Agricultrices d'ici

Muriel Landat-Pradeaux Viticulture bergerac

« Réinventer nos missions et être des paysans modernes »

Gestionnaire et novatrice, Muriel Landat-Pradeaux mise sur la qualité, le bio et la communication. Parce que « le vin, c’est du partage... »

Être fille de vigneron n’implique pas de devenir vigneronne. « Je n’avais jamais pensé à revenir à la propriété , confirme Muriel. J’étais ingénieur qualité et environnement et je travaillais depuis dix ans dans l’industrie du meuble lorsqu’en 2000, un incendie est venu tout bouleverser. Mon père et mon oncle préparent alors la reconstruction... Mais jusqu’à quand ? Pour aller jusqu’à la retraite ou pour pérenniser un bel outil ? Dans la génération suivante, il n’y a pas de volontaires. Surtout pas moi ! Mais, petit à petit, l’idée a fait son chemin et je suis retournée sur les bancs de l’école, à Bordeaux, pour passer un master gestion de domaine viticole. » Salariée dans un premier temps, Muriel s’installe officiellement en 2016, en tant que cogérante de la Sarl au départ à la retraite de son père. « En conservant une petite activité de consultante et formatrice en qualité environnementale à Bordeaux Sciences Agro , précise t-elle. C’est chronophage mais transmettre est une passion... Petite, je voulais être institutrice... J’ai pour ainsi dire complètement appris le métier. J’en connaissais les responsabilités mais je n’en mesurais pas le stress. Là, j’ai appris à gérer le fait que nous ne sommes pas les seuls maîtres du jeu, qu’il faut compter avec la nature. D’ailleurs, je travaille toujours sur la

transmission. » Très dynamique et inscrite dans le futur, Muriel s’est plutôt engagée dans les compartiments qu’elle maîtrise, en s’attachant à explorer des idées nouvelles. La vente directe était déjà en place, elle l’a développée avec l’œnotourisme : à l’été 2017, elle proposait même aux visiteurs de parcourir les vignes en gyropode ! Mais si elle reconnaît être plus gestionnaire que vigneronne, Muriel veut que le vin du domaine de Siorac respecte un cahier des charges exigeant et a même fait le pari risqué de la conversion. « Nous sommes en bio depuis 2017 et nous avons été certifiés Haute valeur environnementale (HVE) dès l’année suivante. Cela aura été un gros travail de réorganisation mais je ne regrette rien. Cette démarche est importante pour la santé de nos salariés et elle répond à l’attente de nos clients en cultivant des valeurs de paysans modernes. » Membre du comité d’administration des Vignerons indépendants et de SO Femme & Vin, la viticultrice apprécie le travail collectif, mené entre autres par les groupements d’employeurs et les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma). « C’est très enrichissant, on apprend beaucoup des uns et des autres (surtout des autres en ce qui me concerne) ; là, comme dans le vin, il y a forcément du partage. »

84

Bergeracois et Sarladais

Made with FlippingBook flipbook maker