Agricultrices d'ici

Valérie Bodin Pépinière viticole

Pas facile d’être une femme dans un univers principalement masculin. Valérie Bodin n’envisageait pourtant pas de laisser les pépinières de son arrière-grand-mère quitter la famille. Elle avait construit sa vie loin de sa Charente natale, à Lyon, mais un événement a bousculé ses projets. Lorsque son père a annoncé qu’il allait prendre sa retraite, Valérie, alors employée d’un institut biomédical, s’est lancée un nouveau défi : reprendre les pépinières Gergaud, fondées par son arrière-grand mère Dolores, en 1918. « Je représente la quatrième génération, je me suis dit que c’était dommage de ne pas essayer. » Avec son mari, ils décident tout d’abord de prendre une année sabbatique « pour se former auprès des autres salariés » avant d’envisager un déménagement définitif. « La première fois que mon mari est monté sur le tracteur, j’ai compris que ça marcherait » , se souvient elle. L’essai est transformé et l’installation provisoire devient pérenne. « Quand on a des origines et des racines très ancrées, on y revient forcément. Lorsque j’étais petite, la première chose que je faisais en rentrant de l’école, c’était de filer à l’atelier pour rejoindre ma maman » , raconte Valérie pourtant poussée par ses parents à « aller voir d’autres horizons » .

« Il faut être passionné pour pouvoir faire ce métier » , reconnaît la pépiniériste qui se félicite d’avoir gagné en qualité de vie, malgré quelques difficultés d’adaptation au départ. Valérie a rapidement tenu à améliorer les conditions de travail des autres femmes dans l’entreprise afin que les tâches soient « un peu moins physiques » . « Dès qu’on peut apporter des améliorations, on le fait » , souligne celle qui n’hésite pas à ouvrir les portes de ses pépinières pour faire découvrir son métier méconnu. Selon cette mère de deux enfants, « être une femme dans un métier viticole, ce n’est pas la meilleure place » . « C’est considéré comme un métier masculin » , renchérit-elle. « Il y a encore du travail pour faire changer les mentalités mais ça va finir par arriver » , conclut Valérie, optimiste.

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Cognaçais et Riberacois

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