Journal C'est à dire 225 - Octobre 2016

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suis intervenu par exemple dans la réalisation de plusieurs écoles dans le Haut-Doubs. Càd : Le matériau bois rime souvent avec économie d’éner- gie ? Chasseur de performance énergétique Ingénieur en construction bois dans le Haut-Doubs, Franck Grillon investit une partie de son énergie dans la conception de maisons passive. Facile à dire, plus compliqué à réaliser. Entretien. Bureau d’étude bâtiments. C’est isolant et cela ne craint pas l’humidité. On peut également créer des ambiances authentiques à partir d’éléments de vieilles charpentes qui don- nent un certain cachet.

C’est à dire : Pourquoi la construction bois ? Franck Grillon : On a toujours travaillé le bois dans la famil- le. Mon grand-père était menui- sier charron. J’ai suivi une for- mation au lycée du bois à Mou- chard avant d’entrer à l’école Nationale Supérieure des Tech- nologies et Industries du Bois à Épinal qui forme des ingénieurs. Après l’armée, j’ai travaillé à Bois-d’Amont chez un fabricant des maisons en madriers puis à

F.G. : C’est une por- te ouverte sur les bâtiments très basse consommation. On part souvent d’une ossature bois qu’on

Càd : Comment défi- nir le concept de mai- son passive ? F.G. : Pour moi, c’est sur- tout une question d’orien- tation pour avoir un bâti-

Arbois dans l’entreprise Clément qui fait de la préfabrication ossa- ture bois à échelle industrielle. J’ai finalement ouvert en 2007 ce bureau d’étude spécialisé en structure bois. Au départ, j’as- sistais beaucoup les petites entre- prises qui se développaient dans la construction bois maison indi- viduelle, bâtiment agricole… Je leur propose de l’ingénierie. L’ac- tivité s’est ensuite diversifiée en gardant comme fil conducteur la performance énergétique. Je

“C’est difficile de convaincre les gens.”

remplit et isole. J’utilise prin- cipalement des matériaux bio- sourcés : chanvre, laine de bois, paille, ouate de cellulose. Aujour- d’hui, on emploie des matériaux issus de recyclage comme le ver- re cellulaire posé en plus ou moins grande épaisseur sous les

ment sans chauffage conven- tionnel où l’ensoleillement contri- bue à 60 % des apports calori- fiques. Je suis depuis quelques années des formations sur les bâtiments passifs et j’ai obte- nu l’an dernier la certification C.E.P.H. qui me reconnaît com- me Concepteur Européen en Bâtiment Passif. Càd : C’est un vrai métier ? F.G. : La maison passive impo- se de respecter différentes règles au niveau vitrage, ventilation, isolation, étanchéité à l’air. C’est vite très technique. Le bâtiment passif correspond à la prochai- ne R.T. 2020 qui sera obliga- toire dans le neuf à partir de 2021. En France, on parle plu- tôt de Bâtiment à énergie posi- tive ou BéPos. La réussite d’un tel projet repose beaucoup sur la volonté du maître d’œuvre d’aller dans ce sens. Ce qui sous- entend de faire l’effort de trou- ver le terrain adéquat.

Franck Grillon a conçu l’agrandissement de son bureau sur le standard passif en privilégiant l’ensoleillement.

Càd : Vous vivez dans une maison passive ? F.G. : Ce n’était pas d’actuali- té quand j’ai construit mais j’ai agrandi en 2012 mon bureau sur le standard passif sans chauf- fage avec juste un petit com- plément calorifique qui permet de compenser les quelques degrés perdus par la ventilation double flux. La maison passive ne lais- se pas de place à l’improvisation, d’où le besoin et l’intérêt de s’en- tourer des compétences adé- quates, d’avoir une vision glo- bale du projet et de l’ingénierie. La maison passive ne supporte par exemple aucun pont ther- mique. Sur le plan des perfor- mances, une maison passive consomme environ 15 kW par m2 et par an, soit cinq fois moins qu’une maison conforme.

Càd : Le Haut-Doubs où les constructions se sont multi- pliées au cours des dix der- nières années vous semble- t-il réceptif à ces concepts ? F.G. : Disons que certains pays sont beaucoup plus en avance comme l’Autriche par exemple. C’est difficile de convaincre les gens Càd : Un manque de com- munication ? F.G. : Peut-être. Avec d’autres confrères, on projette de mettre en place sur Mouchard une antenne régionale rattachée à la Fédération française de la Mai- son Passive. C’est ni plus ni moins qu’une association de pro- motion. n Propos recueillis par F.C.

Le bureau d’étude C.B.I.S.

a apporté sa contribution

technique à la construction de l’école d’Aman- cey isolée avec de la paille et qui répond aux critères des bâti- ments passifs (photo N. Walte- faugle).

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