Journal C'est à Dire 108 - Février 2006

P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

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I.G.P. saucisse de Morteau : le blues de la profession porcine Filière porc Installé depuis 1988 dans la filière porcine, Joël Bassignot exploite avec sa compagne Édith Monnot un atelier de naissage à Grandfontaine- sur-Creuse et deux porcheries d’engraissement à Flangebouche et Plaim- bois-Vennes. Cet éleveur-engraisseur n’est pas forcément convaincu de toucher les dividendes de l’I.G.P. saucisse de Morteau.

À la différence des pro- ducteurs laitiers qui exercent une activité globalement bien acceptée par le voisinage, les porchers ne bénéficient pas d’une image valorisante. Accusée de polluer les nappes phréatiques,

fessionnel de la filière. “On souffre d’un manque latent de reconnaissance. Les gens consom- ment du porc mais ils ne veu- lent surtout pas d’une porcherie près de chez eux même si on va souvent au-delà des prescrip- tions en vigueur. C’est assez exas-

travaillé 6 ans au service de rem- placement laitier dans l’atten- te de reprendre la ferme paren- tale. Ce projet n’ayant pu se concrétiser, il est parti suivre une formation porcine à Châ- teaufarine en 1986. “Il y a un manque de porcelets en Franche- Comté. J’ai monté un dossier en vue d’exploiter un atelier de nais- sage.” L’opération aboutit au rachat de l’ancienne porcherie de Grandfontaine-sur-Creuse transformée pour accueillir une centaine de truies et un ate- lier post-sevrage. Joël Bassignot adhère au groupement des éle- veurs de la Chevillote qui rachè- te les porcelets. Le jeune éleveur comprend vite l’intérêt d’aller plus loin dans l’élevage. “Quand on investit dans un potentiel génétique, autant le valoriser jusqu’au bout” dit-il. En 1989, il loue une por- cherie d’engraissement à Vercel qu’il délaisse au bout d’un an pour celle de Loray où il reste- ra une dizaine d’années. En même temps que ce transfert, il fonde avec sa compagne le G.A.E.C. Bassignot-Monnot. Le couple investit ensuite dans l’agrandissement de l’atelier de naissage qui double de capaci- té. Il abrite aujourd’hui 227 truies. “Le site de Loray s’avé-

prise à partie par des associations de rive- rains à la moindre ten- tative d’extension ou d’installation, la pro- fession traîne derrière elle une réputation aux

pérant de voir ces mêmes personnes acheter sans sourciller de la viande produite dans des condi- tions parfois plus dou- teuses sur le plan sani- taire.”

“ça n’apporte pas la plus- value escomptée.”

effluves plutôt nauséabonds. “L’exemple des porcheries indus- trielles bretonnes n’arrange rien” , souligne à juste titre un pro-

Joël Bassignot est remonté. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il a accepté de s’ex- primer. Ce fils d’agriculteur a

Joël Bassignot estime qu’un éleveur trouve difficilement son compte avec la Morteau.

haut et fort son statut d‘éleveur indépendant, Joël Bassignot s’emporte aussi sur certaines normes de bien-être animal sus- ceptibles d’être imposées par Bruxelles. “C’est normal d’ac- corder plus d’aisance. Je ne renou- vellerai plus jamais l’expérience du plein air. Quand elles sont ensemble dans un parc, les truies retrouvent un comportement de dominant-dominé. Ça entraîne pas mal de blessures. J’ai pré- féré arrêter car ça devenait trop compliqué à gérer.” ■

rait alors trop petit. On a rache- té une petite porcherie d’en- graissement de 300 places à Plaimbois-Vennes.” Le dernier épisode du dévelop- pement du G.A.E.C. remonte à 2002 avec le départ de Loray pour s’installer en location à la porcherie de Flangebouche d’une capacité de 1 500 places. Toujours vendus à la Chevillot- te, les porcs sont nourris avec un mélange céréales, tourteaux minéraux et lactosérum en pro- venance de la fromagerie. “On

intègre au minimum 60% de céréales conformément au cahier des charges de la Morteau. C’est très difficile pour un éleveur de trouver son compte dans cet- te valorisation. Ça n’apporte pas la plus-value escomptée en regard du travail effectué” poursuit Joël Bassignot également affilié au Porc Comtois de Petit lait pour la viande fraîche. Le couple Bassignot-Monnot emploie un salarié à mi-temps sur les sites de Plaimbois-Vennes et Flangebouche. Revendiquant

L’atelier de naissage de Grandfontaine-sur-Creuse a été agrandi pour accueillir aujourd’hui 227 truies.

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