LA CRISE DE LA CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE - page 23

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Trafic d’espèces sauvages
Selon différentes sources, le commerce illégal d’espèces sauvages représente entre
7 et 23 milliards de dollars par an
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. Il touche de nombreuses espèces d’insectes, de
reptiles, d’amphibiens, de poissons et de mammifères vivants ou morts, ou de sous-
produits de ces animaux, utilisés à des fins pharmaceutiques, ornementales ou pour la
médecine traditionnelle. Le commerce transnational d’animaux domestiques (poissons
tropicaux, primates et reptiles) et d’espèces emblématiques (gorilles, chimpanzés et
orangs-outans, éléphants, tigres, rhinocéros, antilopes du Tibet, ours, coraux, oiseaux,
pangolins, reptiles et esturgeons (caviar noir)) tire également d’importants bénéfices
de la capture et des échanges illégaux. Ces espèces valent cher, tant sur le marché noir
que pour l’économie nationale, à condition d’être gérés de façon durable. La crimina-
lité environnementale opère par définition en dehors de toute réglementation et admi-
nistration officielle de l’État. Elle représente donc une menace importante sur le plan
économique, environnemental et sécuritaire, menace qui a suscité relativement peu
d’intérêt par le passé.
Selon la CITES, le commerce international d’espèces sauvages,
très diversifié, concernerait chaque année des centaines
de millions de spécimens vivants de plantes et d’animaux ou de
sous-produits (produits alimentaires, articles en cuir exotique,
instruments de musique en bois, bois d’œuvre, souvenirs pour
les touristes, produits médicinaux).
Le niveau d’exploitation de certaines espèces animales et végé-
tales est élevé et leur commerce, associé à d’autres facteurs tels
que la perte de leur habitat, peut affaiblir les populations, voire en
menacer certaines d’extinction. Toutes les espèces faisant l’objet
d’un négoce ne sont pas en danger, mais leur avenir ne peut être
garanti que grâce à l’existence d’accords assurant la durabilité des
échanges.
Le commerce des animaux et des plantes sauvages dépassant les
frontières nationales, les actions de réglementation exigent une
coopération internationale afin de préserver certaines espèces
de la surexploitation. La CITES, en collaboration avec les États,
contribue à offrir différents niveaux de protection à plus de
35  000 espèces animales et végétales, qu’elles soient commercia-
lisées sous forme d’animaux vivants, de manteaux de fourrure ou
de plantes médicinales. La CITES règlemente aussi le commerce
d’espèces marines suite aux décisions de la 16
e
session de la
Conférence des Parties.
La chasse pour la viande de brousse (chasse d’animaux sauvages
pour l’alimentation) représente également une menace majeure
pour les populations d’animaux sauvages à travers le monde, y
compris dans les zones protégées.
Un grand nombre d’espèces emblématiques comme les rhino-
céros, les tigres, les grands singes et les éléphants, pour n’en citer
que quelques-unes, sont également victimes de commerce illi-
cite. Mais de nombreuses autres espèces font l’objet d’une chasse
intensive, comme les guanacos en Argentine et au Chili et les
saïgas au Kazakhstan, dont la population s’est effondrée de plus
de 95 % après la chute de l’Union Soviétique
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