/ CENTRALE CANINE MAGAZINE
N°SPÉCIAL - CDF - 2016
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GROUPE 2
C
HAMPIONNAT DE FRANCE DES CHIENS DE RACE
RAYMOND SOULAT
, JUGE DES JEUNES DU 2
E
GROUPE
DISCRÉTION ET GENTILLESSE
Enfant, Raymond Soulat a toujours vécu avec de chiens, mais il faudra attendre
l’âge de 35 ans pour que, marié, il parvienne à convaincre son épouse d’acheter
un premier chien, un bullmastiff, dans l’Est de la France. Chez cette femelle
inscrite au lOF, il trouve toutes les qualités, principalement la douceur. Son
éleveur, Monsieur Delval, le convainc de la faire confirmer. Après une courte
carrière d’exposition, elle fait une portée qui fait basculer la famille dans l’éle-
vage sous l’affixe Du Pieds du vercors, un petit élevage qui ne produira que
cinq portées.
Monsieur Delval arrêtant l’élevage cède tous ses chiens, dont un jeune mâle
qu’il offre à Monsieur Soulat, vulcain, qui deviendra Champion de France en
1986. Une autre Championne,
Fun du Pieds du Vercors
remporte également ce titre
en 1986. Il faut également citer la femelle
Tao du Prieuré
, mère de
Fun
. «
Les
chiens restaient beaucoup avec nous, dit-il. Ce sont des molosses faciles à
vivre, même si les mâles entre eux sont peu tolérants. Avec les humains pas de
soucis
».
Sous la présidence de Gilbert Colas, Raymond Soulat rentre au Comité du Club
Français du Mastiff et Bullmastiff et il y restera plus de trente ans. Il décide de
devenir juge et commence les assessorats : «
Je me suis rendu compte que
chaque fois que j’arrivais sur les expositions, la moitié des chiens sortaient de
chez moi. C’est une race à petit effectif, donc un petit monde. Un juge reconnaît
ses origines et ses clients. J’ai préféré arrêter l’élevage et je n’ai pas renouvelé mes reproducteurs. Si on a des chiens qui
sortent de chez soi ou ayant ses origines, la plus grosse difficulté est de rester objectif
». Devenu juge des deux races, Ray-
mond Soulat commence des extensions dans le 2
e
Groupe. En 2004, il est nommé juge pour tout le 2
e
Groupe et, en 2011,
juge du 9
e
Groupe. En 2013, il devient juge toutes races, mais il reste stagiaire pour les races qu’il ne jugeait pas, races qu’il
ne pourra juger en expositions internationales. Même s’il ne peut attribuer que le CACS et confirmer les pedigrees, il se
rend compte que cela intéresse beaucoup de Sociétés Canines. En plaisantant, il dit : «
Je serais définitivement all round
à titre posthume
». Mais bien que juge international pour les seuls Groupes 2 et 9, son carnet d’invitation est complet bien
à l’avance, principalement en France. Il a été invité en Finlande, en Russie, au Canada et très souvent dans les départements
d’outremer. Il apprécie le sens de l’organisation, surtout dans les pays nordiques où tout semble réglé comme du papier à
musique. Il n’y a jamais un chien qui n’est pas à sa place, jamais de retard. Cela vient des règlements : «
un chien qui n’entre
pas avec les autres, n’entre pas au cours de jugement, reconnaît-il. Chez nous, il y a toujours des retardataires. Mais si j’ai
donné le classement, je ne recommence jamais pour un retardataire. Je peux, à la rigueur, l’examiner et donner un avis ou
une confirmation
».
Il explique avoir jugé les bullmastiffs, dogues de Bordeaux, bergers d’Anatolie, hovawarts à Birmingham, la deuxième expo-
sition anglaise : «
C’est une autre façon de juger. On ne donne pas de qualificatif, juste un commentaire sur les deux premiers.
Cela semble plus facile pour le juge, mais c’est frustrant pour l’exposant. J’applique toujours le standard FCI, même si dans
certaines races le standard anglais diffère
».
Questionné sur la difficulté de juger, il explique que physiquement c’est assez dur et qu’il faut être un peu masochiste,
toute la journée debout, dans les courants d’air, parfois au froid. Il y a aussi la pression psychologique : on n’a pas le droit
à l’erreur, même si on est humain. le juge passe d’un standard à un autre en quelques secondes ce qui demande une
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