GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

COMPRENDRE LA RÉGION 246

prestige. Le toit très aigu, hérissé de cheminées sculptées, couvre des combles spacieux, éclairés par de hautes lucarnes monumentales. Alors qu’auparavant on réduisait les ouvertures, points vulnérables par excellence, les fenêtres se font désormais larges et sont encadrées de pilastres. L’escalier monumental à rampes droites, voûté en caissons et axé au centre de la façade, se substitue à la tourelle d’un escalier à vis masqué. Les artistes italiens en créent de nouveaux modèles. Dans la vaste cour d’honneur, une galerie – nouveauté venue d’Italie à la fin du 15 e  s. – apporte une touche d’élégance. Seule construction traditionnelle, la chapelle continue à utiliser la voûte d’ogives et le décor flamboyant. DU CLASSIQUE 17 e  S. AUX FANTAISIES DU 19 e  S. Après le départ de la Cour pour l’Île- de-France, de hauts personnages continuent d’élever de beaux édifices, comme la ville et le château de Richelieu (détruit), qui annoncent Versailles. Les artistes viennent désormais de Paris. Le 19 e  s. est une période particulièrement propice à la construction de châteaux : les classes dirigeantes se font bâtir ou rebâtir châteaux et manoirs, autour desquels elles viennent chasser. Néo-Renaissance, néogothique, néoclassique ou totales réinterprétations sont les

styles adoptés pour ces milliers de constructions, au confort plus adapté à la vie moderne, ce qui explique que beaucoup restent habitées aujourd’hui. Repères dans l’art des jardins Privilégiée par la présence d’importantes abbayes, de puissants seigneurs puis des rois de France, la région s’est vue fleurie et cultivée au gré des modes. Jardins médiévaux, inspirés de la Renaissance italienne, « à la française », « à l’anglaise » ou contemporains se sont succédé. Quelques principes permettent de repérer à quelles périodes rattacher ces sources de plaisirs raffinés ou de pieuse méditation. JARDIN CLOS DU MOYEN ÂGE « J’ai un jardin rempli de plantes parfumées où fleurissent la rose, la violette, le thym et le crocus, le lis, le narcisse, le serpolet, le romarin, le jaune souci, le daphné et l’anis. D’autres fleurs s’y épanouissent à leur tour de sorte qu’à Bourgueil le printemps est éternel… » écrit, en l’an 1100, l’historien et poète Baudry de Bourgueil à propos de son abbaye. Les sources ne nous permettent pas de remonter au-delà du Moyen Âge, mais les abbayes de Bourgueil, Marmoutier ou Cormery possèdent un jardin. Traditionnellement, ces jardins monastiques sont divisés en

LA MODE DES POTAGERS L’apparition de nouveaux légumes en provenance des Amériques intensifia l’intérêt pour le potager à la Renaissance. Celui de Villandry a été reconstitué au début du 20 e  s. par JoachimCarvallo (1869-1936) à partir de documents du 16 e  s. Il conjugue la traditionmonastique du potager au dessin géomé- trique et celle des jardins d’ornement italiens. Le potager est également à l’honneur à la Bourdaisière (collection de quelque 650 tomates), à Valmer (fruits et légumes oubliés) et au château du Rivau où la créatrice rend hom- mage à Rabelais en réalisant le potager de Gargantua.

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