La Presse Pontissalienne 229 - Novembre 2018

MOUTHE - RÉGION DES LACS 38

La Presse Pontissalienne n° 229 - Novembre 2018

FORÊT

60 000 m 3 d’épicéa infestés

Le bostryche à l’assaut du second plateau La sécheresse persistante favorise la propagation du scolyte ravageur qui a déjà causé de gros dégâts sur les peuplements d’épicéa du premier plateau et

L’ impact de la sécheres- se ne se réduit pas au lit désespérément sec du Doubs dont on se demande d’ailleurs s’il retrou- vera un jour son cours noncha- lant entreArçon et le défilé d’En- treroches. Le manque d’eau et la chaleur ont favorisé la proli- fération d’un insecte ravageur bien connu des forestiers, à

cette surabondance boycotte- ront-ils la prochaine vente de bois de Levier du 12 novembre comme ils l’avaient fait ce prin- temps ? Les cellules de crise se multiplient à l’échelle de la filiè- re bois. “S’agit-il seulement d’une mauvaise passe à court terme ou cela sous-entend-il une remi- se en cause totale du fonction- nement des communes fores- tières résineuses dont une bonne partie des investissements repo- se historiquement sur la res- source forestière ?” , analyse Christian Coutal. De quoi s’in- terroger sur l’utilité de conti-

savoir le scolyte de l’épicéa ou typographe qui infeste les plan- tations d’épicéa des premiers plateaux du Doubs. “À la mi- octobre, on estimait l’ampleur des dégâts à 60 000 m 3 unique- ment en forêt publique. Et le phé- nomène tend à se propager sur les seconds plateaux. Pour don- ner une idée de niveau d’infes- tation, on retrouve jusqu’à 2 500 insectes par m 3 de bois infesté” , note Christian Coutal, le pré- sident de l’association des com- munes forestières du Doubs. Au-delà du phénomène de réchauffement climatique, cet- te situation s’explique d’abord par la persistance inhabituelle sur tout l’est de la France de ce puissant anticyclone qui bloque toutes les dépressions venues du sud et de l’ouest. “Le pro- blème se pose donc à l’échelle européenne. Conséquence : on se retrouve avec un marché com- plètement saturé de bois sec” , poursuit l’élu qui parle d’une situation de crise absolue. Cette surabondance pose ques- tions. Que va-t-on faire de tous ces bois ? En zone résineuse, les communes forestières se deman- dent si elles vont pouvoir vendre leurs bois verts et surtout à quel prix ? Les scieurs qui jouent de

menace de se propager sur tout le Haut-Doubs. Interrogations des communes forestières.

nuer à planter des épicéas sur les pre- miers plateaux, voire plus haut. Les communes résineuses avaient déjà dû s’adapter à la stagnation des prix qui perdure depuis trente ans. Où trouveront- elles demain les moyens d’investir si leur principale ressource dispa- raît ? Le modèle des riches com- munes forestières qui ne faisaient

Dans les riches communes forestières.

tente de se rassurer le prési- dent des communes forestières du Doubs. Dans l’immédiat, tout le mon- de est d’accord sur l’urgence d’évacuer ces bois secs. Tous croisent les doigts et rêvent d’un hiver bien arrosé et très froid. Au risque de subir de façon sour- noise et insidieuse une catas- trophe qui pouvait être aussi importante sinon plus que la tempête de 1999. n F.C.

pas payer l’eau ou offraient une machine à laver aux jeunes mariés est mis à mal. “Le seul moyen de lutte efficace passe par l’abattage des arbres infestés. On voit mal une commune se mettre à blanc et attendre des décennies sans recettes fores- tières le temps que les peuple- ments arrivent à maturité. Sur- tout si elles sont dans le besoin. Il y a beaucoup d’interrogations qui je l’espère ne sont pas le pré- lude à de vraies inquiétudes” ,

Les scolytes ont déjà causé pas mal de dégâts dans les plantations d’épicéa du premier plateau (photo F. Dumortier C.N.P.F.).

EN BREF

MOUTHE Un changement de réglementation Des citernes d’eau jamais utilisées à l’hôpital local Avec la sécheresse persistante, certaines incohérences refont surface comme ces citernes de récupération d’eau flambant neuves qui n’ont jamais pu être mises en service du fait d’un changement de réglementation.

