Journal C'est à dire 217 - Janvier 2016

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Chômage à 3,6 % La vallée de Joux toujours à l’heure du plein-emploi Sans la qualifier d’euphorique, la situation économique dans la vallée de Joux ne suscite pas trop d’inquiétude. Il n’y a sans doute jamais eu autant d’emplois dans cet eldorado horloger.

L e secret des affaires hor- logères est toujours bien gardé dans la vallée, comme sur tout l’Arc jurassien d’ailleurs. Toute ten- tative d’approche économique prend des allures de parcours du combattant qui n’aboutissent souvent à pas grand-chose. Il n’empêche, avec un taux de chô- mage à 3,6 % en novembre der- nier, la vallée de Joux affiche une belle santé professionnelle, bien au-dessus du niveau can-

Éric Duruz. Sans être dans le secret des grandes manufactures locales, le directeur de l’Association pour le Développement des Activités Économiques de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.) œuvre au quo- tidien pour valoriser ce bassin horloger probablement unique en son genre dans son contexte géographique. “Il n’y a pas d’aler- te dans notre région même si les sous-traitants qui interviennent dans d’autres branches, par

tique. C’est plus tendu chez les petits sous-traitants où deux entreprises ont eu recours au chô- mage partiel. Dans les grosses sociétés, il y a aussi eu des embauches ou des recrutements de temporaires. Certaines s’en sortent même plutôt bien” , note Noé Pelet, secrétaire syndical Unia au Sentier. Les deux inter- locuteurs rappellent que la peti- te contraction observée dans les exportations horlogères en 2015 s’inscrit dans une dynamique de croissance ininterrompue depuis 2011. Voire plus. “Hor- mis le coup de frein suite à la crise financière de 2008-2009, on est dans une tendance géné- rale qui a toujours été positive depuis 20 ans. Si maintenant, il y a un peu moins d’engagements, ce n’est pas catastrophique. L’hor- logerie suisse reste une branche stable qui peut être sujette com- me les autres à des accidents de parcours” , estime Éric Duruz. Pour lui, les médias ne sont pas étrangers à l’amplification d’une crise qui n’est pas encore avé- rée dans les faits. “Je ne consta-

Éric Duruz est le directeur de l’Association pour le Développement des Activités Économiques de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.).

tonal à 4,9 %. À titre comparatif, les cités horlogères de La Chaux de Fonds et du Locle se situent dans le même temps à 7,2 % et le Val-

exemple celles des machines ont peut-être été plus impactés par le franc fort.” Le renchérissement de la monnaie suisse

Une vallée relativement épargnée.

gère en pronostiquant une légè- re croissance. “Parce qu’il reste toujours un gros potentiel d’ache- teurs dans le monde.” Sur le plan social, Noé Pelet joue la prudence. “On constate que le salaire médian horloger est passé de 5 300 à 5 000 francs en 2015. On peut expliquer cette baisse avec l’automatisation des lignes de production qui requiert une main-d’œuvre moins quali-

te pas cela. On ne doit pas s’in- quiéter parce qu’il n’y a plus une progression à deux chiffres. Il peut aussi y avoir des investis- sements reportés. On a vécu une grosse phase de constructions industrielles au cours des der- nières années. Ce qui sous-entend aujourd’hui d’organiser les ate- liers en conséquence.” Il se montre même optimiste sur l’évolution de l’activité économique horlo-

fiée. Mais si la tendance se confir- me à l’avenir, on pourra vrai- ment parler de sous-enchère sala- riale” , conclut le syndicaliste par ailleurs toujours très inquiet des risques de contingentements qui pèsent sur les travailleurs fron- taliers suite à la votation du 9 février 2014. “Unia défend bec et ongles la libre circulation des personnes.” F.C.

de-Travers à 5,9 %. “ On dénom- brait 7 800 emplois en 2013 et je pense qu’aujourd’hui, on ne doit pas être loin de 8 000 avec un taux de frontaliers légèrement supérieur à 50 %. Il n’y a sans doute jamais eu autant d’em- plois dans la vallée de Joux. Et les entreprises ont fait de très gros efforts pour garder les gens lors des dernières crises” , explique

n’améliore pas la compétitivi- té des entreprises. “Cela a sur- tout un impact dans la zone euro. Mais il y a d’autres effets qui se combinent avec le cours des mon- naies. C’est difficile de l’isoler du reste.” Du côté du syndicat Unia, on partage aussi ce sen- timent d’une vallée relativement épargnée. “Pour le moment, la situation est loin d’être drama-

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