La Presse Pontissalienne 229 - Novembre 2018

26 DOSSIER DOSSIER SPÉCIAL A.N.E.M. AGRICULTURE

La Presse Pontissalienne n° 229 - Novembre 2018

“La situation est plus préoccupante qu’en 2003” Président des comices du Doubs, Philippe Schaller analyse les conséquences de la sécheresse sur les exploitations agricoles. Manque d’eau et stocks de fourrage en baisse

L a Presse Pontissalienne : Le ministre de l’Agriculture a annu- lé sa visite à Morteau le 18 octobre pour cause de rema- niement. Que lui auriez-vous dit ? Philippe Schaller : C’est un messa- ge qu’il a maintes fois entendu, notamment de la part des orga- nisations syndicales. Cette année est particulière et particulière- ment difficile.Tout le monde est conscient du problème de la sécheresse. Nous, agriculteurs, cela fait quatre mois qu’on le sait et que nous composons avec. La situation est difficile pour nos exploitations de montagne. Elle l’est plus encore dans les zones de plaine. L.P.P. : Quel est l’impact de la séche- resse sur l’activité agricole dans le Haut-Doubs ? P.S. : Le principal problème, ce sont les récoltes. Celles de juin se sont bien passées, mais celle de juillet et août, voire celles de septembre ont été catastro- phiques. Les stocks de foin sont bas car nous avons dû les enta- mer pour parer aumanque d’her- be dans les pâtures. Les cours de l’aliment fluctuent et il est très difficile de trouver du four- rage. Le problème de l’eau est capi- tal. En temps normal, nous avons des sources pour abreuver les bêtes dans les champs. Or, la plupart des sources sont à sec.

Nous prenons donc l’eau du réseau, mais cela ne peut pas durer indéfiniment. L.P.P. : La situation est-elle plus diffi- cile que 2003, année de sécheresse ? P.S. : Oui, la situation est plus préoccupante qu’au moment de la sécheresse de 2003. On le voit dans les réserves d’eau. Par exemple, sur mon exploitation, j’ai des citernes dans les pâtures. En général, il n’y a pas de pro- blème, on passe l’année bon an mal an, à l’exception de 2003 où nous avons eu une alerte. Mais cette fois-ci, c’est bien pire. Car nous n’avons plus d’eau depuis un mois ! Dans certains coins, la verdure a disparu. L.P.P. : Des voix se sont élevées pour protester contre l’usage de l’eau sur

Philippe Schaller : “La sécheresse n’a pas de conséquence sur la qualité des comtés.”

les comices pour laver les bêtes. Les agricul- teurs ont pourtant obser- vé des mesures de res- triction. Qu’en est-il au juste ? P.S. : Nous avons fait passer un message d’économie dans les comices afin de limi- ter l’utilisation de l’eau pour le lavage des bêtes. Ce mes- sage a été bien sui- vi. J’ai briefé moi- même l’ensemble des présidents des

“Le pire ce sera cet hiver.”

était surtout rendre hommage àAnnie Genevard, députée, vice- présidente de l’Assemblée Natio- nale qui nous a toujours suivis. Je ne parle pas seulement des neuf comices de sa zone où elle est toujours présente. Tous les dossiers que nous avons eu à porter, elle les a portés haut. Pourmoi,le dossier le plus impor- tant est d’avoir pu intégrer, grâ- ce à elle, les femmes d’exploi- tants dans les G.A.E.C., ce qui n’était pas autorisé avant. n

comices du Doubs sur ce point. Pour laver les bêtes, c’est de l’eau non potable qui a été utilisée. Le problème est que la vache boit beaucoup d’eau chaque jour, beaucoup plus qu’il n’en faut pour la laver. En période de chaud, elle consomme quoti- diennement 100 litres d’eau. Les besoins sont très importants. Je rappelle que le lait, c’est 90 % d’eau.

conséquences sur la qualité et la quan- tité des comtés ? P.S. : La sécheresse n’a pas de conséquence sur la qualité des fromages, car lorsque les vaches produisent moins, le rendement est souvent supérieur. Je n’ai pas de crainte par rapport à cela. En revanche, il y aura une bais- se du nombre de comtés, consé- cutive à la diminution du litra- ge. Le pire ce sera cet hiver si vraiment on manque de four- rage.

