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Tandis que l'Asie, tremblant en face des phénomènes terribles de la nature, tombait agenouillée aux pieds de géants monstrueux afin de conjurer la destruction .et la mort, l'esprit hellénique bannissait ces conceptions fantas­ tiques, enfantées parla peur. Poètes, sculpteurs, peintres, de la libre Hellade, réduisaient les dieux aux proportions des hommes. Athènes eut dédaigné l'assemblage surnatu­ rel et bestial du Sphinx égyptien, ou du Nisroch révéré dans les temples Assyriens ; ses philosophes auraient raillé les dieux à trente deux bras, des cavernes d'Ellora. Sous le ciseau des maîtres grecs, le bloc de Paros, que le statuaire de Memphis, de Ninive ou d'Éléphantine, aurait rejeté comme insuffisant à représenter Ammon,.Baal ou Civa, atteignait une majesté inconnue aux colosses du Nil, du Tigre et de l'Indus. L'art, ainsi humanisé, nous a légué des types qu'on égalera peut-être en vérité, qu’on ne dépas- sera jamais en splendeur. Privés du prestige des croyances religieuses, ils gardent -leur majesté. Sans craindre le courroux du maître de l’Olympe, dont le froncement des sourcils ébranlait la voûte des cieux ; sans redouter le trident du roi des mers, déchaînant les tempêtes ; sans confier à la déesse de Paphos les désirs d’un ardent amour; on s’incline encore devant la grandeur solennelle du Jupi­ ter Capitolin, on subit le charme séducteur de. la Vénus de Médicis. Eprise de la beauté, ne voulant retrouver dans son Olympe que des divinités analogues aux mortels, mais dont chacune possédât un ensemble de perfections plas— 28 —

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