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l’envisagea isolé : loin de le chercher pour lui-même, il l’asservit toujours à glorifier un sentiment généreux. Habile à évoquer la grâce, il en fit la suivante inséparable de la vérité et du devoir. Que de fois en constatant les faits regrettables que l'histoire relève dans la vie des plus grands artistes, on reconnaît la faiblesse humaine ravalant, au niveau com mun, des hommes doués des plus éminentes facultés. Que de fois aussi en admirant la puissance de créations supé­ rieurement achevées, on regrette que le thème choisi pour déployer tant de mérites divers, ne soit point digne, par sa noblesse et sa valeur morale, du labeur patient et fécond qui immortalise l’œuvre. Chez Thorvaldsen, les moralistes les plus rigides s’inclinent-; les critiques d’art approuvent à la fois la pensée et l’habileté. Jamais ciseau plus souple, manié par une main plus sûre et plus rapide, ne donna la vie à des conceptions aussi imposantes par leur caractère idéal, par leur réalisation originale et merveilleusement harmonique. La verve infatigable de Thorvaldsen lui permit d’en­ fanter un nombre de chefs-d’œuvre qui semble au-dessus des forces d’un seul homme, sans que sa pensée descendit des régions sereines du pur spiritualisme. La fécondité de son ciseau ne lui laissa jamais perdre de vue le principe moral de l’art, ni les règles harmoniques dont la Grèce antique lui avait enseigné les mystères. Sentant sa puis­ sance, il comprenait les devoirs qu’elle entraîne. Maître

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