Sécheresse Dans un communiqué, la préfecture du Doubs rappelle, et ce malgré les épisodes pluvieux ou neigeux récents, le maintien de la vigilance quant aux usages de l’eau. “Les précipitations enregistrées fin octobre, à savoir une vingtaine de millimètres de pluie n’ont permis que d’humidifier les sols” note la préfecture. En conséquence, le niveau crise sécheresse pour le département est maintenu et la population est appelée à maintenir son comportement citoyen pour l’usage de l’eau. Terroir La prochaine édition du salon Talents & Saveurs, le plus grand marché couvert éphémère de la région, se tient à Micropolis Besançon du vendredi 16 au dimanche 18 novembre. Au-delà d’être une immense halle où sont rassemblés producteurs, éleveurs, écrivains, artisans et chocolatiers cette année, c’est une effervescence d’animations, ateliers, dégustations, concerts… Cinéma Projection du film “Les Croix de Bois” de Raymond Bernard en version restaurée, dimanche 11 novembre à 18 h 30 au Cinéma Olympia de Pontarlier.

L a construction de ces citernes devait permettre de récupérer l’eau de pluie pour un usage sanitaire. Des investissements ont été faits de ce sens à l’hôpital local de Mouthe ainsi qu’à l’E.H.P.A.D. de Doubs, deux enti- tés du Centre Hospitalier Inter- communal de Haute Comté (C.H.I.H.C.). “Quand les tra- vaux ont été engagés, c’était per- mis. Entre-temps, la réglemen- tation a évolué, si bien qu’il n’était plus possible d’utiliser ces réserves” , explique Olivier Volle, le directeur du C.H.I.H.C. Principe de précaution certes, mais on ne peut s’empêcher de penser que cette eau aurait sans doute été bien utile en pleine sécheresse, qui plus est dans

une commune en “urgencemaxi- male de crise” suite au taris- sement de la source du Doubs qui constitue la seule source d’approvisionnement deMouthe. En complément des mesures préfectorales, le maire Daniel Perrin a demandé des efforts

L’hôpital de Mouthe n’a pas le droit d’utiliser l’eau de ces citernes.

mateurs sont l’E.H.P.A.D. de Doubs avec 20 000 m 3 par an et l’hôpital proprement dit à 21 000 m 3 par an. À l’opposé, on trouve l’I.F.S.I. avec 350 m 3 par an. “On a un gros poste de consommation en moins avec l’externalisation de la blan- chisserie à l’entreprise U.N.A.P. Tous les robinets sont équipés de brise-jet.” Le C.H.I.H.C. n’est bien sûr pas concerné par les mesures de restriction d’eau sauf pour les usages qui n’ont rien à voir avec la santé comme l’arrosage des espaces verts. “Les robinets exté- rieurs sont à l’arrêt depuis

précautions d’usage, aurait aus- si permis quelques économies substantielles au niveau du C.H.I.H.C. qui peine toujours à boucler son budget. Seule consolation, les citernes sont toujours là, vides et prêtes à l’emploi. Tout comme l’aile tou- jours inoccupée du pôle psy- chiatrique du Grandvallier à Pontarlier qui n’a jamais été exploitée par le C.H.I.H.C. fau- te de se voir attribuer le bud- get de fonctionnement adéquat. La consommation d’eau à l’échel- le du C.H.I.H.C. s’élève à 58 000 m 3 par an, soit 160 m 3 par jour. Les principaux consom-

quelques mois” , note Romuald Vivot, le responsable de la com- munication. L’hôpital général à Pontarlier dispose d’une conduite principale et d’une conduite de secours connectées chacune sur deux réseaux dif- férents. Impossible aussi de réduire la pression du fait des équipements et des pratiques. “On est par exemple obligé de faire régulièrement des vidanges des conduites pour éviter les risques de légionellose.” Avec la sécheresse, des notes de service ont été diffusées auprès des agents en rappelant des gestes d’économie. n

supplémentaires à la population : proscrire les bains, limiter le tirage des chasses d’eau, utiliser les machines à laver et lave-vaisselle seulement quand ils sont pleins… L’utilisation de cette eau de récu- pération, avec les

“Cette eau aurait sans doute été bien utile.”

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