nous livre une histoire de fantômes et de spiritisme, au milieu de l’Angleterre victo- rienne. Et ose pour la première fois parler d’amour. Nathalie Rheims : “Parler d’amour, c’est une prise de risque pour moi”

L a Presse Bisontine : Dans votre dernier roman, “l’ombre des autres”, vous explorez une nouvelle fois le thè- me du paranormal et de la mort. Est-ce une façon d’exorciser ? Nathalie Rheims : Plus que le thème du paranormal, c’est plutôt depuis le début de mon travail d’écrivain la figure du fantôme qui m’intéresse. Dans tous mes livres, je tourne autour. C’est aussi la ques- tion de l’absence, de ce qui relève du visible et de l’invi- sible. Le clignotement de l’ab- sence, de la présence. Cela peut prendre la forme d’un amour enfoui comme dans “Lettre d’une amoureuse mor- te”, la figure d’un comédien disparu dans “l’un et l’autre” ou du père. Bien sûr que dans mon dernier roman, on par- tique dans la lignée de ceux que j’aime lire. J’ai voulu recréer un peu l’esprit des grands romans du XIX ème siècle, comme les “Hauts de Hurlevent” qui m’a fasciné. Peut-être parce que, comme c’était mon huitième livre, je me sentais prête enfin pour cela. L.P.B. : L’histoire se déroule dans la campagne anglaise. Il y a des manoirs, des fantômes, des tables qui tournent… C’est une volonté de votre part de jouer avec les cli- chés du genre ? N.R. : Mon idée, c’est que la fin du XIX ème ressemble à la fin du XX ème siècle. On vient de découvrir l’électricité, on commence à communiquer autrement que par pigeons voyageurs, on est aussi au tout début du cinéma. Donc toutes ces nouvelles techno- logies enrichissent les spi- rites. On est à la frontière de découvertes passionnantes. Ce n’est pas un hasard si mon héroïne, Tess, travaille avec le professeur Charcot. Il est le premier à comprendre et à dire qu’il y a peut-être des explications médicales der- rière des choses qu’on appe- lait possession par le diable. C’est une période d’énorme progrès. Et en même temps, on est à une époque où il y a de nombreux attentats, où les grands best-sellers , c’est “Jean d’Arc médium” et la “France juive” de Drumond, où on sent poindre un certain antisémi- le beaucoup du para- normal parce que l’histoire tourne autour du spiritis- me, des esprits. Je voulais faire avec ce livre un grand roman gothique, un grand livre fantas-

rien de pire pour un écrivain. On met en jeu ce qu’on est. Maintenant, je ne pourrais plus concevoir ma vie sans écrire. Mais je ne sais pas si je continuerai sur le même rythme. Pour le moment, cela s’est toujours passé ainsi depuis huit ans. Je sais que tous les mois de janvier je m’y replonge et que je termine en septembre. Comme l’écritu- re est venue tard pour moi, je suppose qu’il y avait beau- coup de choses qui voulaient sortir de la cocotte. L.P.B. : Vous êtes déjà venue l’an- née dernière aux Mots Doubs de Besançon. Que vous apportent ces salons littéraires ? N.R. : Cela permet de rencon- trer son lectorat. J’ai un site internet, mais il fonctionne sans moi. Je n’ai pas d’ordi- nateur, je n’aime pas cela, cela me fait peur. Donc les salons, c’est vraiment l’occa- sion d’avoir des échanges avec

gresse en même temps que mon écriture. Et je pense que c’est pour cela que mes lec- teurs me suivent, ils avan- cent avec moi. L.P.B. : Vous publiez depuis huit ans à raison d’un livre par an. Le succès aidant, avez-vous de plus en plus de pression à chaque sor- tie ? N.R. : La pression de la ren- trée, on l’a tous. C’est quelque chose de particulier. Il y a beaucoup de livres, trop cer- tainement à chaque rentrée littéraire. Certains passent à côté de leur public à cause de cela, parce qu’ils sont noyés au milieu du lot. J’ai eu de la chance. PierreAssouline avait lu mon premier roman et l’avait aimé, il en a parlé. Mon lectorat s’est installé petit à petit, au fil des livres. On n’est pas à la Star’Ac, tout ne vient pas tout de suite, le chemin est long. Les effets de mode, je pense qu’il n’y a

tisme. En même temps, les grands intellectuels du siècle, comme Victor Hugo, se pas- sionnent au spiritisme. C’est une époque nouvelle, comme la nôtre. Comme je voulais faire une espèce de grand conte pour adulte, c’était par- fait. Ce que j’aime bien, lorsque j’écris, c’est donner au lecteur la sensation que l’on peut avoir un esprit d’en- fant lorsqu’on dévore un livre caché sous sa couette. L.P.B. : Le décor du roman est donc un peu le reflet de notre époque… N.R. : Oui, cela agit comme un reflet, un jeu de miroir. D’ailleurs Tess vit aussi dans un jeu de miroir, dans lequel se reflète la figure d’Émile. Mon idée était de tenir le lec- teur jusqu’au bout, ne rien à en parler. N.R. : C’est déjà une prise de risque pour moi de parler d’amour. C’est la première fois que j’ose faire parler une personne qui pourrait être moi - car il y a un peu de moi dans toutes mes héroïnes - de cela. Peut-être est-ce le début d’une évolution. Je ne sais pas. De toute manière, l’écriture, c’est toujours très mystérieux. J’ai toujours la trame, mais ensuite cela évo- lue. Je me cache beaucoup dans mes livres. Mais en même temps, les gens qui me connaissent ont les clefs pour me retrouver. Mais l’autofic- tion ne m’intéresse pas. La lecture, c’est le rêve, s’échap- per. La vie quotidienne, on l’a déjà, pas besoin de la retrouver dans les livres. L.P.B. : Vous êtes venue très tard à l’écriture. Comment est venue cette envie ? N.R. : C’est venu avec l’âge. Avec un travail sur moi aus- si que j’ai fait toute seule. J’ai vécu le deuil d’un frère aus- si. Dix ans après, j’ai eu le besoin d’exorciser, de sortir de l’ombre pour aller vers la clarté. Vous me direz que je reste encore beaucoup dans l’ombre, dans mon écriture. Mais pour moi, c’est déjà une avancée. Je ne me suis jamais dit que je serais écrivain. Même si maintenant, après huit livres, je commence à me dire, que oui, peut-être, le suis-je. J’avance et je pro- lui dévoiler avant. Mais c’est aussi ma première histoire d’amour. L.P.B. : C’est vrai. Mais l’histoire d’amour res- te très diffuse. On sent de la pudeur chez vous

“Je suis Corse et Franc- Comtoise.”

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Crédits photos : La Presse Bisontine, Colibri, Conseil général, la Missive, R.F.F, Ville de Besançon, U.M.P., Texo.

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