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MONBÉBÉ / A la conquête du langage

Une étudemenée enFrancepar les chercheurs duBabylab* amontréquedes enfants de3mois sont capables dedistinguer les sons du langageoral des autres sons, nonporteurs de sens. L’enfant prêteplus d’attentionaux sons de la langue: il adéjà intuitivement enviede les enregistrer pour les utiliser plus tard. Non seulement, il perçoit qu’il s’agit d’un langage producteur de sens,mais enoutre, lorsqu’on lui parle, il comprend la teneur dumessagede façonprécise grâce àd’innombrables indices nonverbaux: le tonde notre voix, l’expressiondenotre visage, notre regard, la chaleur quenous dégageons…Tous ces éléments lui permettent denous recevoir cinq sur cinq! Et bien sûr, plus on lui parle,mieux il nous comprend. *Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistiques de l’ENS (Ecole Normale Supérieure) On lui parlemême s’il ne “comprend” pas

(ou si on croit qu’il ne comprendpas…)

Chez nous, ça se passe comme ça…

On s’adresse à lui

Même s’il ne baragouine que trois

« Le cadet a parlé plus tôt que l’aîné. »

mots, bébé nous comprend et veut communiquer. A nous de le

considérer comme un partenaire à part entière, de lui donner sa place dans les échanges. Évitons de parler de lui comme s’il n’était pas là: on le traite comme tout interlocuteur, en lui parlant, en l’écoutant et surtout, en lui disant lorsqu’on ne le comprend pas. Si on passe à autre chose comme si de rien n’était, comme s’il importait peu qu’il soit compris ou pas, on nie l’importance de sa parole, donc de son être! Onparle le “mamané” Pas question de lui dire « il est caca le kiki », alors qu’il est capable de retenir avec précision n’importe quel mot de la langue. En revanche, pour l’aider à distinguer chaquemot nouveau dans sa forme correcte, on peut utiliser le « parler bébé »: c’est une question d’intonation. On s’exprime sur un ton un peu plus aigu, on articule en détachant bien chaque syllabe, c’est un parler ch antant, agréable et facilitant. Et on ne devient pas gâteux pour autant…

Aziz a toujours été calme, posé. Il parlait peu et employait des mots simples. Je pense qu’il était plus concentré sur d’autres apprentissages. Il a marché avant Adem, son petit frère, qui, lui, a parlé plus tôt. Il est très dynamique et a toujours quelque chose à raconter ; son vocabulaire s’en trouve très développé. Il sait se faire comprendre et s’exprime vraiment bien. Je suis en congé parental depuis sa naissance et j’interagis souvent avec lui. Il est aussi très stimulé par son grand frère qui lui parle et qu’il veut imiter. Adem est très demandeur de ces échanges, il aime aussi beaucoup qu’on lui lise des livres. » Coralie, maman d’Aziz, 4 ans, et Adem, 2 ans. L’AVIS DE L’EXPERT Si le développement du langage suit quasi lemême déroulé chez tous les enfants, la période s’étale et varie selon chacun. Les raisons sont environnementales (Comment lui parle-t-on? Est-il souvent en situation d’échange?),mais aussi propres à l’enfant lui-même, selon qu’il favorise d’abord son développement moteur ou langagier, ou les aspects sensoriels, ou tout à la fois. C. N.

DR,MASSON/ADOBESTOCK,RYANJLANE/ISTOCK,WAVEBREAKMEDIAMICRO/ADOBESTOCK,KOTJARKO/ADOBESTOCK

58 PARENTS Mars 2019

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