Agricultrices d'ici

Geneviève Perron-Dufraisse Production viande bovine

« Le travail se fait en équipe et en concertation »

Arrivée du Canada en 1987, Geneviève Perron Dufraisse aime les challenges. Elle apprécie de n’avoir « jamais été mise dans une case » . L’accent de Geneviève n’a rien d’occitan et pour cause : il vient comme elle du Nord-Ouest du Québec, bien loin des terres du Périgord vert où elle a suivi son mari. Fille d’un industriel forestier canadien, elle avait fait des études pour devenir ingénieur dans le bois... Elle ne les a jamais finies. « C’est l’amour qui m’a appelée , explique-t-elle. J’ai rencontré un Périgourdin alors installé au Québec et quand il est rentré dans son exploitation familiale en Dordogne, je l’ai rapidement rejoint. J’étais jeune... Je ne veux pas dire que je n’ai pas réfléchi – l’agriculture, la nature... ce n’était pas loin de la forêt – mais j’ai avant tout écouté mon cœur. J’ai quitté mon pays pour trouver une famille accueillante, qui a tout fait pour que je me sente bien. » Une licence d’anglais passée à la fac de Limoges et quelques remplacements dans l’enseignement n’ont pas convaincu Geneviève. Elle passe le brevet d’études professionnelles agricoles (BEPA) en 2000 et s’intègre à l’exploitation. « C’est important d’avoir son propre statut , affirme-t-elle. Je ne voulais pas n’être que “l’épouse de” et que l’on me mette dans une case. Cet ordre de pensée ne fait d’ailleurs pas partie de ma culture. »

Quelques années et quatre enfants plus tard, Geneviève ressemble autant à un chef d’entreprise qu’à une agricultrice. Ici, à Coutancie, on élève le fameux bœuf éponyme, dont la viande est appréciée des gourmets du monde entier. Environ 900 têtes de bétail, 300 hectares de maïs et la production de compost bio rythment les journées professionnelles de l’éleveuse franco-canadienne. « Je ne suis pas tous les jours avec les animaux... L’administration, la gestion, les rapports humains, la logistique, le contrôle qualité, l’étude des procédés techniques dans ces productions particulières et haut de gamme : le travail se fait en équipe et en concertation. J’aime cette diversité, partager, communiquer, participer aux brainstormings, échanger des expériences... et optimiser les rapports humains. Le vrai challenge est là. Pour le réussir, il faut être souple, à l’écoute, être polyvalente et prête à apprendre, s’informer et ne pas vivre en vase clos. » Et si Geneviève avoue avoir « la liberté de travailler beaucoup et avec plaisir » , elle apprécie aussi « la liberté d’organiser ses journées » . Après le piano, elle s’est mise au violon, pratique la natation et veille à prendre du recul. « Je marche énormément dans la propriété. Ça me vide (un peu !) la tête, moi qui ai toujours 50 000 choses auxquelles penser. » Et une énième en plus ? « Oui, pour encore nous diversifier, nous avons décidé avec mon mari de planter des châtaigniers... 200 pour commencer. »

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