Journal C'est à dire 225 - Octobre 2016

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Le commerce mortuacien fait mal au voisin Commerce À La Chaux-de-Fonds, les supermarchés souffrent. À Fleurier, les com- merçants enregistrent une baisse de 35 % de leur chiffre d’affaires. La concurrence mortuacienne a raison du patriotisme suisse.

P as besoin d’être devin pour comprendre que la bonne santé du commerce mor- tuacien, notamment les grandes surfaces, est due en partie à l’af- flux de Suisses. À l’image du principe de vases communicants, La Chaux-de- Fonds mais aussi Le Locle voient une partie de leurs chalands s’ex- patrier à Morteau pour y ache- ter une pièce de viande trois moins chère ou un appareil hi- fi 25 % meilleur marché. Comp- ter - 20 % pour une paire de bas- kets. À écouter les spécialistes, les supermarchés suisses seraient plus durement touchés que les artisans même si cela n’a pas empêché Aldi d’ouvrir récem- ment au Locle un magasin flam- bant neuf. “Le commerce de détail souffre de façon générale en Suis- se en lien notamment avec le déve- loppement du commerce par Internet, y compris pour les courses alimentaires. Pour La Chaux-de-Fonds, s’ajoutent à ces difficultés la proximité avec la frontière et l’effet du franc fort” admet Yanick Stauffer, délégué au marketing urbain à La

Chaux-de-Fonds, rappelant au passage que La Chaux-de-Fonds compte un peu plus de 39 000 habitants pour un pôle urbain de 80 000 habitants. Comment les supermarchés voi- sins rivalisent-ils ? “Ils essayent de rivaliser au travers de pro- motions importantes avec les supermarchés français mais, dans ce secteur, les difficultés sont plus importantes. D’autant plus que les supermarchés français et cer- taines enseignes de vêtements ou de jouets font de la publicité direc- tement dans les boîtes à lettres chaux-de-fonnières” “Ils se relouent en général assez rapidement. Nous avons plu- sieurs acteurs qui souhaiteraient ouvrir actuellement mais qui ne trouvent pas de locaux adap- tés. En revanche, il est vrai qu’il y a beaucoup moins d’indépen- dants qui se lancent dans le com- merce actuellement en lien avec les difficultés de la branche” admet Yanick Stauffer. concède le spécialiste. Pour autant, le taux de vacances de commerces reste très bas sur le Pod.

Une association s’est créée pour dynamiser le centre-ville : “Vivre la Ville” qui a relancé la fête de la musique et prépare unmar- ché de Noël. L’association des commerçants indépendants de détail opère des opérations “déballages” devant les com- merces afin de proposer des soldes exceptionnels (cette opé- ration a eu lieu deux fois cette année). Enfin, la Ville a mis sur pied le Réseau Centre-Ville qui a pour but de promouvoir les acteurs et les activités dans le centre-ville. “Nous sommes en termes d’économie résiden- tielle que nous puissions pous- ser les gens à dépenser dans notre centre-ville comme a su le faire Morteau” conclut le délégué au commerce. Dans le Val-de-Travers, le coup est rude à Fleurier avec la proxi- mité pontissalienne. “Après 16 mois sans me verser de salaire, je me demande si je dois conti- conscients de la bonne santé du commerce mor- tuacien et de son regain d’image ces dernières années. Il est important,

“J’ai aussi des frontaliers qui achètent” indique Pascal Schneider du magasin Siberia sports à La Brévine.

U à Pontarlier” dit cet habitant de Couvet venu se dépanner en produits laitiers. Heureusement pour eux, tous les Suisses ne sont pas attirés par la France : “Passer 45 minutes dans le bouchon, je l’ai fait une fois, pas deux” dit Monique, de Fleurier. À La Bré- vine, on relativise : “Oui, je suis peut-être concurrencé par Décath- lon Pontarlier pour le textile, admet Pascal Schneider du magasin Siberia Sports au centre de La Brévine. Mais pour le res- te des produits, j’ai même des frontaliers qui viennent ache-

nuer ou arrêter. Je prendrai la décision dans quelques mois” lâche Sylvie Pomorski, gérante du magasin de vêtements “L’ap- parente Aise” à Fleurier. Devant la Migros à Fleurier, un homme sort avec un caddie à peine rem- pli : “C’est vrai que j’ai changé nos habitudes de consommation, confie-t-il. Pour quelqu’un qui gagne 4 000 francs en Suisse, ça devient dur à la fin du mois. Ce le sera encore plus parce qu’un tiers de mon salaire passe dans l’assurance-maladie qui aug- mente encore cette année. Pour les grosses courses, je vais à Hyper

ter des paires de ski. Je n’ai pas senti de baisse de chiffre d’af- faires. À nous de proposer du conseil, se démarquer” indique le spécialiste du ski de fond. Le commerce suisse de proxi- mité est en mutation. Touché par le franc fort, par Internet, il doit se réinventer à l’heure où les Suisses eux-mêmes ont l’im- pression de voir leur niveau de vie baisser. Les entendre demander des rabais sur des prix affichés est en soi une révo- lution sociétale. n E.Ch.

“Les gros achats à Pontarlier.”

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