Agricultrices d'ici

Sylvie Charron Élevage ovin

« Un choix de vie mûrement réfléchi »

À la tête d’un cheptel de 800 brebis en association avec son frère, Sylvie Charron revient sur les motivations qui l’ont poussée à poursuivre l’histoire agricole familiale.

« Je suis née au sein de l’exploitation familiale. J’adorais la vie à la ferme, qui était pour moi comme une grande fête de famille permanente. J’étais prédestinée au métier d’agricultrice, je l’associais alors à une façon de vivre. Il m’a fallu du temps pour décider d’en faire mon métier. J’avais l’envie et la passion et j’étais prête à m’installer mais, là, j’allais voir les choses du côté professionnel et ce serait moins rose... » Sylvie a mis dix ans pour être sûre de faire le bon choix. Dix années passées à la chambre d’agriculture de Périgueux, avant qu’elle ne revienne à l’exploitation pour s’y associer avec son frère. Des agneaux de races lacaune et Île-de-France naissent et grandissent in situ et des terres sont cultivées pour la pâture et les productions destinées à l’autoconsommation. Au chapitre des engagements – « la famille s’est toujours impliquée dans le syndicalisme professionnel » –, l’éleveuse siège à la commission technique ovine de la coopérative Univia de Thiviers.

« C’est chronophage, mais j’ai pu ainsi participer, par exemple, en 2006, à l’obtention de l’IGP Agneau du Périgord. C’est très intéressant de valoriser notre savoir faire, de réfléchir ensemble et de se remettre en question de manière collective. » Dans la bergerie, Sylvie se confie davantage. « Ce n’est pas simple de faire naître des animaux, de les élever et de les voir partir. D’ailleurs, si j’entretiens des relations affectives avec les brebis, je me l’interdis envers les agneaux. On y pense, on en parle, et puis on oublie, et on recommence l’année d’après. Pour être un bon éleveur, il faut être bien dans sa peau et bien dans sa tête. » Très philosophe à la veille de la retraite, Sylvie évoque avec un sourire serein les bienfaits de ses périples accomplis durant l’hiver. « Je me réserve une quinzaine de jours pour voyager vers des pays de l’hémisphère Sud. Cela me permet de découvrir de nouveaux paysages, d’autres fonctionnements de société, d’autres modèles de vie. C’est réconfortant et ça remet les pendules à l’heure. »

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Angoumois et Nontronais

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