Agricultrices d'ici

« Avec acharnement et volonté »

Fille de la terre, mère de famille et confrontée au drame du suicide de son mari, Sylvie Laborie a relevé tous les défis. Ceux du travail, de la pérennisation de l’exploitation… et de la vie. Elle a raconté son histoire avec force et émotion dans l’émission « Dans les yeux d’Olivier », diffusée sur les chaînes de France TV. « Il n’y pas de tabou sur le sujet : le suicide chez les agriculteurs est une réalité et il faut en parler » , avance-t-elle avec conviction. Si la vie de Sylvie a basculé le 2 juillet 2006, ce n’est qu’après des jours heureux. Fille d’agriculteurs et originaire de Nantit près de Thiviers, elle suit ses études jusqu’au BTSA technico-commercial en agroalimentaire qu’elle passe en Aveyron « pour voir du pays » . Quelques petits boulots à la coopérative agricole de Bergerac ou encore dans une banque précèdent sa rencontre avec Thierry, producteur de lait et de céréales, dont elle rejoint l’exploitation en tant que conjointe collaboratrice. Après la naissance de ses deux fils, Sylvie trouve un vrai statut en 2002 avec la création d’une Earl. Les années s’écoulent avec des moments de bonheur, dans l’exploitation et pendant les voyages du couple, « après les ensilages » . Avec des moments difficiles

aussi, le début de la crise du lait, la mise en conformité des bâtiments, trop de travail, trop de soucis, trop de pression administrative... Et le drame lorsque Thierry décide de mettre fin à ses jours. « Nous étions en plein travaux pour la mise aux normes et les foins n’étaient pas rentrés , se souvient Sylvie. Les voisins m’ont aidée. Et puis, la passion du métier, l’amour des animaux, l’acharnement et la volonté m’ont poussée à continuer. C’était un vrai défi ! » Présidente du syndicat départemental de race des prim’Holstein jusqu’en 2012, présidente de la Caisse locale du Crédit Agricole et engagée dans d’autres structures professionnelles, Sylvie met un point d’honneur à défendre la profession. « Mon mari serait content de voir ce qui a été réalisé : les bêtes primées en concours national, les 7 hectares de bois défrichés pour faire des prairies, les enfants qui viennent visiter la ferme et à qui nous parlons du métier... J’ai besoin de communiquer. Et puis la façon de travailler a changé, avec l’arrivée de l’ancien stagiaire en tant qu’associé : il y a moins de pression, je ne travaille qu’un week-end sur deux et j’ai plus de temps pour moi, pour faire de la randonnée à pied ou à vélo... Cela permet de décompresser. »

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