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Comme Winkelmann, l’artiste Scandinave choisit pour modèles les œuvres simples et émouvantes de l’antiquité hellénique ; mais à leur sérénité, il joint l’expression de la pensée moderne. La beauté n’est point le seul thème que poursuive son travail, il s’efforce sans cesse de faire jaillir de ses statues l'éclair d’un mouvement intime de l’âme. Plus sévère qûe les Grecs, choisissant entre les courants qui agitent l’esprit et le cœur, il n’admet, dans sa concep­ tion, qu’une idée morale. En taillant les premières figures de son Panthéon idéal, il l’ouvre aux images de la Paix et de la Liberté, aussi radieuses dans l’apothéose du maître queCérès et Minerve, aussi belles que Psyché et Vénus. Ainsi fera-t-il durant toute sa carrière. Peu d’artistes ont porté aussi loin que Thorvaldsen, la recherche de la beauté plastique, l’étude des formes les plus correctes : aucun n’a su mieux se garer contre la dômination funeste du beau matériel. L'âme maintient sa souveraine supré­ matie dans tout l’œuvre du sculpteur danois. Quelle que puisse être l’élégance de ses statues, c’est toujours un Sentiment noble qu’elles expriment. Il n’eut point dés­ honoré son ciseau en lui laissant tracer quelqu’imàgé dont auraient rougi les nombreux visiteurs qui parcourent aujourd’hui le miisée de Copenhague. À la beauté il assigna le rôle moralisateur de devenir l’enveloppe naturelle d’une idée noble, la traduction plastique d’une pensée élevée. En poursuivant sans relâche le chàrme des lignes suaves, en le répandant saus cesse sur ces créations, jamais il ne S — 33 — _

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