Agricultrices d'ici

Isabelle Rabreau-Galopin Production bovin viande

Après avoir surmonté les épisodes tragiques du début de son installation, Isabelle Rabreau Galopin goûte à nouveau au bonheur. « Autour de moi, les gens n’y croyaient pas trop... » Il faut dire que la vie n’a pas fait de cadeau à Isabelle, même si aujourd’hui elle est heureuse d’avoir retrouvé l’amour, la stabilité économique et professionnelle ainsi que la santé. Originaire de Cognac, la future agricultrice travaille dans un premier temps dans des centres de loisirs, puis dans un supermarché après avoir rencontré Frédéric, installé à Barbezieux-Saint Hilaire avec 180 veaux. Le couple veut voir plus grand et, surtout, trouver une maison avec des bâtiments d’élevage. En octobre 2000, la naissance de Manon et l’installation à Saint-Laurent, près de Montmoreau-Saint-Cybard, exaucent les vœux du couple. Mais à la fin de ce même mois, l’annonce du cancer de Frédéric sonne comme un séisme... Comme résonne encore son décès au cours de l’année suivante. Après avoir passé le brevet d’études professionnelles agricoles (BEPA) par correspondance, Isabelle gère l’exploitation seule

durant trois ans et investit pour élever 360 veaux. Ces investissements sont synonymes d’emprunt sur douze ans... L’éleveuse est toujours dans la tempête : des problèmes de dos l’incitent à prendre des ouvriers d’un centre de travail pour adultes handicapés, la sécheresse calamiteuse de 2006 l’oblige à arrêter l’exploitation de ses 32 hectares de terre. La roue tourne enfin en 2009. Isabelle rencontre Patrick (ils se sont mariés à l’été 2017 ; elle reste chef de l’exploitation et il en est salarié), puis arrive la fin des emprunts, mais elle déclare à son tour un cancer. « Une fois la rémission annoncée, c’était le bout du tunnel , apprécie-t-elle. Les bâtiments étaient aux normes et nous avions fait le choix de les mécaniser pour enlever de la pénibilité au travail. On garde les veaux de cinq à six mois et, avec un vide sanitaire de deux mois, nous nous préservons du temps libre. Maintenant, je peux profiter. » Un bonheur serein dans l’élevage comme à la maison, qu’Isabelle partage avec des adultes handicapés. « Nous sommes famille d’accueil depuis que Manon a 9 ou 10 ans ; nous nous sentons utiles » , conclut-elle avec humilité.

Agricultrices d’ici

71

Made with FlippingBook flipbook maker