Agricultrices d'ici

Joëlle Michaud Élevage bovin viande

Travailler en couple n’est pas l’option la plus simple. C’est pourtant ce qu’a fini par faire Joëlle Michaud, qui n’a jamais renoncé à son indépendance, bien au contraire. Après plus de quarante ans d’élevage, Joëlle Michaud s’apprête à prendre sa retraite, l’occasion pour elle de dresser un bilan. Un parcours parfois semé d’obstacles que cette passionnée a surmontés les uns après les autres. Issue du milieu ouvrier, Joëlle a tout d’abord travaillé pour le contrôle laitier en Charente avant de décider de s’installer. « Je voulais être exploitante et pas conjointe d’agriculteur. Je suis agricultrice comme les hommes sont agriculteurs, il n’y a pas de question à se poser » , insiste cette mère de trois enfants. Joëlle se lance d’abord avec un troupeau de chèvres mais après dix ans, elle finit par les vendre pour se consacrer à l’engraissement de bovins avec son mari. « La solitude de chevrière me pesait. » Pas question cependant de perdre son indépendance. « C’était important de bien définir les tâches de chacun pour ne pas empiéter sur le domaine de l’autre. » Elle admet que cela n’a pas toujours été facile de travailler en couple « mais au moins, quand il y a un problème, on peut vraiment le partager » . « Ça vaut aussi quand on mène des projets avec succès » , se félicite l’agricultrice.

Elle estime d’ailleurs qu’une installation est « un projet de couple, même s’il n’y a qu’un des deux conjoints qui se consacre à l’exploitation » . Il faut dire que le métier d’agriculteur peut être parfois particulièrement prenant. « Quand on possède une ferme, on n’a pas d’horaires, on sait quand on commence mais jamais quand on termine » , explique ainsi Joëlle, se remémorant les repas de famille écourtés pour retourner auprès des bêtes. Des contraintes qui deviennent « plus compliquées à supporter en vieillissant » , reconnaît-elle. Pourtant, elle porte un regard positif sur son parcours. « On aimait notre travail, donc ça nous a beaucoup aidés à affronter les coups durs » , affirme Joëlle qui considère que « l’agriculteur qui n’aime pas son métier ne peut pas réussir » . Même à la retraite, Joëlle compte d’ailleurs garder un pied dans le milieu agricole. Depuis 2012, elle s’est en effet investie dans l’association Agriculteurs français et développement international (Afdi) qui intervient auprès d’agriculteurs africains et lui a permis de découvrir le Tchad. « Il faut transmettre et partager son expérience » , souligne la bénévole devenue présidente. « Cette fois-ci, c’est moi qui ai embarqué mon mari dans mon projet » , conclut l’agricultrice aux yeux rieurs.

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Angoumois et Nontronais

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