L.P.P. : Le 19 octobre à Morteau, lors du Congrès de l’Association Nationa- le des Élus de la Montagne vous avez tenu à présenter aux élus des chevaux comtois et des vaches montbéliardes. Quel était l’objectif de cette opéra- tion ? P.S. : L’objectif était de faire décou- vrir et promouvoir notre savoir- faire et nos spécificités. Nous sommes ici dans le berceau de la race montbéliarde, du cheval comtois et du comté ! Notre but

L.P.P. : La sécheresse a-t-elle des

Cette pression foncière qui exclut les non-frontaliers… Comment conserver des logements accessibles à la propriété pour des salariés qui ne travaillent pas en Suisse ? Le Département met en place des réponses pour le Haut-Doubs. Le revers de la prospérité

prix le cas échéant. Le dispositif d’en- semble repose sur : une dissociation du foncier et du bâti permettant l’ac- quisition par les ménages de leur rési- dence principale à un prix abordable en achetant les droits réels grevant le bâti et dont la durée est “rechargeable” en cas de mutation (vente-donation- succession), l’acquisition et la conser- vation du foncier par l’Office dans une logique anti-spéculative, un contrôle de l’affectation des logements en fonc- tion des ressources des ménages et un accompagnement lors de la mutation des droits réels et l’encadrement du prix de revente des droits réels per- mettant le maintien durable de l’offre à un prix abordable. Le bail réel solidaire (B.R.S.) peut être compris entre 18 et 99 ans en vue de la location ou de l’accession à la pro- priété de logements, avec s’il y a lieu, obligation pour ce dernier de construi-

re ou réhabiliter des constructions exis- tantes. À la fin du bail, les construc- tions deviennent la propriété de l’Of- fice contre indemnisation. Demeure un autre levier pour régler cette question du logement “abordable” : que les entreprises augmentent les salaires ou que des communes (com- meValdahon) préemptent et encadrent le prix des terrains au mètre carré. n Le Département du Doubs organise mercredi 14 novembre à Orchamps- Vennes (Théâtre, à 18 h 30) une réunion sur le thème de la pression foncière, et des conséquences sur l’emploi et le logement dans le cadre des 10 ans de l’Observatoire dépar- temental de l’habitat.

P our un salarié payé au S.M.I.C., comment débourser 850 euros par mois dans un logement de 60m 2 à Pontarlier ou acqué- rir unmorceau de terrain dont le prix au m 2 dépasse allégrement les 170 euros, et vivre décemment ? Impos- sible. Seule solution : quitter le Haut- DOubs frontalier pour s’installer dans la seconde voire troisième couronne, là où les prix - bien qu’en augmenta- tion - demeurent plus faibles. Un choix qui l’éloigne de son travail et augmente ses frais de déplacement. Dans le même temps, les entreprises locales de services ou du secteur indus- triel peinent à recruter. Une quadra- ture du cercle. “C’est un vrai sujet sur lequel nous voulons apporter des

réponses, présente Jacqueline Cuenot- Stalder, conseillère départementale du canton de Morteau et présidente de l’Agence départementale pour l’in- formation sur logement du Doubs.

lation !” poursuit l’élue. Le Département du Doubs s’est saisi du dossier via la création de cet Offi- ce dont l’objectif est d’acquérir et de gérer des terrains, bâtis ou non, en vue de réaliser des logements et des équi- pements collectifs, destinés à la loca- tion ou à l’accession à la propriété, à usage d’habitation principale. Il comble également la faible proportion de loge- ments sociaux dans le secteur. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif, agréé par le préfet de Région. Il constitue un nouvel acteur du foncier dont l’objet est de constituer un parc pérenne d’ac- cession à la propriété ou à la location à destina- tion des ménages modestes, sous pla- fond de ressources et de loyer ou de

Notre objectif est de per- mettre d’acquérir du fon- cier par l’intermédiaire de l’Office foncier soli- daire (O.F.S.), à l’exemple de la Haute-Savoie. Nous avons par exemple des dif- ficultés de recrutement pour les auxiliaires de vie. Cela s’aggravera si nous ne faisons rien alors que les besoins seront encore plus importants avec le vieillissement de la popu-

À destination des ménages modestes.

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